Depuis les évènements de 1989, sous le régime de Mâaouiya Ould Sid’Ahmed Taya, la cohabitation communautaire a pris un sérieux coup de frein en Mauritanie. Les conséquences de cet épisode dans l’histoire et la vie de la nation mauritanienne n’ont pas ménagé les mauritaniens, la paix civile, la stabilité sociale et l’unité du pays.
Vingt ans après, la Mauritanie est toujours sous les eaux de la délimitation, de l’incertitude et de la condamnation. Mais, aujourd’hui, la jeunesse mauritanienne semble ne plus vouloir continuer à porter ce lord héritage et montre qu’elle n’est pas insensible aux questions identitaires.
Cette jeunesse veut s’affirmer, mener le combat contre le fossé qui existe aujourd’hui entre les différentes communautés de la Mauritanie, recoller les fissures du mûr, inciter au retour à la réconciliation nationale et refuser tout conformisme et repli identitaire qui ont grippé la machine de la cohabitation communautaire. Et, pour réussir le pari, elle a choisi l’expression théâtrale.
Cette semaine est celle du Festival National du Théâtre Scolaire qui a eu lieu du 19 au 26 janvier 2011. Ce 24 janvier, à l’ancienne maison des jeunes de Nouakchott, les élèves du lycée de Sebkha ont fait leur apparition sur les planches.
Mis en scène par Daouda Kane, leur spectacle restitue la difficile cohabitation, à travers les déboires de ménage d’un jeune, qui existe aujourd’hui en Mauritanie entre les communautés et dégage une piste de réflexion : la nécessité de vivre ensemble et parler ou de maîtriser toutes les langues nationales du pays.
Un jouissif spectacle où Daouda Kane présente et met en scène une problématique plus qu’actuelle interprétée par des élèves du lycée de Sebkha qui compétit pour le prix du meilleur spectacle au Festival National de Théâtre Scolaire.
Le spectacle met en lumière Dia Ogo un jeune qui veut enterrer sa vie de célibataire. Il décide alors de se marier. D’abord à une Peule. C’est la désillusion aussitôt. Puis, ce jeune qui parle à merveille toutes les langues nationales du pays comme il en existe rarement se remarie tour à tour et sans succès avec une Wolof, une Mauresse et enfin avec une Soninké. Mais, le destin, comme il sait souvent le faire, fait croiser son chemin à celui d’une épouse parfaite. Ce spectacle, qui est un véritable hymne à l’ouverture, à l’amour et au métissage, revendique une Mauritanie qui assume sa diversité et sa richesse culturelle.
"Les élèves du lycée de Sebkha ont fait une belle prestation. La pertinence de leur sujet m’a beaucoup impressionnée. A travers ce spectacle, toutes les communautés de la Mauritanie ont été représentées. Nous sommes très fiers de nos élèves qui ont d’énormes efforts. On sent la nécessité de parler toutes les langues nationales", confie Ndiaye Samba Souleymane, surveillant général au lycée de Sebkha, à la fin du spectacle.
Babacar Baye Ndiaye pour Cridem