Originaire de la ville de Rosso en Mauritanie, où il est né, en 1984, Ousmane Kane alias Crazy Problème a très tôt su qu’il avait le rap inscrit dans ses gênes.
C’est le rap qui l’aidera à se reconstituer, à trouver son orientation en lui offrant ce qu’il cherchait : chambouler les esprits. C’est encore le rap qui lui a permis de découvrir qui il était, d’explorer sa capacité artistique et vocale.
L’Odyssée musicale de Crazy Problème a commencé en 2004, à Rosso. A cette époque, la scène artistique de cette ville est peu enchanteresse et excitante. Il se tourne alors vers le Sénégal et décide de s’installer à Dagana. Il tient tête aux rappeurs de la place jusqu’à ce qu’il fonde "Soldarou Hip Hop". Mais, l’impasse sera évidente.
Puis, il revient à sa ville natale, Rosso et y fourbit ses nouvelles armes. Il tisse des duos éphémères avec Chowdiz Ada, Doumen, K-Men. Les défections s’enchaînent dans son collectif "Yeukeuti Deug Danel Fène" mais, lui, il refuse de tomber entre les mains de la contrariété. Depuis 2010, avec Cheikh Bâ alias Chico fils de Waraba, par ailleurs un compagnon d’enfance, il semble trouver le bon get backer.
Le 3e finaliste du Concours Assalamalekoum Découverte a très tôt arrêté l’école à cause, explique-t-il, du virus du rap. "A l’école, j’étais un grand perturbateur, se souvient-il. Je semais la zizanie tout le temps en classe. Je me bagarrais sans cesse. J’étais un élément incontrôlable". Au bord du ras-le-bol, sa mère se trouve obligé de l’envoyer à des kilomètres de Rosso pour y apprendre le métier de conducteur de gros engins.
Là, pour combler les heures perdues de la journée, il fredonnait, en guise de réconfort moral, dans une atmosphère nostalgique, des airs de Dara-J, du rappeur rossossois Jo-Kéita, de Keur-gui Possee de Rosso, imitait le rap de Méthod Man qu’il admire beaucoup.
Le mardi 17 et le jeudi 19 mai, Crazy Problème a subjugué le public et notamment le jury qui a découvert son rap et ses textes engagés évoquant les tares de la société, les difficultés de la vie, les problèmes sociaux…"Le rap est une violence qui a de la vertu. Certes, il peut déranger, choquer, heurter. Mais, personnellement, le rap m’a illuminé. Grâce à lui, je me suis extirpé des voix tortueuses de la vie", confie-t-il.
Alors qu’il est à l’intérieur du pays, il a écho du Concours Assalamalekoum Découverte. Crazy Problème ne se fait pas prier. Il saute sur l’occasion, après avoir décroché une salve de bénédictions de sa mère. Pour lui, le fait de participer à ce concours est déjà comme une cerise sur le gâteau. "Cela m’a permis de connaître l’Institut Français de Mauritanie (IFM), dit-il. Cela fait plaisir de jouer dans ce lieu, où de grands rappeurs comme Tunisiano, La Fouine, Dj Awadi ont joué, micro à la main, devant un public enthousiaste. Rien qu’en y pensant, je jubile."
Depuis qu’il s’est qualifié pour la finale du Concours Assalamalekoum Découverte, Crazy Problème a subitement pris conscience de son nouveau statut dans le rap mauritanien. Aujourd’hui, on parle de lui. Signe qu’il n’y a pas de lignes infranchissables. Et comme Monza, Waraba dont il rêve de suivre les traces, Crazy Problème veut écumer, aujourd’hui, les scènes de Nouakchott et celles de l’intérieur de la Mauritanie, en attendant de s’imposer à l’échelle africaine et mondiale.
Babacar Baye Ndiaye dit leducdejoal