Depuis le 19 janvier 2011, le Festival National de Théâtre Scolaire bat son plein. Toutes les après-midi, la salle de spectacles de l’ancienne maison des jeunes de Nouakchott est prise d’assaut par une nuée d’écoliers, de collégiens et de lycéens venus des 9 moughataas de Nouakchott pour supporter les jeunes comédiens de leurs établissements.
Dans les loges, le metteur en scène et directeur technique de la 1re édition du Festival National de Théâtre Scolaire Taki Ould Abdel Haye et ses collègues de la commission supérieure chargée de l’organisation de ce festival se prélassent, après avoir tenu une réunion à huis clos.
Ils dégagent un optimisme béat et semblent heureux que le théâtre revienne en force sur les planches. "Le théâtre en Mauritanie, il est toujours en régression. Il n’y a pas un rythme graduel. Nous avons décidé de partir à nouveau sur des bases solides pour fonder un théâtre à l’image du reste du monde", explique Taki Ould Abdel Haye.
Outre son caractère compétitif, le Festival National de Théâtre Scolaire a un côté pédagogique qui est celui d’"encadrer et de mettre sur les rails" les jeunes pour les éloigner de l’atmosphère plombée de la délinquance juvénile, de l’intégrisme, du désespoir. "Ce fut de véritables moments de joie, de gaieté, d’échanges entre les jeunes", déclare Taki Ould Abdel Haye.
La commission supérieure chargée de l’organisation du Festival National de Théâtre Scolaire ne compte pas s’arrêter là. Elle envisage, dorénavant, de créer, chaque année, des journées théâtrales dans la ville de Nouakchott. L’objectif : regrouper tous les amateurs de théâtre, les encadrer, les former en vue de créer une troupe nationale de théâtre en Mauritanie.
La 1re édition du Festival National de Théâtre Scolaire a suscité une certaine ferveur et un engouement auprès du public mais aussi permis de découvrir un échantillon de talents. Pour Bouna Ould Maeda, le président de l’Union des Comédiens de Mauritanie, le niveau est déjà encourageant.
"Nous avons pu découvrir des talents lors des spectacles. Cela nous donne de l’espoir qu’il peut y avoir une relève. Nous avons vu des spectacles de très haute facture. On a été surpris par les spectacles qui ont été amusants. Les élèves sont sortis du cadre du brouhaha qu’on a l’habitude de voir. L’espoir que nous avons sur cette compétition, nous sommes en train de le voir", confie Bouna Ould Maeda, président de l’Union des Comédiens de Mauritanie.
La 1re édition du Festival National de Théâtre Scolaire a pris fin ce 26 janvier, à l’après-midi, à l’ancienne maison des jeunes de Nouakchott. Ainsi, le prix du meilleur comédien a été remporté par Khalidou Abdallahi Sow du lycée de Sebkha, le prix de la meilleure comédienne par Jémila Mint Mohamed Ahmed du Collège des Jeunes Filles de Nouakchott, le prix du meilleur texte par le Lycée de Tévragh-Zéina, le prix du meilleur spectacle par le Lycée d’Arafat II et enfin le prix de la meilleure mise en scène, scénographie et costumes par Wane Souleymane du Lycée d’El Mina.
La commission supérieure chargée de l’organisation du Festival National du Théâtre Scolaire n’a pas voulu jouer aux policiers pour éviter de bloquer la créativité des élèves. Néanmoins, "nous avons veillé à ce qu’il n’y ait pas, dans la préparation de l’écriture des textes, de contradiction avec la morale et les valeurs islamiques", a précisé Taki Ould Abdel Haye.
Babacar Baye Ndiaye pour Cridem