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3 juillet 2012 2 03 /07 /juillet /2012 22:34

Yero-Abdoulaye-Sow.JPG

Il a décidé de sortir des frontières de son pays, la Mauritanie, en se présentant au concours Couleurs Talent de Radio France Internationale (RFI). Une participation qui lui a bien souri puisqu’il fait partie des huit finalistes retenus. L’occasion pour nous de revenir en portrait sur la carrière de cette voix protestataire et engagée du rap mauritanien.

Né en 1985 à Nouakchott, Yéro a grandi à Bababé, dans le sud de la Mauritanie, où il a passé une bonne partie de son adolescence avant de revenir dans la capitale où il vit désormais son statut de rappeur. Entre deux allers-retours dans une conversation, il aime souvent rappeler qu’il est un produit de "ces mutations entrainées par l’exode rural", pour expliquer tout le mal qu’il avait à s’intégrer dans le tissu social à Nouakchott. Mais, très vite, il s’est fait un nom, d’abord au lycée puis à l’Université de Nouakchott.

Contre vents et marées

En 1997, en vacances au Sénégal, il assiste à des concerts de Positive Black Soul et Daara-J Family. Walkman à la main, écouteurs aux oreilles, le jeune Yéro se rassasiait de ces très réputés groupes de rap sénégalais. Entre 2004 et 2005, à l’Université de Nouakchott, il commence à écrire ses premiers textes. Plus tard, il rejoint Omzo, Chico, Paco et Adzo qui ont formé Minen Tèye Clan. Après les départs de Chico, de Paco et d’Adzo, lui et Omzo créent Minen Tèye.

A l’Université de Nouakchott ou dans les quartiers populaires comme Basra et Sebkha, le collectif s’impose très vite. Leur rap engagé fait mouche. L’esprit de refus qui anime les membres de Minen Tèye court dans tout Nouakchott. En 2009, ils signent leur premier album, Moro-itanie. Mais, entre temps, lui qui rêvait d’être avocat quitte l’Université. On aurait pu le retrouver au Palais de Justice. Mais, aujourd’hui, il mène la lutte sur le terrain de la musique, du rap particulièrement.

"Je suis toujours dans la même logique. Avec le micro, on arrive à dire tout haut ce que l’on murmure, à défendre le peuple, à aller dans les coins les plus reculés, voir ce qui s’y passe pour en parler", indique Yéro. Résultat, il est sur tous les fronts notamment celui de la reconnaissance du rap mauritanien en tant que culture à part entière. Avec son acolyte de scène Omzo, il met en place la Mauritanian Urban Music (Actimum).

En 2010, il crée à Bababé Wélooti Festival qui se prépare déjà à sa troisième édition. L’idée, c’est de "réunir toute la jeunesse rurale", "donner la chance aux artistes locaux de se produire", "préserver le patrimoine culturel historique qui manque de reconnaissance", "permettre à la population locale qui n’a pas accès aux NTIC de voir de grands artistes qu’elle ne voit qu’à travers la télévision", "promouvoir l’artisanat local en permettant aux acteurs d’exposer leur savoir-faire".

"Wéelooti Festival, c’est une concrétisation d’une décentralisation", dit-il. Le 25 juin dernier, Yéro a reçu du Festival Assalamalekoum 2012 le "Prix création premier festival à Bababé" pour Wélooti Festival.

Wéeti

Dans le sillage du recensement décrété par le gouvernement mauritanien, Yéro a développé une conscience de militant des droits de l’Homme. Désormais, ce qu’il dit dans ses textes, il le pratique sur le terrain. Eternel militant de la liberté, il compose Wéeti. "Ecoute les pleurs de ce peuple noir oublié entre le Maroc et le Sénégal/Un peuple Noir Africain fier mais victime", chante-t-il dans l’introduction du morceau.

Cette chanson lui a valu d’être retenu parmi les finalistes de Couleurs Talent RFI 2012. Elle est un rempart contre "cette fausse image de la Mauritanie qui est projetée à l’étranger". "La communauté internationale doit savoir qu’il y’a en Mauritanie un peuple oublié qui est là, qui est mis à l’écart. Ce qui se passe en Mauritanie, c’est une hémorragie interne, c’est une bombe à retardement et il faut qu’on en parle", prévient Yéro qui est aujourd’hui le chargé de la communication du Mouvement "Touche pas à ma nationalité" dirigé par Abdoul Birane Wane.

On retrouve cette rage dans cette chanson qui a été envoyée par un ami pour concourir à Couleurs Talent de RFI parrainé par le reggaeman ivoirien Tiken Jah Facoly. Le message a aussitôt séduit Ephrem Youkpo, producteur et animateur de Couleurs Tropicales sur RFI. Avec cette participation qui a été un véritable tuyau de communication pour lui, Yéro Abdoulaye Sow surfe déjà sur un air d’apothéose.

Babacar Baye Ndiaye

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