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14 juin 2010 1 14 /06 /juin /2010 19:46

 

La première édition du Festival d’Art Plastique qui a pour vocation de "vulgariser l’art plastique en Mauritanie" se déroulera du 22 juin au 15 juillet 2010 à Nouakchott. Cet évènement est porté par "m-art" qui est un collectif de jeunes plasticiens mauritaniens.

 

Les organisateurs espèrent ainsi, à travers cette première édition entièrement financée par la coopération espagnole, créer un espace de rencontre, d’échange, de communication et de formation dans le domaine de l’art plastique avec une exposition collective finale. Aussi, ils ambitionnent de créer des réseaux de contacts au niveau national et international mais surtout sensibiliser la société mauritanienne sur l’art plastique en commençant par les écoles.

 

A cet effet, ils comptent s’appuyer dans un premier temps sur les élèves qui seront formés sur l’art et le rôle de la culture plastique dans la création de l’identité des peuples. Ainsi, le programme de la 1ière édition du Festival d’Art Plastique prévoit des ateliers "Libre Art" à l’Ecole Coumbaly, à l’Espace Diadié Tabara Camara, à l’Ecole et la Vie et au Musée National de Nouakchott ainsi qu’une exposition collective dans cet espace.

 

Les initiateurs du Festival d’Art Plastique entendent mettre ensemble leurs forces, leurs expériences et leurs connaissances pour donner vie à ce nouveau projet pour le développement et la promotion de l’art plastique mauritanien au niveau national et international tout en s’inspirant de l’héritage et du travail de leurs prédécesseurs comme entre autres Mokhis, Mamadou Anne, Hamed, Mohameden Ould Meyne, Sidi Yahya ou Oumar Rajel.

 

L’évènement durera trois semaines et sera marqué par la formation de l’équipe de travail, la fourniture des matériaux et préparation des activités, la réalisation des ateliers dans les écoles et enfin la présentation et exposition des travaux. Cette première édition du Festival d’Art Plastique a comme partenaires l’ambassade d’Espagne à Nouakchott, la Maison des cinéastes et l’Office national des musées de Nouakchott.

 

Babacar Baye NDIAYE

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12 juin 2010 6 12 /06 /juin /2010 20:02

Hajjar-SyDu 8 au 24 juin 2010, Mona Hajjar et Fatou Sy exposent leurs œuvres au Musée National de Nouakchott. L’une est d’origine libanaise et l’autre sénégalaise. Toutes les deux n’en sont pas à leur première exposition en Mauritanie. Fatou Sy a déjà exposé au Centre Culturel Français Antoine Saint-Exupéry de Nouakchott à deux reprises en 2004 et 2005. Et, pour Mona Hajjar, c’est la deuxième fois que cette mauritanienne de cœur expose au musée national de Nouakchott. 

 

Mona Hajjar vit en Mauritanie depuis 25 ans et est pharmacienne de formation. "Mais, j’ai toujours aimé la peinture. Depuis quelques années, j’ai arrêté de travailler. Je peins essentiellement. La plupart du temps, je le passe à peindre. C’est un vrai plaisir de pouvoir exposer au musée national. Il y’a beaucoup de gens qui passent et cela permet une large ouverture. Cela permet également à tout le monde de pouvoir voir mes œuvres", dit-elle avec un brin de sourire.

 

Ses toiles vous invitent à découvrir l’empreinte intemporelle de la culture mauritanienne à travers la monotonie d’un urbanisme monochrome, le ballet doré de charrettes et d’ânes attelés dociles sous le bâton levé et les pieds balancés des charretiers, les marchés ambulants de moutons apeurés avant la fête, objets d’âpres négociations, l’animation bariolée autour des pirogues dans les reflets miroitants de l’océan, l’ambiance tamisée autour du thé à l’ombre de la khaima et enfin la chorégraphie de pieds, tantôt bijoux sous la fluidité des voiles, tantôt en marche dans la lumière réfléchie du sable brûlant.

 

"Je reste fascinée par les traces de ces pas nomades et la luminosité de ces scènes de vie, mémoire d’un passé nomade. La Mauritanie est un pays fascinant. Tout en Mauritanie me fascine. Je suis très heureuse de vivre ici. Toute mon œuvre montre combien je suis heureuse ", explique Mona Hajjar.

 

Au fur et à mesure que l’on promène son regard sur ses œuvres, on découvre des couleurs gaies et apaisantes qui montrent toute l’admiration qu’elle porte sur son environnement. Dans les tableaux de Mona Hajjar, on y retrouve toute la Mauritanie : la mer, les charrettes, le marché au bétail, le marché du 5ième arrondissement, la mosquée marocaine mais aussi les pieds de ces hommes et de ces femmes qui s’en vont dans le désert. "On a l’impression de se promener dans la ville de Nouakchott", confie un visiteur.

 

Le regard du visiteur est irrésistiblement attiré aussi par les poteries de Fatou Sy qui vit en Mauritanie depuis neuf ans et est l’épouse de l’actuel ambassadeur du Sénégal en Mauritanie. Cette fois-ci, elle nous invite à découvrir les poteries de son Podor natal. "Les poteries viennent de Podor où je suis originaire. Elles sont fabriquées par les femmes de cette ville. Moi, j’interviens là-dessus : je les travaille et mets de la peinture. Cette fois-ci, j’ai travaillé avec les voiles et j’applique aussi les bois Baoulé".

 

Dans un discours qu’il a prononcé, Kane Hadya Mamadou, directeur général de l’Office National des Musées, a rappelé que le musée national a pour mission de protéger, valoriser et mettre à la disposition du public notre culture, notre art et notre patrimoine. "Je ne pourrais pas citer tous les avantages de la culture, a-t-il dit. Je dirai tout simplement qu’elle est un élément indispensable à la qualité de vie, qu’elle est un levier de développement économique et social et qu’elle doit être accessible à tous en tous points du territoire."

 

Le directeur général de l’Office National des Musées a profité de cette occasion pour demander à nos maires, hommes et femmes industriels, aux directeurs des grandes sociétés, aux directeurs des banques de créer des musés spécialisés sur leurs domaines d’activités pour rehausser le niveau intellectuel et le bien-être de nos populations, créer l’esprit de mécénat, créer des industries respectueuses de l’environnement et protéger notre patrimoine urbain et rural.

 

Babacar Baye NDIAYE

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9 juin 2010 3 09 /06 /juin /2010 21:30

23Ce 7 juin 2009, dans le hall du siège central de la Banque Nationale de Mauritanie (BNM), 47 tableaux sont accrochés un peu partout aux murs. Leur contact vous subjugue et vous procure un émerveillement viscéral. L’ambiance est inhabituelle et le décor somptueux et inédit. On se tapote, se donne des accolades, admire les tableaux en sirotant ou croquant des amuse-gueule, se serre les poignets, improvise un sourire, échange des propos ou des salamalecs…

 

L’atmosphère est détendue et les visages radieux. Dans ce méli-mélo, on y côtoie, des VIP, des hommes politiques, des artistes, des diplomates, des hommes d’affaires. Subitement, une voix s’élève entre les échos du hall pour annoncer le début de l’exposition de Khadijétou Mint Ismaël et Mansour Kébé placée sous le thème "L’art au service du développement" qui traduit là une volonté de la part de la Banque Nationale de Mauritanie (BNM) de donner un coup de pouce aux arts plastiques et aux artistes.

 

Mansour Kébé, dans une voix chevrotante, lit un discours dans lequel, lui et Khadijétou Mint Ismaël, dresse des lauriers à Mohamed Ould Noueigued, président de la Banque Nationale de Mauritanie (BNM) pour son soutien, ses conseils et surtout pour avoir accepté avec enthousiasme de recevoir cette exposition d’Art dans le hall de sa banque.

 

2-4A leurs yeux, le président de la BNM, en suscitant cette rencontre entre les artistes et le mécénat, souhaite non seulement conserver et faire connaitre notre patrimoine culturel, mais aussi permettre à l’Art mauritanien de se hisser dans le concert du monde de l’art contemporain.

 

Khadijétou Mint Ismaël et Mansour Kébé espèrent qu’avec la présence de cette grande banque nationale et celle des pouvoirs publics à cette première manifestation dans ce lieu de rencontre et d’échange, on peut maintenant parler de la renaissance de la culture mauritanienne qui permettra assurément par son originalité et sa richesse d’entrainer un véritable rayonnement culturel de notre pays à travers le monde.

 

Un tel discours n’a pas manqué d’émouvoir l’homme d’affaires Mohamed Ould Noueigued qui a précisé que cette exposition vise avant tout à encourager les artistes-peintres qui ont dû mal souvent à vendre leurs œuvres jusque-là méconnues des masses populaires. "A travers ce vernissage, nous voulons encourager la créativité et l’innovation", a-t-il indiqué.

 

3-3Les commentaires sont unanimes. Et, pour de nombreux invités, cette exposition est, à n’en pas douter, un nouveau virage dans la promotion des arts plastiques en Mauritanie. "Je considère que ce vernissage est une manifestation peu banale et très importante. Ce n’est pas la première fois qu’il y’ait une exposition d’arts plastiques en Mauritanie. Mais, c’est la première fois qu’un homme d’affaires mauritanien apporte son soutien, son encouragement à des créateurs. Cela est un évènement extrêmement encourageant pour ces derniers", a déclaré Marième Daddah, présidente de la fondation Moctar Ould Daddah.

 

Elle poursuit : "Je connais Khadijétou Mint Ismaël. Je l’ai aidée dans ses premiers pas. Il y’a maintenant 4 voire 5 ans. Et ses premières expositions, elle les a faites, encore balbutiantes, à la fondation à l’ancien siège. Je l’ai poussée. Elle ne voulait pas. Elle était encore timide. Elle a acquis aujourd’hui de l’assurance. Mansour Kébé, je le connais aussi. On a travaillé ensemble. C’est un peintre déjà affirmé et tout à fait, comme on dit familièrement, dans ses bottes".

Le directeur général de l’Office National des Musées, Kane Hadya Mamadou, ne s’est pas privé, lui, de jeter un regard critique sur les tableaux de Khadijétou Mint Ismaël et de Mansour Kébé pour en souligner la nécessité de sortir des sentiers battus.

 

Khadijetou Mint Ismael Mansour Kebe"Je crois qu’il manque un peu d’évolution. Je connais les deux artistes depuis 2 ou 3 ans. Mais, il n’y a pas eu vraiment de changement. Or, l’art a besoin de changement. Ce sont les mêmes thématiques et le même style. J’ai remarqué, par contre, deux tableaux de Mansour Kébé avec un changement au niveau des couleurs noire et claire alors que sa couleur préférée était le bleu", dit-il en attribuant cette situation à l’absence de critiques d’art.

 

"L’art, c’est comme la littérature", précise-t-il. Sous-entendu. "S’il n’y a pas de critique, il n’avance pas. On n’a pas de spécialistes en art pour pouvoir faire des critiques et des journalistes spécialisés en culture qui peuvent critiquer aussi ce que font les artistes-peintres. Khadijétou Mint Ismaël et Mansour Kébé sont deux artistes très connus qui font un excellent travail".

 

Babacar Baye NDIAYE

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7 juin 2010 1 07 /06 /juin /2010 19:27

L’une s’appelle Antoinette Charlot et l’autre Marie Salesse. Elles sont toutes deux passionnées d’art et de culture. Elles sont les fondatrices de la galerie d’art "Sinaa". Elles ont décidé, à leur manière, de participer à la promotion des objets d’art mauritaniens. "On avait envie toutes les deux de créer un lieu culturel à Nouakchott", se rappelle Antoinette Charlot. Du coup, elles vont matérialiser leur projet surtout qu’à cette époque où elles murissaient leur rêve, il n’y avait pas de galeries d’art à Nouakchott.

 

La galerie "Sinaa" est la première galerie d’art créée à Nouakchott. Et, aujourd’hui, non seulement la galerie "Sinaa" est un lieu convivial mais c’est aussi un lieu où l’on pourrait venir découvrir des artistes résidant en Mauritanie. Cette idée semble tomber à pic. "Il y a peu d’endroits pareils à Nouakchott", note Marie Salesse.

 

Elles sont toutes deux enseignantes. "Par le biais professionnel, on s’est rencontrées et puis on a eu un désir commun de créer cet endroit, ce lieu de rencontres et aussi de promotion de l’artisanat mauritanien", explique Antoinette Charlot.

 

La galerie "Sinaa" organise régulièrement des expositions sur la peinture, la sculpture ou la photographie dans le but de promouvoir des artistes mauritaniens. En collaboration aussi avec des artisans mauritaniens, des objets d’art y sont exposés."Ils laissent leurs objets en dépôt, moyennant un petit pourcentage pour faire fonctionner la galerie. On vend ces produits pour eux. En échange aussi, on a une exigence de qualité, de finition", renseigne Marie Salesse.

 

Ici, le client est mis à l’aise et se sentirait presque comme chez lui. Tout est réalisé pour faire plaisir aux visiteurs. Dans un décor presque douillet, vous vous croirez au milieu des étoiles. Rien n’est négligé ! Même le choix des artistes. Là-dessus, la rigueur est de mise pour marquer les esprits et attirer une clientèle de plus en plus exigeante. "On essaie d’avoir une certaine exigence de qualité, sur la technique. Il faut un minimum d’ancienneté et un certain nombre de tableaux qui composent un ensemble qu’on peut exposer", souligne Marie Salesse.

 

"Il y a de bons artisans qui ont vraiment le sens de la rigueur et un savoir-faire qui correspondent parfaitement à nos exigences. Il y a aussi beaucoup de personnes qui viennent nous voir dans un but d’exposer leurs objets d’art. Mais, nous ne pouvons pas accepter leur demande si cela ne correspond pas à ce qu’on désire exposer", rajoute Antoine Charlot.

 

Toutefois, tout n’est pas rose non plus. "C’est parfois un peu difficile", avoue Antoinette Charlot qui déplore l’absence de moyens. "Les artistes se forment comme ils veulent et comme ils peuvent. Ce n’est pas toujours facile, non plus pour eux. Il n’y a pas assez d’artistes formés par exemple dans le domaine de la peinture en Mauritanie. On tourne vite en rond", explique Antoinette Charlot. D’ailleurs, elles comptent inclure dans leur programme l’organisation de défilés de mode, en plus des journées-dégustation, pour donner un peu de vie et de saveur à leur galerie.

 

Les mauritaniens ne sont pas accros aux objets. D’ailleurs, l’essentiel de la clientèle de la galerie "Sinaa" est composée d’étrangers résidant en Mauritanie. "On a beaucoup de mal à attirer la population mauritanienne. On a conscience que les mauritaniens ont plus du mal à gérer leur temps que de venir à un vernissage qui est arrêté dans le temps", dit Marie Salesse."Il y a aussi un problème de moyens. Ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir acheter certains objets d’art qui ont été longuement travaillés et qui méritent un certain coût", renchérit Antoinette Charlot.

 

Aujourd’hui, Marie Salesse et Antoinette Charlot se délectent d’avoir participé à l’éclosion de certains artisans mauritaniens qui viennent souvent exposer leurs objets d’art dans leur galerie, devenue une référence dans le domaine de la promotion de l’artisanat mauritanien. Rien ne semble se dresser sur leur chemin. Même la concurrence ne les ébranle pas. "On est très heureuses de savoir que des galeries se développent à Nouakchott. On n’a pas peur de la concurrence. Nous, nous faisons avant tout ce qui nous plaît", affirme Antoinette Charlot avec beaucoup de gaité de cœur.

 

"Ce n’est pas encore un domaine [les galeries d’art] très lucratif en Mauritanie. Ce n’est pas donc une véritable concurrence économique. Si on pense gagner de l’argent, ce n’est pas le bon créneau", prévient Marie Salesse.

 

Pour autant, malgré les multiples difficultés, l’aventure de la galerie "Sinaa" a permis à ces deux fondatrices de s’enraciner dans la société mauritanienne. "Economiquement, on ne peut pas dire qu’on a eu des bénéfices qui ont augmenté. Mais, par contre, d’un point de vue humain, je suis enchantée parce qu’on a rencontré des artistes dans tous les domaines, même nouer des relations beaucoup plus fortes et les gens continuent à passer. On s’est créé un véritable réseau humain beaucoup plus intéressant que ce qu’on aurait pu gagner financièrement", raconte Marie Salesse.

 

Babacar Baye Ndiaye

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3 juin 2010 4 03 /06 /juin /2010 00:23

 

Odette.jpgLundi 31 mai, à l’après-midi, les amis d’Odette au nombre de 13 ont organisé, à l’Alliance franco-mauritanienne (Afm) de Nouakchott une exposition consacrée à Odette Puigaudeau et dont l’objectif est de faire connaître cette française qui voyageait sur son chameau avec un fusil comme un guerrier à travers toute la Mauritanie et qui a fait savoir en outre les us et les coutumes de la communauté maure.

 

Si, aujourd’hui, de plus en plus, de mauritaniens portent tant d’intérêt et d’admiration aux écrits d’Odette Puigaudeau, c’est parce qu’ils leur parlent en les projetant dans leurs us et leurs coutumes. Comme Meimouna Mint Saleck, beaucoup de mauritaniens ont découvert Odette Puigaudeau en lisant ses publications sur la Mauritanie.

 

"Quand, en 2001, j’ai voulu organiser un festival de la coiffure traditionnelle mauritanienne, j’avais besoin de références savantes (dessins, écrits…) sur les coiffures mauritaniennes. A force de faire des recherches, j’ai trouvé Arts et coutumes chez les Maures. En lisant cet ouvrage, j’ai découvert la culture de mon pays et ai appris beaucoup de choses. Lorsqu’on m’a sollicité, au niveau du musée national, pour faire une communication sur l’esthétique de la femme mauritanienne, j’ai utilisé ce livre. J’ai utilisé cet ouvrage, quand on m’a demandé de faire une communication sur la société maure et ses traditions", déclare Meimouna Mint Saleck, une inconditionnelle d’Odette Puigaudeau.

 

Odette Puigaudeau est aujourd’hui considérée comme un capital commun entre la France et la Mauritanie. Presque vingt ans après son décès à Rabat, elle continue à assouvir, de par ses écrits, ceux qui sont à la quête du lointain.

 

"Je tiens presque tout d’Odette. Je considère que c’est une mémoire des racines nomades", confie Mamina Evin, guide touristique à Terres d’Aventure à Atar. Odette Puigaudeau a écrit plus d’une dizaine d’ouvrages sur la Mauritanie. Cependant, elle demeure toujours inconnue en Mauritanie. Une situation qui dépite Mamina Evin qui trouve étonnant d’autre part que le monde de la presse française l’ait rangé dans la layette de l’oubli voire de l’ignorance. "Personne ne mériterait mieux le titre d’exploratrice qu’elle. Donc, je suis consterné de voir que la presse française n’en parle pas", s’indigne-t-il.

 

En marge de cette exposition initiée par Moma Ould Dide, Monique Vérité qui a écrit une biographie sur Odette Puigaudeau a fait un témoignage, depuis la France, sur elle. Il y’a eu également des témoignages et des projections sur Odette Puigaudeau. L’exposition a permis aux visiteurs qui n’ont pas eu la chance de connaitre Odette Puigaudeau d’aller à sa rencontre à travers des portraits, des dessins et des toiles qui évoquent un passé plein de nostalgies.

 

La restitution de ces objets d’art au nombre de 122 nous permet d’arpenter les voies sinueuses d’un pan de notre histoire qui, si, elle existe, aujourd’hui, elle peut être touchée, on peut la deviner, c’est grâce à Odette Puigaudeau. Et que saurions-nous, pour s’en glorifier aujourd’hui, de ce passé, lorsqu’ elle n’avait pas pris la peine et le soin de restituer la vie des habitants du désert ? Pas grand-chose.

 

Ainsi, de ses voyages dans le désert, elle nous a ramenés le portrait des tributaires des Smacides autour d’un puits à Chadouf dans la palmeraie d’Amdia, celui de Moula Mint Saddoum, célèbre musicienne du Tagant et femme de l’interprète et poète En-Naji arrière petite fille de Saddoum Ould Ndjartoum qui, le premier, fixa les règles de la musique maure, celui d’une femme barattant le beurre, de Mohamed Ould Bou Médiana d’Oulad Daiman spécialiste de la tradition et de la vie du prophète Mohamed, de Sidi Ould Sidati chef des Kounta de Ouadane accompagné de son fils et de Sidi Alouia des Amguerridj guide du groupe nomade du capitaine français Lecoq…et celui de l’Emir de l’Adrar.

 

Babacar Baye NDIAYE

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29 mai 2010 6 29 /05 /mai /2010 23:19

DSCN4872Quand les couleurs parlent…Tel est le thème de la dernière exposition de l’artiste peintre Amal Dria. Au total, 15 tableaux. Deux ans de labeur. Ravie, comme si elle venait de se débarrasser d’un lourd fardeau, elle confie, un peu flapie, au lendemain de son exposition, à l’hôtel Halima : " Avant le jour de l’exposition, pendant 15 jours, je faisais un travail de retouche. J’ai eu la fièvre…". Avec parfois, des temps de répit alternant entre manque d’inspiration et sacrifice pour à la fin accoucher des œuvres à la fois philosophiques et révélatrices de sa forte personnalité. Elle semble trouver son style : le cubisme.

 

La diversité

 

Pas facile de vivre l’égalité dans la différence. Le mérite d’Amal Dria, c’est qu’elle nous invite à s’y pencher. S’il y a un rêve qu’elle aimerait voir se réaliser, c’est qu’on s’accepte dans la diversité. Dans la différence. D’ailleurs, cette thématique est constante dans ses œuvres qui sont un riche témoignage de sa personne. Ce qu’elle recherche, de prime abord, dans ses tableaux, c’est bien l’harmonie.

 

Dans la douleur, elle réussit à rassembler plusieurs visages dans un seul tableau ("l’égalité dans la différence"). Question de montrer qu’on peut parfaitement vivre dans la diversité. Ce travail de conscience ne s’est pas fait non sans difficultés puisqu’il exige beaucoup d’orientation, de finesse et surtout de concentration. "J’ai vraiment bloqué…Mon Dieu ! J’ai bloqué jusqu’à ce qu’un ami est venu…", se souvient-elle.

 

Grâce à lui donc, ami, elle va retrouver le bout du fil. Elle est toujours à la quête de l’harmonie. Une perfectionniste. C’est pour cela que le tableau "Egalité dans la différence" lui a pris beaucoup de temps. Ces tableaux portent les germes d’un stigmate d’un monde en perpétuel mouvement. Un monde où le mal, la méprise et la méfiance ont fini par triompher.

 

"Qu’on soit de religion ou de coutumes différentes, on est tous pareils. Si je vous gifle, vous allez avoir mal et vice versa. Si je vous trahis, vous allez avoir mal et réciproquement. Si je vous offre un cadeau, vous allez être content et inversement. Donc, avant de faire du mal à quelqu’un d’autre pense d’abord à soi", explique-t-elle.

 

Une chroniqueuse de la vie

 

Ce qui est plaisant chez Amal Dria, c’est qu’elle sait capturer les émotions, délivrer des messages et notamment nous faire sortir de la cage de la peur. Tout lui sert de substrat pour ressortir notre vrai être, notre identité, notre vécu : les guerres, les jugements, les contradictions de la société. Une véritable chroniqueuse de la vie. Dans l’un de ses tableaux intitulé "Colère", elle brise le vitre, se sert de son pinceau pour mettre à nu les véritables facettes de la vie humaine.

 

Tout ce qu’elle peint dans ses tableaux est en relief avec sa vie et son expérience. Elle ne supporte pas la soumission. Révoltée contre la société, elle réussit à faire tomber les masques. Elle prolonge sa vie dans ses tableaux qu’elle transforme en miroir. De même aussi qu’elle se gausse d’une certaine "modernité superficielle". Elle explique : " On soigne tellement son look qu’on oublie de soigner son intérieur, sa personnalité. Il y a un travail sérieux que chacun d’entre nous doit faire pour éviter de tomber dans les erreurs".

 

Donner du plaisir, de l’espoir de vivre et d’espérer, voilà ce à quoi elle s’efforce dans ses tableaux. Un travail de soi qui exige beaucoup de tempérament et d’ardeur. Elle persiste : "Avec l’amour, le regard et le sourire, on peut donner de la joie à quelqu’un. Pas forcément donner des milliards!". Pour Amal Dria, la créativité doit être le reflet de notre existence.

 

On ne peut pas tout partager. Mais, il est de ces souffrances-là qu’on partage. Là aussi, Amal Dria fait mouche. De son pinceau, elle met en exergue ses ressentiments, les injustices qu’elle voit, les tensions qui se perpétuent à travers le monde. Le terrorisme, les guerres…Pour elle, ça suffit ! Car, dit-elle, c’est l’humanité qui en souffre toujours. C’est les plus faibles vulnérables qui paient toujours les erreurs des puissants. Pour elle, les damnés de la terre ont droit aussi à l’existence, à la vie, à la joie de vivre…"Quand je vois des enfants qui meurent tous les jours à cause des politiques et des Etats, j’ai mal, dit-elle. Devant une telle souffrance a-t-on le droit de se taire ?".

 

Envie de liberté

 

Quand les couleurs parlent…est une invite au ressourcement, au voyage, à la recherche de soi et de la lumière. On y retrouve les traces d’une certaine vie africaine. Par exemple, dans le tableau "L’Afrique en fête", Amal Dria y évoque la manière de vivre des sociétés africaines rythmées entre les ambiances et la joie de vivre.

 

Des anonymes aussi ont pris place dans ces tableaux. C’est le cas du berger. Elle est fascinée par ce personnage atypique. "Quand on est quelque part, entre les dunes du désert, là où il n’y a personne, il n’y a que le berger qui est là qui cherche les traces des chameaux, des vaches…Et, puis, il les connaît très bien…C’est mystérieux ! C’est quelqu’un qui a un savoir énorme et je crois qu’on doit l’honorer".

 

Lorsqu’elle crie son ras-le-bol, c’est pour se faire la défenderesse de la femme qu’on assimile souvent, dans nos sociétés, à l’"Esclave du thé". A ceux qui veulent ôter à la femme une certaine envie de liberté et qui voudraient la maintenir dans certains carcans traditionnels, culturels et coutumiers, elle lance : "Laissez la femme vivre, découvrir la vie et voir autre chose que faire le thé. Laissez la femme évoluer". Waouh !

 

Avant de nous quitter, elle a voulu passer un message : "Si on devient comme les fourmis, soudés et on travaille bien, on pourra construire quelque chose. Mais, actuellement, on est tellement séparés par les coutumes, les religions, l’argent qu’on est devenus comme des planètes dans l’espace".

 

Babacar Baye Ndiaye

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29 mai 2010 6 29 /05 /mai /2010 23:14

Mohamed-Ali1.JPGDerrière son visage métamorphosé par des années de labeur et de voyages entre le Sénégal, le Mali et le Burkina Faso se dérobe un personnage atypique et réservé. On peut dire de lui qu’il est un artiste peintre de cœur et d’esprit. Mais, également, un quidam qui a presque roulé sa bosse un peu partout en Mauritanie plus exactement entre Rosso, Nouadhibou et Sélibaby et refuse de dévoiler un brin de mélancolie de sa vie d’homme ou tout simplement d’artiste peintre qui a fendu l’air de la célébrité.

 

Le début d’une carrière

 

"J’ai commencé la peinture depuis 1991", dit-il pour nous rafraîchir la mémoire. La sienne est un léger voile dans le vent. C’est Mokhis, le grand maître qui lui a appris la calligraphie et le dessin. C’est plus tard que la peinture va prendre le pas sur ses premières amours : la calligraphie et le dessin. Comme Mokhis à qui il doit tout ou presque, il est originaire de la ville de Rosso en Mauritanie.

 

"Je suis venu le voir un jour pour qu’il m’apprenne comment on fait le dessin et la calligraphie. Sur le champ, il m’a adopté et m’a montré la voie. Il a été sérieux et gentil avec moi", se souvient-il comme s’il venait de prononcer ces phrases à l’instant et comme si aussi cela venait de se reproduire sous ses yeux. A cette époque, le métier de calligraphie n’avait pas encore droit de cité au pays d’un million de poètes. On peut dire qu’il fait partie de ceux-là qui ont imposé cette mode d’expression artistique en Mauritanie.

 

Trois ans plus tard, il se laisse guider par son instinct et porter par l’envie de découvrir autre chose. Il quitte donc Mokhis et décide de voler de ses propres ailes. "Je l’avais quitté parce qu’à l’époque j’avais senti la nécessité de fouiller d’autres horizons, de me perfectionner, d’apprendre quelque chose de nouveau d’autres personnes", explique-t-il.

 

La vie rêvée de cette étrange créature va devenir vite une réalité. Après cette gambade, il ouvre, à son tour, son propre atelier de calligraphie et commence, pour lui, une nouvelle vie plus prometteuse, moins polémique et moins contraignante. Avant de tenter un pari fou : ouvrir simultanément à Nouakchott et à Rosso deux ateliers de calligraphie. Il eut les yeux plus gros que le ventre. Mais, cette expérience ne sera que de courte durée. Croulant sous le poids d’énormes charges, il laisse tomber son atelier de Rosso.

 

La dure reconversion

 

Résultat, après ce fiasco amer, Mohamed Ali Billa se retrouve seul dans son atelier de calligraphie et se profile dans son esprit un épais avenir peu enchanteur. Les affaires ne marchent pas comme il l’espérait. Et puis, ensuite, il retrouve un semblant de vie. Le déclic viendra de son grand maître. "En 2003, Mokhis est passé me voir à mon atelier de calligraphie sis aux anciens blocs. Il me propose de venir s’installer à la Maison des artistes", dit-il.

 

Cette offre mit du temps à mûrir dans sa tête. Car, ce n’est qu’une année plus tard, certainement n’en pouvant plus de joindre les deux bouts, qu’il se décidera à rejoindre celui qui l’a initié à la calligraphie. Du coup, il se reconvertit en artiste peintre, comme son maître et retrouve l’opportunité de vivre un nouvel art, la peinture.

 

Pas question pour lui de continuer à faire de la calligraphie. "Je ne fais que de la peinture. Pour la calligraphie, j’ai laissé tomber. Maintenant, je suis entièrement occupé et préoccupé par la peinture", tente-t-il de convaincre.

Pas question non plus de se laisser envahir par le pessimisme même s’il sait pertinemment que le métier d’artiste peintre, "c’est beaucoup de charges et que tu peux rester des mois sans vendre une toile".

 

Ce peintre à l’expression abstraite, au cœur et à l’esprit vacillant, peint dans ses tableaux des enfants, des femmes et des figures emblématiques de l’histoire du peuple mauritanien sans distinction de race. Puisqu’il a horreur de voir ces enfants et ces femmes mourir à cause des folies des hommes, il tente d’absoudre son désarroi à travers ses tableaux. Même également sa difficile existence en tant qu’artiste peintre.

 

"Ce qui intéresse aujourd’hui le peintre mauritanien, déplore-t-il avec une pointe d’ironie, c’est comment va-t-il faire pour vendre sa toile. Même s’il doit vendre son œuvre avec l’histoire du Sénégal, du Mali ou du Maroc, il va le faire. L’essentiel pour lui, c’est qu’il puisse vendre". Et pour… survivre dans un pays où être artiste peintre est synonyme de désenchantement souvent.

 

Babacar Baye NDIAYE

 

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21 avril 2010 3 21 /04 /avril /2010 05:51

Du 12 au 25 avril, l’artiste peintre Sidi Yahya expose ses tableaux, au nombre de 27, au Centre Culturel Marocain de Nouakchott. Entre empreintes et signes, l’artiste surnommé "Le poète des traces" offre au visiteur un travail d’une grande finesse. Fruit de huit mois de labeur. Et le résultat, ça se passe de commentaires.

 

Devant ce spectacle éblouissant, Ahmed Ould Meyne, un artiste-peintre et journaliste, promène son regard sur les tableaux, résultat d’un travail d’un grand doigté. Il témoigne, la main sous le menton : "Sidi Yahya est un artiste de renom qui a fait un travail magnifique, qui a présenté des tableaux d’une grande qualité. Ce n’est pas la première fois qu’il présente des œuvres de ce niveau. Il a déjà fait ses preuves. On retrouve la peinture abstraite qui témoigne de la richesse de l’artiste et de ses sources d’inspiration qui sont le patrimoine mauritanien, africain, sahélien aussi bien au niveau de la symbolique, des signes que des couleurs et des motifs. Je pense qu’il y a une telle richesse qui fait que les techniques qui sont utilisées sont très subtiles et les matériaux aussi. Ce qui a donné des effets de matière qui sont très recherchés et auxquels personnellement je m’identifie".

 

  Les appréciations sont presqu’unanimes. "Son style a changé. Je trouve qu’il y a beaucoup plus de couleurs. Il a joué sur l’ombre et la lumière. C’est plus à mon goût en fait", analyse Régina. Les tableaux de Sidi Yahya procurent une envie cérébrale d’être feuilletés du regard, celui qui subjugue nos "larmes de joie intérieures".

 

  En regardant des tableaux comme "Empreintes de Oualata", "Empreintes de Kaédi", "Empreintes d’Atar", "Empreintes de Chinguitty", "Empreintes de Zouérate", "Empreintes de Tichit" et "Empreintes de Néma", notre mémoire arpente les coulisses du temps. Grâce à la magie et à la pureté de la peinture, Sidi Yahya ressuscite toutes ces villes qui ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes, des villes où "Le carré des rêves" est enfoui par "Les feux de sacrifice".

 

 "Quand on parle de Nouakchott, je veux qu’on parle aussi des villes qui sont à l’intérieur du pays", plaide-t-il. Dans chacune de ses œuvres, on retrouve un zeste d’africanité et d’arabité qui constituent le substrat de la société mauritanienne. Le goût à la transcendance s’y fait ressentir fortement. Pour l’artiste, l’absolu consolide sa soif de chercher un point de départ.

 

  Dans cette quête vertigineuse, d’ailleurs, certains ont cru qu’il avait perdu son style. Mais, que non. "Je n’ai pas changé de style. J’ai changé au niveau des couleurs. J’ai ajouté plus de couleurs", se défend-il. Les enfants de son école sont passés par-là. "Ils m’ont poussé à travailler plus avec les couleurs. C’est pour montrer aussi qu’il y a eu changement et que je suis sur les rails", élucide-t-il.

 

 Le travail est là mais "c’est un travail qui n’est pas fini tant qu’il est là", précise-t-il. "Dans la vie, chaque fois qu’on fait un effort, qu’on accomplit quelque chose, on est content", dit-il devenant subitement sage.

 

  "Un écrivain, lorsqu’il écrit, il ne s’arrête pas là. Il a besoin, encore, de lire ce qu’il a écrit. C’est un besoin. Moi, aussi, lorsque je termine un tableau, j’ai besoin de le regarder. Ça devient un autre regard, un regard d’ensemble d’abord. Ce n’est pas un regard figé. Si, dans chaque tableau, chacun réussit à trouver une interprétation différente de l’autre, je crois que ce tableau a réussi et un tableau qui a trouvé une seule interprétation, c’est un tableau qui n’a pas réussi", commente-t-il.

   

Le poète des traces

 

 C’est Jean-Louis Chambon qui a enseigné au lycée Théodore Monod de Nouakchott qui l’a baptisé "Le poète des traces" dans un film qu’il lui avait consacré et projeté à la 4ième édition de la Semaine Nationale du Film (SENAF) d’octobre 2009.

 

"Une toile de Sidi Yahya, c’est un rectangle de désert habité par l’imaginaire du peintre, les traces de pas visibles de sa marche invisible, son écriture sur la rugueuse et poudreuse peau du monde. Sidi Yahya est un artiste profondément ancré dans sa culture et grand ouvert à la modernité, débordant d’énergie et d’idées dévouées à une seule cause : faire vivre l’art contemporain en Mauritanie", disait-il. 

 

 

Babacar Baye NDIAYE

 

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11 mars 2010 4 11 /03 /mars /2010 17:11

          AMAL DRIA1
"Un jour, en me rendant quelque part (…), j’ai aperçu quelqu’un sous un arbre avec sa petite marmite, ses morceaux de pains secs. Il était accroupi, portant des habits déchirés". Qui n’est pas témoin comme Amal Dria de cette scène quelque part au centre-ville de Nouakchott ? Quand l’artiste s’émeut, son inspiration enfle. "Je me suis demandé comment je peux apporter mon aide à ce monsieur. Après, je me suis dit qu’il n’y avait pas que lui qui était dans une telle situation. Il y a pire : les enfants de la rue", explique-t-elle.

 

Et s’il y’a une chose à laquelle l’artiste plasticienne Amal Dria croit dur comme fer, c’est que ce sont bien les idées qui font bouger l’humanité. C’est dans cette perspective qu’il faut placer son exposition qui aura lieu le 15 mars prochain au Centre Culturel Marocain de Nouakchott. Cette exposition est montée pour venir en aide aux enfants de la rue, une manière pour cette artiste de témoigner son engagement en leur faveur.

 

Depuis, plus de six mois, elle travaille déjà sur cette exposition. A cet effet, il sera procédé, le 15 mars, à la vente aux enchères de ses tableaux. Et une partie des fonds générés seront versés à l’Orphelinat de Marième Diallo. Elle espère ainsi, à travers la vente aux enchères de ses tableaux, une première du genre dans le domaine des Arts plastiques, créer un mouvement de solidarité en faveur des enfants déshérités.

 

Toutefois, elle ne s’est pas empêchée de nourrir des appréhensions. "Une exposition, c’est toujours de l’aventure. Rien ne garantit que toutes les toiles (au nombre de 21) seront toutes vendues. Même si, j’ai dix ouguiyas, le jour de l’exposition, je les partagerai", a-t-elle déclaré. "Cette exposition est un point de départ pour aider ces associations qui s’occupent des enfants. Les enfants d’aujourd’hui, ce sont les hommes de demain. C’est eux aussi qui feront l’avenir du pays", explique-t-elle.

 

Et pour Amal Dria, ce n’est pas parce que la modernité nous a ôtés le sens de l’entraide et du partage qu’on devrait omettre de penser à tous ces enfants abandonnés sans éducation et sans protection qui vivent sous l’étranglement de la souffrance. "On doit ouvrir un peu les yeux et penser à eux puisqu’ils font partie de la société", plaide-t-elle pour leur éviter de sombrer dans la délinquance et la violence. Et ce qui l’intéresse, en organisant cette exposition, loin de toute recherche de profit, c’est de leur venir en aide.

 

Un tel geste foncièrement humain ne manquera pas d’apporter du réconfort dans le cœur des enfants de l’Orphelinat de Marième Diallo situé à la Médina R. Portant les enfants dans son cœur, Amal Dria n’a pas hésité pour exposer pour le compte de ces enfants. Alors, qu’attendez-vous, vous aussi, pour venir acheter un tableau ?

 

Babacar Baye NDIAYE

 

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3 janvier 2010 7 03 /01 /janvier /2010 22:00

Après la sortie virulente du Bureau Mauritanien pour la Promotion de la Musique (BMPM) contre le Ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, c’est au tour de l’Union des Artistes Peintres de Mauritanie(UAPM) d’enfoncer le clou.

 

La raison ? Le refus de la part du Ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports de lui venir en aide, à la suite de son délogement de la maison qu’elle occupait. Une attitude qui n’a pas manqué d’ulcérer Mokhis, le président de l’Union des Artistes Peintres de Mauritanie (UAPM).

 

"J’ai toujours averti le Ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports sur les fortes possibilités que la Maison des Artistes soit fermée un jour ou l’autre faute de subventions", a déclaré Mokhis.

 

"La preuve, d’ailleurs, on a été, jusqu’à la dernière minute, voir la Ministre [Cissé Mint Cheikh Boïde] pour avoir une audience avec elle. A la suite de cette audience, elle nous a fait comprendre qu’elle ne pouvait pas louer une maison en dehors du Ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, mais que si, elle nous trouvait une maison qui appartient au Ministère, elle est prête à nous céder une ou deux pièces", a-t-il poursuivi.

 

Depuis, c’est le silence radio au niveau du Ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports pour trouver une solution à l’Union des Artistes Peintres de Mauritanie (UAPM) qui a, entre temps, roulé sa bossé un peu partout pour avoir un espace où les artistes peintres pourront exercer leur métier.

 

"On a été voir le Musée National qui dépend directement du Ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports. On n’a rien trouvé. On a trouvé des hangars, tous, occupés. On a été voir l’Ancienne Maison des Jeunes. Il y a des pièces qui sont vides mais apparemment la direction ne veut pas les céder à notre association. Tout ce qu’ils nous ont dit, c’est qu’ils n’ont pas de place et qu’ils ont même occupé une ancienne infirmerie pour en faire un bureau. On a été voir aussi la Nouvelle Maison des Jeunes qui a été toujours libre et vacante. Le directeur nous a fait espérer à un moment donné. Finalement, il n’a pas tenu parole. Il nous a servi comme prétexte la présence du matériel du Challenge Sidi Abbas. Je me demande qu’est-ce qu’il peut bien faire dans une maison des jeunes, conservé, qui occupe un magasin alors qu’il peut servir à une association surtout comme la nôtre", explique le président de l’Union des Artistes Peintres de Mauritanie(UAPM).

 

Mise au parfum de cette situation dans l’optique de bénéficier de son appui, la Ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, Cissé Mint Cheikh Boïde, leur a fait savoir, rapporte Mokhis, qu’elle ne pouvait pas financer une association comme l’Union des Artistes Peintres Mauritaniens (UAPM) qui peuvent se débrouiller puisqu’ils vendent leurs œuvres et, du coup, peuvent trouver les moyens de subvenir à leurs besoins.

 

De tels propos servis par la Ministre ont surpris plus d’un artiste peintre notamment le Président de l’Union des Artistes Peintres de Mauritanie (UAPM).  Pour la Ministre donc, pas question de subventionner les artistes peintres ainsi que les artisans qui se font de l’argent à ses yeux. Par contre, elle serait prête à subventionner le Sport, le théâtre, la poésie…

 

"On est vraiment déçu. Quand on nous dit, qu’on ne peut pas vraiment subventionner une association d’artistes plasticiens alors que c’est une association qui ne regroupe que trente éléments, c’est vraiment incompréhensible", laisse échapper Mokhis.

 

"Nous avons plus d’un million de poètes. Tout est fait aujourd’hui pour encourager l’émergence de poètes. Pourquoi les autres disciplines sont marginalisées. Au Sénégal, au Maroc, en Algérie, les artistes sont subventionnés", a-t-il indiqué.

 

"Depuis six ans, on tire la sonnette d’alarme. Ce sont les artistes qui paient leur loyer. Une ou deux fois peut-être, le Ministère est venu tant qu’on était vraiment sous les verrous pour nous donner quatre cent mille ouguiyas, juste pour nous permettre de payer quatre mois d’arriérés de loyer", dit-il.

 

"Qu’est-ce que ça coûte de prendre en charge une maison d’artistes plasticiens pour cent mille ouguiyas", s’interroge Mokhis. "Nous ne demandons pas plus. Les artistes peuvent travailler. Notre seul problème, en tant qu’artiste, c’est de pouvoir mettre un terme à ce problème de loyer qui nous handicape à chaque fois. Nous sommes des pères de famille comme tout le monde. Ce problème de loyer nous empêche de produire. Même si on travaille, à la fin du mois, on est obligés de bazarder quelques toiles pour nous acquitter du loyer. Tout ce que nous demandons à l’Etat, c’est juste réagir", poursuit-il.

 

Aujourd’hui, tous les artistes qui louaient cette maison sont repartis chez eux pour y travailler. Et, quant au sujet de l’Union des Artistes Peintres, "elle est maintenant dans les cartables", ironise Mokhis.

 

Dans cette maison qui jouxte à l’ancien siège de la Fondation Khattou Bint Boukhary, il ne reste plus que les traces encore fraîches des jets de peinture, seul indice, qui rappellent qu’elle a été occupée par des artistes peintres qui s’attèlent déjà à joindre difficilement les deux bouts.

 

Babacar Baye NDIAYE

 

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