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30 septembre 2009 3 30 /09 /septembre /2009 21:02

Ce 29 septembre, les habitués du concert K’fet qu’organise chaque mois le centre culturel français de Nouakchott Antoine de Saint-Exupéry ont déjà vu défiler Toumani Diallo, Thierno Athié, Moussa Sarr, les Frères Athié ou Baguiss. Mais celui qui était à l’affiche est tout simplement Cheikh Ould Labiadh qui vient de monter avec Ali Ndaw son groupe qui porte le nom de «Khoumassi». De Malouma à Noura Mint Seymali et de Thiédel Mbaye à Dimi, l’une des grandes voix du pays a donné en avant-première le contenu de son prochain album "Neyruba" dont la sortie est prévue en janvier 2010.

 

Aujourd’hui, Cheikh Ould Labiadh est convaincu d’une chose : qu’il a bien sa place sous le soleil des musiques du monde. C’est donc un Cheikh Ould Labiadh bien retapé, bien fouetté avec une crème de volonté, gonflé à bloc et prêt à bondir comme un tigre sur sa proie qui est apparu sur la scène. Il veut désormais prendre un nouveau virage.

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Et rien de plus excitant pour lui que de sniffer la poudre de la musique acoustique. Le bourreau des cœurs venu de Nouadhibou et qui a conquis le cœur des filles de par ses chansons d’amour veut y croire et jusqu’au bout. Même si le chemin est très long et exténuant. "Nous sommes préparés à ça. Ce n’est pas facile. Nous sommes sur le point de départ. On n’a pas encore annoncé les couleurs", lâche-t-il à la fin de son spectacle.

 

Après la musique tradimoderne qu’il a jouée pendant plus de 14 ans, Cheikh Ould Labiadh explore maintenant la musique acoustique. S’agit-il là d’un souci de donner un second souffle à sa carrière musicale qui a rencontré entre temps une ribambelle de difficultés ? "Non, j’ai juste trouvé mon chemin", se défend-il.

 

"J’ai choisi l’acoustique parce que je le sentais. Je me suis retrouvé dedans", se justifie-t-il. Et quitte même à dérouter ses fans qui ne l’ont connu que dans le registre de la musique tradimoderne. "L’essentiel pour moi, c’est que je leur propose quelque chose qui vient au fond de mon cœur. Je n’ai rien à craindre à ce sujet", dit-il.

 

Une chose est certaine : le Cheikh Ould Labiadh qui faisait succomber le public et notamment les filles n’est plus que l’ombre de lui-même. La preuve, il est toujours nostalgique de ses temps de gloire sur la scène musicale mauritanienne dans les années 90.

 

Avec Khoumassi, Cheikh Ould Labiadh veut désormais élargir son public pour ainsi refuser de se borner spécifiquement sur un style musical qui est peu prometteur sur le plan international.

 

Cet artiste a connu le succès. Mais aussi une longue traversée du désert qu’il rêve de combler et de ranger dans la layette des souvenirs. Musicien jusqu’à l’éternel, il refuse d’admettre qu’il y a une évolution de la musique mauritanienne dans son ensemble. Preuve qu’il va lui falloir retrousser les manches. "On est convaincus de ce que nous sommes en train de faire. On le fait par amour et par conviction", tente-t-il de convaincre.

 

La conviction, assurément. "Mais, il faut qu’on fasse tout pour qu’il y’ait des infrastructures musicales en Mauritanie. Du matin au soir, je me battrais pour ça", complète-t-il. En effet, depuis quelques temps, il n’a que ça en tête : se battre ! C’est vrai qu’il n’est plus en vogue mais c’est toujours une délectation de l’admirer car il a toujours le visage éternellement fendu d’un large sourire.

 

Durant son concert, il nous a gratifiés de son morceau "Leila Yalaléhé" qui reprend une de ses histoires d’amour qu’il a vécue personnellement. On comprend alors toute sa fragilité affective et sentimentale qu’il ne dérobe pas d’ailleurs. "C’est une chanson que j’apprécie musicalement", dit-il.

 

A l’âge de 14 ans, il adopte très tôt et paradoxalement la musique et tombe sur feu Seymali Ould Hamed Vall, un professeur de musique doublé d’une maîtrise de l’Espagnol, du Français et de l’Anglais, qui guide ses premiers pas dans le milieu de la musique. "C’est la première personne qui m’a tendu le micro pour que je chante. Il m’a encouragé en me soufflant à l’oreille que je regorgeais du talent", explique-t-il. "C’est Sidna Ould Alem, un compositeur, qui a fait de moi un chanteur", précise-t-il.

 

A 38 ans, ce fils de la ville de Nouadhibou compte bien mettre à profit sa riche expérience au service de l’évolution de la musique mauritanienne. Mais surtout vendre l’image de son pays par le biais de sa nouvelle fabrique de musique : l’acoustique.

 

"On peut le faire et on va se battre", insiste-t-il. "Tous les pays qui nous environnent ont des artistes de renommée internationale qui passent tout leur temps à faire des tournées. Pourquoi pas nous ?", fait-il remarquer. Il rêve déjà d’une carrière musicale prometteuse. «Je suis très optimiste», confie-t-il. Et de préciser : "Que ça marche ou pas, je continuerai mon chemin. Je suis né pour faire de la musique."

 

Pour terminer la soirée, il a égayé le public d’un morceau de Bob Marley "Women no cry" en version acoustique et sans paroles. Ainsi, avec son prochain album, Cheikh Ould Labiadh va signer le début de sa réhabilitation musicale. A partir de cette nuit-là, c’est comme s’il venait d’accomplir quelque chose de rarissime.

 

"Je préfère dormir content, content d’avoir fait un effort pour la nation, pour la nouvelle génération à venir. Il faut qu’on essaie de casser le mur pour cette génération-là, de galérer pour qu’elle puisse profiter de notre combat", révèle-t-il. Et le reste deviendra facile !

 

Babacar Baye Ndiaye

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