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4 août 2011 4 04 /08 /août /2011 05:55

ABDERRAHMANE OULD SALEMToute action doit commencer par la communication et surtout dans un pays comme le nôtre où il n’y a pas assez d’espaces de communication que l’on partage, a relevé vendredi dernier Abderrahmane Ould Ahmed Salem, directeur de la Maison des Cinéastes (MdC).

 

"Je prends l’exemple d’un espace qui est à 300 m de là et qui est la Télévision de Mauritanie. Je pense déjà que cette télévision, on ne la partage pas beaucoup. Elle ne présente pas la Mauritanie plurielle. Elle est encore dans ses clichés de présentation de pourcentage. Je pense qu’il faut aller au-delà. Personnellement, je ne m’intéresse pas au pourcentage des maures, des wolofs, des poulars, des soninkés, des bambaras. Je pense qu’il y’a une terre que l’on partage", a-t-il dit lors d’une table ronde sur l’unité nationale, au Stade Olympique de Nouakchott, en marge de la 2e édition du Festival Culturel pour l’Unité Nationale.

 

"Si la télévision qui est le prototype de communication par excellence ne prend pas en considération cette vision, je pense qu’elle est complètement passée à côté. Aujourd’hui, dans une maison ou dans un quartier, les maures regardent les chaînes arabes, les négro-mauritaniens regardent les chaînes sénégalaises ou maliennes et non la Télévision de Mauritanie. Cela est déjà un obstacle à l’unité nationale", poursuit-il.

 

Parmi d’autres obstacles à l’unité nationale, Abderrahmane Ould Ahmed Salem a cité le fait que les mauritaniens "ne partagent pas la même école". "Le phénomène des écoles est une parfaite illustration. Les maures font leur école pour leurs propres enfants. Les négro-mauritaniens font de même et l’Etat n’a pas pu proposer une école partagée", regrette le directeur de la Maison des Cinéastes (MdC).

 

Selon lui, les différentes communautés qui composent la Mauritanie vivent en ghetto. "C’est un grand obstacle à l’unité nationale. Les différentes actions des gouvernements n’ont pas pu aboutir à quoi que ce soit dans ce sens. A l’époque de feu Moktar Ould Daddah, celui-ci a essayé de développer une politique très intelligente qui consistait à envoyer des fonctionnaires noirs dans des zones habitées par des maures, pour s’intégrer, comprendre la culture de l’autre et vice-versa. Cela a donné des résultats", a-t-il dit.

 

Mais, à en croire Abderrahmane Ould Ahmed Salem, "cette action a continué comme un moyen d’embêter certaines cultures". "Si l’on veut embêter les maures, on leur envoie un préfet négro-mauritanien. Si, on veut embêter les négro-mauritaniens, on leur envoie un préfet maure", poursuit-il.

 

Lors de cette table ronde sur l’unité nationale, Abderrahmane Ould Ahmed Salem a invité les mauritaniens à "vivre l’unité nationale comme une religion au quotidien dans nos actions personnelles". "Tant que l’on prendra la question de l’unité nationale comme une affaire électorale de temps en temps lorsqu’il y’a un intérêt politique, une pression de la part des bailleurs de fonds, des groupes politiques de l’intérieur du pays, on ne va pas aller très loin", a-t-il indiqué.

 

Pour consolider notre unité nationale, Abderrahmane Ould Ahmed Salem a proposé une chimiothérapie qui consisterait à "utiliser toutes les formes de communication" notamment artistiques. "Chaque culture doit être fière de sa langue mais elle doit chercher des moments de chevauchement et de rencontres avec d’autres cultures", a-t-il dit.

 

Babacar Baye Ndiaye

Pour Cridem

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