Débutée le 23 juin, la 3e édition du Festival International Musiques et Découvertes de Nouadhibou s’est prolongée jusqu’au 25 juin 2011. A l’affiche, il y’avait Daara J Family, Adviser, Ewlade Leblade, Soco Clan, BOS, Ziza… "Cela m’a permis de comprendre que ce n’est pas évident d’organiser un évènement qui se veut international sans soutien ni sponsoring", dit Lamine Daff. Pour l’occasion, nous avons rencontré l’initiateur du Festival International Musiques et Découvertes. Entretien.
Cridem : De festival local, vous êtes passé cette année à un festival international avec la présence du groupe de rap sénégalais Daara J Family. Qu’est-ce qui a justifié ce besoin de s’ouvrir, de s’agrandir ?
Lamine Daff : Pour donner une nouvelle dimension au Festival Musiques et Découvertes, nous avons décidé, pour l’édition de 2011, de sortir des sentiers battus. Après les deux premières éditions que nous avons organisées sans tambours ni trompettes, nous avons senti un besoin réel de s’élargir.
De festival local, nous sommes passés à un festival international. Cela m’a permis de comprendre que ce n’est pas évident d’organiser un évènement qui se veut international sans soutien ni sponsoring. L’édition de 2011 a connu un succès éclatant. Nous avons réussi, malgré l’absence de moyens, à relever le défi : satisfaire le public stéphanois.
Cridem : Ce festival est aujourd’hui approprié par toute la jeunesse stéphanoise. En est-il de même au niveau des autorités administratives et politiques de Nouadhibou ?
Lamine Daff : Pas du tout. Et, pourtant, nous avons adressé des lettres dans ce sens. Qu’il s’agisse au niveau des autorités administratives et politiques de la ville de Nouadhibou, nous n’avons pas pu remarquer un retour d’engouement, un signe d’appropriation de l’évènement qui est le seul à Nouadhibou. Nous avons tapé à toutes les portes pour trouver des partenaires. Mais, je n’ai pas eu de réponses satisfaisantes, à part des promesses.
Cridem : Ce fut alors une bonne expérience pour vous ?
Lamine Daff : On ne peut pas organiser un festival de surcroît international sans partenaires. Contrairement aux années précédentes, j’ai mordu la poussière cette année-ci. J’ai englouti beaucoup d’argent pour organiser la 3e édition du Festival International Musiques et Découvertes. Déplacer un groupe comme Daara J Family jusqu’à Nouadhibou, ce n’est pas une mince affaire. Surtout, lorsqu’on le fait sans partenaires. Ce n’est pas facile non plus de payer, de prendre en charge des groupes de rap comme Soco Clan, Ewlade Leblade, Adviser, BOS, System Z de Zouérate…
Cridem : Visiblement, vous avez été dépassé par l’organisation de la 3e édition du Festival International Musiques et Découvertes. Est-ce que vous le referez, si c’était à faire ?
Lamine Daff : Je ne crois pas. Un festival est très coûteux. Aux pouvoirs publics, j’aimerai leur dire de soutenir les programmations culturelles internationales initiées par de jeunes mauritaniens, ceux qui œuvrent pour la marche de la Mauritanie. On doit appuyer les initiatives culturelles. Nous sommes en train de promouvoir tant bien que mal le secteur de la musique, de donner de la chance aux artistes mauritaniens de se produire. L’heure est venue, pour les pouvoirs publics, de penser à ceux qui sont en train de porter très haut la culture mauritanienne.
Organiser un festival demande du sérieux, un fonds d’investissement réel. Par conséquent, nous lançons un appel aux pouvoirs publics et notamment au Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz de soutenir les initiatives des jeunes. Car, une jeunesse en mal d’avenir est un prémice d’implosion, de dépravation des mœurs, de délinquance, de terrorisme… Pour débarrasser la Mauritanie du racisme, du mépris, de la haine, il faut semer les graines de la cohésion sociale et de l’unité nationale dans l’esprit de la jeunesse. C’est ce que nous sommes en train de faire. Mais, il faut que les pouvoirs publics s’y sentent concernés et impulsent cette dynamique. (Pour contacter Lamine Daff, initiateur du Festival International Musiques et Découvertes, voici son numéro : 46 55 05 15 ; son E-mail : daff812001@yahoo.fr)
Propos recueillis par
Babacar Baye Ndiaye pour Cridem