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Les rideaux viennent de tomber sur la 12ième édition du cinéma africain de Khouribga. Aucun film mauritanien n’a figuré sur la liste des douze longs métrages qui ont été sélectionnés pour participer à la compétition officielle de la 12ième édition du Festival du cinéma africain de Khouribga qui s’est déroulée du 18 au 25 juillet dernier. Ces longs métrages représentaient neuf pays africains, à savoir le Sénégal, l'Ethiopie, le Burkina Faso, la Guinée, le Mali, le Cameroun, la Tunisie, l'Egypte et le Maroc pays hôte.
Présidé par le réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako, le jury de cette édition était composé notamment de Nadia El Fani (Tunisie), Lydie Diakhaté (France), Leocata Salvador (Belgique), Mano Rioual (Inde), Latifa Ahrar et Yassin Adnana (Maroc).
Outre la compétition officielle, le programme de ce Festival avait prévu des projections cinématographiques, des ateliers de formations et la présentation d'ouvrages sur le 7ième art.
Le Festival de Khouribga a rendu également un vibrant hommage au réalisateur ivoirien Timité Bassori, un des pionniers du cinéma africain. Lors de cette cérémonie, le président de la Fondation du festival, M. Noureddine Sail a qualifié Timité Bassori de grand cinéaste africain et de référence pour les cinéphiles en Afrique. Durant ce rendez-vous, il y a eu des discussions qui ont porté sur le piratage qui est un phénomène mondial qui prend de plus en plus des proportions inquiétantes.
Et, les pertes liées au piratage se chiffrent à des milliards. Les achats de DVD et autres supports contrefaits, les téléchargements illégaux, la copie illégale des films…Voilà en quelque sorte quelques pratiques qui ne favorisent guère un meilleur essor de l’industrie cinématographique africaine. Les manques à gagner sont considérables et transcendent tout entendement.
La piraterie tue le cinéma
Leocata Salvatore qui est un programmateur de festivals marocain est en train de préparer la sortie du film "Casanegra" pour le mois d’octobre prochain en Belgique. Ce film qui raconte l’histoire de deux jeunes casablancais qui rêvent d’une vie meilleure a été projeté le 7 juillet à Berlin dans la salle de l'Institut des films et des arts de vidéos à l'initiative de cet Institut en collaboration avec le Centre d'études orientales modernes.
Il est choqué de découvrir que ce film primé lors de la 5ième édition du Festival de Dubaï soit déjà piraté à gogo à partir de l’Internet. "C’est scandaleux, s’indigne-t-il. N’oublions pas que pour préparer un film comme ça, le réalisateur a pu mettre 3 ans. Et, quand nous avons des imbéciles qui font ça, vous ne pouvez être que choqués. Pour moi, la piraterie tue le cinéma".
Pour lui comme pour les autres professionnels du cinéma africain, le piratage reste douloureux. Davantage encore sur le continent africain où en plus de spolier les ayants droit, le piratage met en mal un cinéma déjà bien fragile.
Les racines du mal semblent donc profondes. Déjà fragile en raison de ses faibles moyens, la cinématographie africaine est assaillie de toute part par la piraterie qui une véritable menace pour l’industrie cinématographique africaine. En marge de la 12ième édition du festival du cinéma africain de Khouribga, une table ronde relative à la question du piratage a été organisée dans l’optique de trouver des solutions en dehors de la répression.
"Je pense que ce qu’il faut, c’est plutôt trouver les moyens de financer nos films et non pas de chercher à réprimer ceux qui essaient de les avoir gratuitement, explique Nadia El Fani, réalisatrice. Le fait de les avoir gratuitement, ça prouve déjà un intérêt pour la diversité. Les pirates, quand ils peuvent avoir accès à toutes les choses, ils regardent un peu tout alors que lorsqu’on leur donne des choses payantes, ils vont aller vers ce qui coûte le moins cher. Et, ce qui coûte le moins cher, c’est la fabrication de la culture de la masse".
L’alternative
Mais, en premier lieu, il faut reconquérir le public, lui offrir davantage d’opportunités d’aller voir les films au cinéma. Celles des quartiers ou des multiplex, tout le monde s’y voit la nécessité d’ouvrir de nouvelles salles ou d’empêcher la fermeture de celles qui existent déjà. C’est d’ailleurs le but des "cinémas pour l’Afrique" d’une association dirigée par Juliette Binoche et le réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako.
"Une cinématographie n’a pas des endroits pour être projeté, rappelle-t-il. Donc, pour que les gens qu’on a filmés se voient projetés sur leurs propres écrans. C’est dramatique pour la survie d’une cinématographie. Il est capital pour moi d’ouvrir des salles et d’avoir des endroits où on peut projeter un film".
En achetant un fauteuil, chacun peut contribuer à la rénovation d’un cinéma. Projet pilote de l’association "cinémas pour l’Afrique" : la réouverture du "Soudan Ciné", une salle au cœur de Bamako fermée depuis 14 ans.
Babacar Baye Ndiaye