Leur engagement n’a pas pris de rides. Révélé au grand public par Assalamalekoum Découvertes 2011, Maxi-Révolution a offert, en ce début de soirée du 22 juin, à l’Institut Français de Mauritanie (IFM), où la 5e édition du Festival Assalamalekoum a pris ses quartiers, une belle prestation. Les soldats du ghetto ont été bien au rendez-vous. Entretien.

Qu’est-ce que vous êtes devenu après la finale d’Assalamalekoum Découvertes 2011 remporté par Ziza ?
Maxi-Révolution: On est redevenus comme avant. Autrement dit, on est toujours dans les bas-fonds du hip hop de Nouakchott. Alors, être invité à la 5e édition du Festival Assalamalekoum, c’est déjà un réel plaisir pour nous, de renouer avec le public, tout en sachant que le plus dur reste à venir.
Vous avez fait une belle prestation en offrant un spectacle plein de punch et d’engagement qui caractérisent votre rap. Et sur votre tee-shirt, vous rendez hommage aux martyrs de 89 notamment à Lamine Mangane.
Maxi-Révolution: C’est une manière pour nous de prier pour le repos de leurs âmes. Lamine Mangane est devenu, malgré lui, une image révolutionnaire. Une manière pour nous, en tant que rappeurs, de porter de son message et de continuer son combat pour la liberté et l’égalité en Mauritanie.
On remarque que vos messages sont souvent agressifs, que vous ne portez pas de masques pour pointer du doigt les préoccupations d’une partie du peuple mauritanien.
Maxi-Révolution: Nous ne sommes pas agressifs dans nos textes. Nous disons juste la vérité. Certains vont percevoir dans nos textes une forte dose d’agressivité alors que d’autres vont constater que nous ne faisons que parler de ce qui existe tout en faisant une petite projection de ce qui pourrait arriver. Nos messages sont destinés aux rappeurs et aux pouvoirs publics. On ne peut atteindre les pouvoirs publics qu’en les provoquant afin de les pousser à nous écouter. En ce qui concerne les rappeurs, c’est pour montrer que nous sommes contre ce que font certains d’entre eux alors qu’il y’a des gens qui crèvent de faim, qui meurent dans les prisons. Il y’a des choses beaucoup plus intéressantes à dire que de dire : "Baby girl I love you".
Est-ce que cela vous fait du bien d’extrémiser votre refus par rapport à certaines situations comme l’injustice ou autres ?
Maxi-Révolution: Ce soir, nous avons décidé de ne pas repérer l’hymne national parce qu’il est entaché de sang. Le 28 novembre 1990, on avait tué 28 militaires Noirs. Ceux qui travaillent moins sont récompensés, roulent dans des voitures de luxe. On a été victimes des années de braise notamment des évènements de 1989. Lorsqu’on parle de cela, on éprouve une certaine rage qui sort dans nos poumons. En Mauritanie, l’injustice devient de plus en plus flagrante. Ce que l’on espérait, c’est que les choses évoluaient. Mais, c’est le pire qui est en train d’arriver. Et, cela nous fait peur.
Alors, êtes-vous sur un projet d’album ?
Maxi-Révolution: Notre participation à Assalamalekoum Découvertes 2011 nous a un peu perturbés. A l’époque, on était déjà sur un projet de maxi-singles. On espérait remporter le concours, ce qui n’a pas été le cas, à l’arrivée. Néanmoins, on nous avait promis de nous enregistrer six morceaux mais rien n’a été fait. Actuellement, on est sur notre maxi-single. Déjà, deux morceaux sont prêts. Il s’agit de "Mine ndiafaki" (On ne pardonne pas) et "Prési". On ne se presse pas pour la sortie de notre maxi-single. On y va tout doucement.
Propos recueillis par Babacar Baye Ndiaye