Après plus de trois décennies de musique, Babi Sarr résiste toujours aux éclats des obus de l’usure et du temps qui passe. Tout comme sa voix qui traverse les âges. Né en 1956 à Rosso en Mauritanie, Babi Sarr a grandi, à Nouadhibou, dans le sud, sous les ombres de sa mère, une grande cantatrice, et de son père, un acteur de théâtre et fonctionnaire des postes.
Pour l’anecdote, son père faisait partie de la première troupe de théâtre qui a joué un ballet, en 1961, lors du premier anniversaire de l’indépendance de la Mauritanie, devant le président Moktar Ould Daddah.
L’adolescent va grandir dans un environnement et une époque très marqués par la présence des disques vinyles et la voix d’Enrico Macias, Fahd Bella, Alvin Lee... De Kaédi à Bir Moghrein en passant par Mbagne et Nouadhibou, Babi Sarr gravite très rapidement les marches. C’est auprès de ses oncles, à Nouadhibou, qu’il va apprendre à jouer de la guitare. Détaché de tout notamment de la famille, son père lui en achète une afin qu’il ne quitte plus le cocon familial.
Dénominateur commun, Babi Sarr l’est dans ses chansons, mais aussi et surtout, dans sa conduite, ses pensées et ses actes. Aujourd’hui, il met la musique au service du rapprochement des différentes communautés mauritaniennes.
"Dans le domaine culturel, les mauritaniens s’intègrent, travaillent ensemble sans aucune distinction de race ou de parti politique", fait constater Babi Sarr. Aujourd’hui, l’initiateur du Festival culturel pour l’unité nationale veut être cette courroie de liaison pour rapprocher les mauritaniens.
D’abord, à travers la musique, en fondant son collectif Dental Orchestra. "Dans ma musique, je chante dans toutes les langues", souligne-t-il. Il explique qu’il veut transmettre par-dessus tout cette "confiance" entre les mauritaniens. Ce militantisme culturel l'a amené à diriger en 2010 le Conservatoire international de musique et des arts de Nouakchott ( CIMAN) qui a pour objectifs, entre autres, de promouvoir la danse, la musique, les arts plastiques.
La vie ni l’âge de cet homme discret n’ont pas altéré son combat pour le développement de la musique en Mauritanie. Hier, comme aujourd’hui, la cause musicale est toujours au cœur de sa préoccupation. "L’homme a peur de l’inconnu", dit-il avant de constater qu’"en Mauritanie, nous n’avons pas appris la musique ni ne l’avons écrit" avant d’ajouter : "Si, on n’apprend pas, si on n’écrit pas, c’est un peu difficile. Mais, il y’a des compétences éparses qu’il faut regrouper pour aboutir à quelque chose."
Chez Babi, comme on l’appelle souvent, la passion de la musique a fini par prendre le pas sur celle de l’enseignement où il est depuis 1979.
"J’avais un professeur qui me disait : ça ne sert à rien d’apprendre si on ne transmet pas ce que l’on a appris. Je n’ai pas envie de mourir avec ce poids dans la conscience. Je me suis plus investi dans la musique que dans l’enseignement. Tout ce que j’ai appris dans la musique, on me l’a appris. C’est pourquoi, en retour, je cours dans tous les sens pour partager ce que j’ai appris", explique ce promoteur infatigable de l’unité nationale et de la diversité culturelle.
Avec le Centre Faboly pour la Culture qu’il va bientôt lancer à Nouakchott, Babi Sarr prouve amplement qu’il est un héraut de la diversité culturelle en Mauritanie.
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Babacar Baye Ndiaye