Il est en train de monter en puissance. Ce jeudi 14 mars, Mister X était chargé de donner le coup d’envoi, version slam, de la Semaine de la langue française et de la francophonie, à l’Institut Français de Mauritanie (IFM).
Cette entrée en matière ne pouvait pas passer inaperçue. «On est là pour les mots qui soignent les maux», lance-t-il à l’assistance composée d’amis, d’inconnus, d’amateurs de slam et d’artistes. «On a tous des jours, des soirs, des moments, des caprices», ajoute-t-il, avant de donner le ton de la soirée.
Ce soir, Mister X n’a rien laissé au hasard pour feutrer les esprits, notamment en se faisant entourer de Bouyel Gaye, à la guitare acoustique et de Thioukoulé, au Bongo, pour apporter de la variation dans la musique. Il débute la soirée en interprétant «Je slame donc je pense».
«Ce soir, mon humeur est fade/Mon cœur est malade/ Mes yeux baladent/ Et mes oreilles sont à Bagdad/Ce soir, ma nature est animale», entonne Mister X. Le public répond par des applaudissements. La voix de Bouyel Gaye ajoute de la sensibilité aux plaintes de Mister X «envahi par le spleen». Le ton monte. Sa voix s’accélère lorsqu’il évoque les «discours pathétiques et démagogiques» de nos gouvernements. Il survole l’Afrique, traverse le Moyen-Orient pour dérouler «l’hécatombe» à Damas, avant de s’interroger sur la folie de l’homme. «Les mains liées, j’ai vu Saddam quitter en martyr», se souvient-il.
Puis, il enchaîne avec «Ma lettritude» où il raconte sa rencontre avec la musique, notamment avec le slam.
Le titre «J’ail mal à l’Afrique» prend un tour de rappel, de remise en cause, d’alerte, de refus, de prise en conscience. «La mondialisation nous rappelle les échanges d’antan/Vends-moi ton pays et je t’enrichirai pour cent ans/La chicote est désormais économique/La Banque Mondiale, héritière de la colonisation, applique les mêmes techniques/Notre économie est squelettique/Pire que des collabos, nos Chefs d’Etat n’ont plus d’éthique», scande-t-il.
Dans «Thioro», slamé en wolof et poular, Mister X chante la femme, celle qui «émerveille jusqu’auprès de l’Eternel» et qui «saigne en donnant la vie », se laisse dominer par le champ magnétique de l’amour. «Sans toi, je suis comme cette chambre sans toise/Sans ton sourire, je perds ce sens qui donne le fou rire (…) Un bon géniteur n’est pas forcément un bon père/L’amour et le désir ne font forcément pas bonne paire», lance-t-il.
Puis, Mister X, Bouyel Gaye et Thioukoulé se laissent entraîner dans la mouvance de la musique hallucinée. Le public réagit, conquis. L’ambiance devient détendue, avant de changer d’air et de destination. Au dernier virage de la soirée, les mots sentent le chagrin, le dépit, la désolation. Mister X parle des «guerres tribales, de patrie, de sang, de terre». «Le monde va très mal», lâche-t-il.
Cette session de slam sera conclue en beauté par le slameur Jaalal. Avant lui, le slameur Baba était monté sur scène.
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Babacar Baye Ndiaye