Pour l’année 2010, la scène musicale mauritanienne n’a pas été du tout faste. Toujours absente dans les grandes compétions ou sélections musicales, elle continue à poursuivre sa descente aux enfers. Nos artistes, contrairement à ceux de l’Algérie, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Congo et de la République Centrafricaine, ont brillé par leur absence.
Le 31 décembre 2010, RFI Musique a dévoilé sa sélection du Top Ten des albums world de l’année 2010. Sans grande surprise, aucun groupe de musique ou un chanteur d’origine mauritanienne ne figure dans cette sélection. Une preuve encore de plus qui montre que la musique mauritanienne est à l’article de la mort.
Une telle situation, à en croire Ousmane Touré, bassiste de la chanteuse Maalouma Mint Meydah, s’expliquerait par l’absence de valorisation de la musique mauritanienne par le ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports.
"Si, on n’arrive pas à nous hisser au rang des nations qui vendent leur musique à l’échelle planétaire, c’est parce qu’il y’a un problème de volonté politique", a-t-il indiqué, précisant que le ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports doit jouer son de facilitateur au niveau des médias, des spectacles dont la tenue et la réussite relèvent souvent d’un véritable parcours de combattant.
Les artistes ont aussi une part de responsabilité dans cet échec cuisant de cet état de fait. Et là-dessus, Ousmane Touré estime que le salut de la musique mauritanienne passerait irrémédiablement par leur professionnalisation.
"On a toujours eu des longueurs de retard par rapport aux autres pays africains. On stagne parce que les gens ne se cultivent pas assez sur le plan musical. Ils se suffisent du peu qu’ils ont. Ils dorment sur leurs lauriers dès qu’ils savent jouer deux ou trois accords croyant que la musique s’arrête là. La musique, c’est comme le sport. Les plus performants sont toujours les meilleurs", explique Ousmane Touré.
Selon lui, pour arriver à faire partie des pays qui vendent leur musique au reste du monde, on doit d’abord se structurer. Autrement dit, favoriser une industrie musicale, mettre en place un bureau mauritanien des droits d’auteur et s’ouvrir aux autres musiques pour s’imprégner. Par rapport à tout cela, la Mauritanie a d’énormes efforts à accomplir pour être performante et réussir à se hisser sur le toit de la World Music. Il est aussi clair que ce sont nos artistes d’abord qui portent au creux de leurs mains les clefs qui ouvriront les portes de leur réussite musicale.
Sur cette sélection de RFI Musique pour l’année 2010, on retrouve des artistes venus de pays et de cultures différentes qui ont permis comme de coutume une plus grande ouverture sur le monde favorisant les échanges et le "vivre ensemble".
Il s’agit de l’algérienne Hindi Zahra (Hand made), des sénégalais Cheikh Lô (Jamm) et Daara-J Family (School of Life), du malien Sorry Bamba (Dogon Blues), de l’ivoirienne Dobet Gnahoré (Djekpa La You), des centrafricains Fredy Massamba (Ethnophny) et Bibi Tanga (Dunya), du congolais Lokua Kanza (Nkolo) et enfin du groupe argentin Gotan Project (Tango 3.0).
Babacar Baye Ndiaye pour Cridem