Il est à la fois photographe, peintre et cameraman. Trois univers, trois environnements, trois vies dissemblables mais aussi faites de complémentarité. On pourrait dire aussi qu’il y a une sorte de passerelle qui les lie. Certes, Diallo Abdoulahi Tobal est encore à la recherche de la gloire, de la popularité et de la reconnaissance. Mais, de jour en jour, il ne cesse de montrer qu’il a envie d’en arriver à là. Sa rencontre avec Ba Djibril Ngawa, le manager du groupe Diddal Jaalal(peintre aussi), qu’il considère par ailleurs comme étant son maître, fut le véritable catalyseur de son éclosion dans l’art plastique.
Ba Djibril Ngawa a fait de Diallo Abdoulahi Tobal, un véritable artiste plasticien en lui donnant le goût et l’envie de manier les pinceaux et en lui faisant découvrir tout son talent d’artiste qui se tapissait en lui. L’admiration qu’ils se portent est sincère et réciproque.
Diallo Abdoulahi Tobal considère Ba Djibril Ngawa comme une idole, une icône, un inspirateur, un chef qui mérite le respect et l’estime. Ce dernier, comme un devin, a vu en Diallo Abdoulahi Tobal un futur grand artiste plasticien ! Avec humilité et modestie, il reconnaît devoir tout à Ba Djibril Ngawa et surtout dans le domaine de la photographie où il constitue avec lui les deux seuls artistes mauritaniens qui utilisent la photographie comme étant une forme d’expression artistique.
1987 : de retour de Bagdad en Irak, Ba Djibril Ngawa ramène un appareil photographique dans ses bagages. Cette date est encore gravée dans sa mémoire. C’est comme si c’était hier. Ebloui et découvrant cet objet qui l’a tant de fois et toujours façonné, il se résolut à se payer, lui aussi, après quelques démarches fructueuses, un appareil photographique à 3.000 UM.
Depuis cette date, une sensation très forte s’est emparée de son esprit. Ainsi, sous l’œil vigilant de son maître, il se lance dans la photographie à partir de la fin des années 90. Ainsi naquit son début de l’aventure dans la photographie.
Son penchant pour l’art de manière générale l’a emporté sur le reste de sa vie, de ses activités et de ses études. Diallo Abdoulahi Tobal est à la fois surprenant et déroutant. Il aurait pu être ingénieur, professeur, technicien, cadre supérieur dans une entreprise de la place. Maîtrisard en Géologie à l’Université de Nouakchott option arabe, il voue à l’art une passion indescriptible. D’ailleurs, il n’a pas de vie privée. Il est tout le temps partagé entre la photographie, la peinture et son activité de cameraman sans perdre de vue les incessantes pérégrinations à l’intérieur comme à l’extérieur du pays de Diddal Jaalal dont il est le gestionnaire indétrônable.
Avec sa physionomie, il donne l’air d’avoir l’âge d’une grande personne. Cependant, détrompez-vous : il est né en 1978 à Ould Yenge. Son adolescence, il l’a passé entre Ould Yenge, Kiffa, Kankossa et Sani où il a fait son cycle fondamental. A l’école, il se faisant déjà remarquer par ses dessins de forme animale. D’ailleurs, il a toujours obtenu de bonnes notes dans cette matière. Même au Collège, son professeur de Sciences Naturelles était admiratif de ses croquis. Bon élève, il l’a toujours été !
En 1998, il décroche son baccalauréat. Destination : Nouakchott pour y poursuivre ses études supérieures. Sa découverte de Nouakchott ouvrit de nouvelles perspectives. Depuis 2003, année à laquelle il a obtenu sa maîtrise en géologie à l’Université de Nouakchott, il est devenu le gestionnaire de l’association musicale Diddal Jaalal.
Entre une carrière administrative et une carrière artistique, il a porté son choix sur la dernière. Pour autant, il n’a pas rangé au second plan ses connaissances en géologie puisque dans certaines de ses photographies, il y a une forte imprégnation des structures et formes géologiques(les minerais, les montagnes…).
A son actif, entre 2000 et 3000 photographies prises à Nouakchott et à l’intérieur du pays. Toutes ces photos sont jalousement conservées et archivées et constitueront sans nul doute un riche témoignage de notre époque. Son premier tableau qu’il a fait porte sur l’unité nationale. Ce fut à l’occasion des journées culturelles de Nouakchott au musée national en 2007 où il a exposé en compagnie d’autres artistes mauritaniens.
Ba Djibril Ngawa peut dormir à tête reposée puisque son disciple, Diallo Abdoulahi Tobal, est digne d’être son vrai successeur. Et si vous vous hasardez à lui poser la question de savoir s’il a d’autres maîtres à penser à part Ba Djibril Ngawa, il s’empresse de vous répondre : «Non, non ! C’est Ba Djibril seulement ! »
Diallo Abdoulahi Tobal n’a pas de temps d’arrêt à observer. C’est une véritable machine à travail. S’il n’est pas en train de dessiner, il est en train de prendre des photographies ou en train de participer au briefing de l’association musicale Diddal Jaalal. Le peu de temps qu’il dispose, il le consacre à sa douce moitié et à son enfant.
A l’occasion de la quinzaine des arts du 18 juin au 2 juillet dernier, ce fut une grande et riche découverte pour lui. Il fera la connaissance de grands artistes étrangers notamment Nadia H. Cas avec il a fait un tableau commun intitulé «Amitié » avec la participation de son maître(décidément, il ne le quitte jamais de la semelle), Ba Djibril Ngawa. Artiste depuis une bonne décennie, il s’indigne du sort réservé aujourd’hui aux activités artistiques qui ne nourrissent pas son homme sous nos tropiques.
Dans sa famille, il est le seul à être artiste. Issu de culture nomade et pastorale, Diallo Abdoulahi Tobal fut aussi un petit berger, comme il est de coutume chez les peulhs. Aujourd’hui, il ne rêve que d’une seule chose : que l’art plastique s’impose en Mauritanie.
Depuis 2005, date de son mariage et de son enterrement de vie de célibataire, les choses semblent aller de mieux en mieux même s’il reconnaît avoir du mal à supporter les tracas de la vie conjugale et quotidienne. Les temps et les époques ont vraiment changé pour lui. La preuve, c’est ceux qui devaient être derrière les vaches, les chèvres et les moutons qui font aujourd’hui la photographie et de la peinture. Diallo Abdoulahi Tobal en est une parfaite illustration. C’est seulement en 2002, donc récemment, qu’il a arrêté de suivre les troupeaux.
Présentement, il est en train de préparer sa nouvelle collection de tableaux. Cet homme à la chevelure bien fournie et toujours souriant, en vrai peulh, pourrait bien aller à l’extérieur y poursuivre son 3ième cycle. Mais, il aurait préféré qu’il en est un à l’Université de Nouakchott. Ça lui épargnerait certainement le mal de pays. Son seul handicap, c’est qu’il ne maîtrise pas assez bien le français. Cependant, il compte remettre les pendules à l’heure.
Babacar Baye Ndiaye