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23 mars 2007 5 23 /03 /mars /2007 19:50

Elle est venue en Mauritanie pour présenter son spectacle et son nouvel album "Na Afriki" ce vendredi 23 mars 2007. Et pour une première, elle a laissé une bonne impression et le public qui était dans la salle des spectacles du centre culturel français de Nouakchott a beaucoup apprécié. Rencontre avec une âme d’artiste.

 

Cela fait 12 ans que Dobet Gnahoré est dans la musique. Elle a grandi dans un village panafricain artistique en Cote d’Ivoire. Dès l’âge de douze ans, elle a eu la chance de côtoyer des danseurs, des chanteurs, des artistes, des comédiens. Ce qui lui a permis, comme elle l’a laissé entendre, d’être polyvalente dans l’art. Mais pour cette ivoirienne, fille d’un percussionniste comédien, basée en France dans les Ardennes, dans un petit village de plus de deux cents âmes, être musicienne demande avant tout une certaine rigueur voire une certaine constance.

 

"Il faut chercher à être professionnel, polyvalent et exigent puisque le métier demande toutes ces choses surtout avec un public qui te juge. Il faut forcément avoir l’âme perfectionniste pour pouvoir atteindre un certain nombre d’objectifs", dit-elle.

 

Et impossible, quand on est un artiste engagé, de ne pas jeter un regard critique sur le monde contemporain, de ne pas être affecté par ce qui se passe ailleurs et surtout lorsqu’il se déroule dans un pays africain où des élites politiques prennent en otage les populations, saccagent et dilapident les richesses nationales et ne les font pas profiter aux populations démunies.

 

Pillages ou les voleurs d’or noir ?

 

"C’est un texte que j’ai écris après un voyage à Congo Brazzaville. Nous sommes arrivés là bas et nous avons vu toute la richesse de ce pays. On nous a racontés toute l’histoire de ce pays merveilleux. Et chose étrange, le peuple même n’arrive pas à profiter de la richesse qu’il a. C’est de là qu’est née l’idée d’écrire cette chanson. Je trouvais cette situation très injuste", explique Dobet Gnahoré en soupirant.

 

Son style est un mélange de musique traditionnelle de l’Afrique. "J’écoute beaucoup de la musique traditionnelle africaine. Depuis tout le temps, j’ai essayé de valoriser à ma façon les rythmes africains. Ce sont ces rythmes de chez nous qui nous nourrissent et qui ont nourri pas mal d’artistes africains et surtout aussi dans le monde extérieur. Donc, j’ai vraiment envie de valoriser la culture africaine à ma façon, d’aborder d’autres langues africaines et surtout me promener dans les rites et essayer de les jouer comme il se doit", soupire-t-elle.

 

Sa préoccupation ? C’est surtout par rapport à la situation actuelle en Afrique caractérisée par des guerres, des famines, des maladies… "Qu’on arrive à s’en sortir, à valoriser nos cultures, à se cultiver de la terre, avoir de l’eau et chercher nous même à s’autosuffire. A nous donc de prendre en charge nos vies", lance-t-elle. Un véritable cri de cœur contre les supposées fatalités qui veulent toujours que le continent africain et ses fils demeurent dans le bas du tableau mais aussi et surtout pour dire qu’il est temps maintenant de changer les choses.

 

Ancienne adepte de Woré Woré Liking (une icône de l’art africain) qui lui a donné l’envie et le goût d’être artiste, elle n’omet pas, pour valoriser sa musique et lui donner un cachet varié, d’apporter des instruments traditionnels comme la calebasse, la haute cour, la sanza et le houdou qui constituent la base même de sa musique.

 

Et coté thèmes ? "Je n’ai pas de thèmes particuliers. J’aborde tous les thèmes de la vie : la guerre, la joie, la famille, la pédophilie, la polygamie, l’inceste et cætera…". Autant de thèmes contemporains et peut être une manière pour elle d’être une artiste universelle porteuse de messages.

 

Et en tant que femme, elle a rendu un hommage à la femme africaine celle qui supporte et porte tout dans le foyer, à travers un titre "djiguène" qui veut dire en Wolof femme. Et nul doute qu’elle a envie de la valoriser surtout dans son spectacle, de la mettre en avant, de montrer sa force parce qu’elle est douce mais aussi parce qu’elle est avant tout "mère" autrement dit qu’elle a un coté très félin, la femme.

 

Et comme pour montrer que la vie est belle, elle lâche à travers son alléchante et sublime voix de femme africaine : "Dieu nous a mis sur terre pour être ensemble. Nous avons nos qualités et nos défauts. Nous sommes faits du même sang. Nous devons le respect aux autres et favoriser l’entente entre les peuples".

 

Babacar Baye Ndiaye

 

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