On l’attendait avec impatience : la sortie de leur premier album. Ce mercredi 22 avril, le groupe "Walfadjiri" de Nouakchott investissait la scène de la salle des spectacles du Centre Culturel Français Antoine de Saint-Exupéry pour lancer la sortie de leur premier album, "Séhil", en Mauritanie.
Tous les musiciens du groupe étaient là au complet : Saïdou Sow (lead vocal), Papis Diarra (Clavier, balafon, flûte), Sidi Sy (Basse), Papis Koné (guitare solo), Cheikhou Ba (Hoddu, calebasse, maracasses) et Papis Diop (Batterie, Tama, maracasses). Un par un an, ils ont fait leur apparition sur scène sous les ovations et les cris stridents du public.
On a vite oublié le léger retard apporté au commencement de la soirée. Après une présentation sommaire du groupe par Dj Paco, le public retient son souffle. Les yeux s’écarquillent pour mieux voir et apprécier. Tout est calme…
La salle est obscure. Seule la scène est illuminée par les projecteurs. Dans ce silence, Une flûte résonne au fond de la scène. Du nouveau dans les oreilles. Celui qui l’a mijoté : Papis Diarra. A la fin du spectacle, il explique : "Au départ, on a senti la nécessité d’inclure cet instrument dans notre musique. En plus, c’est un instrument traditionnel africain. C’est vrai que c’est un instrument venu d’ailleurs mais on a vu qu’on pouvait l’adapter à la musique mauritanienne".
Le premier morceau qui sera chanté dans la soirée est Séhil. "C’est dans les moments très difficiles qu’on peut reconnaitre ses vrais amis", explique Seydou Sow à la fin du morceau. Nous voilà plongés dans les rythmes de la salsa avec le morceau "Debo". La chaleur monte. A chaque nouveau morceau, c’est tout un répertoire qui est visité. Entre le morceau "Poulagou" et "Fouta", le temps est passé vite.
La calebasse, le Hoddu, la flûte, le balafon et les maracasses donnent à la musique une autre sensation. Avec "Leydam", l’ambiance devient torride. Une chanson pour l’unité nationale. Apparait Noura Mint Seymali. De sa voix captivante, elle déroule un air envoûtant. Elle chauffe le public.
"On va prier pour que la paix règne partout", lance Seydou Sow. Même intensité avec le morceau "Africa". Le public commence à lâcher. "Hé ! Maman Africa, il est temps de se bouger", entonne-t-il. Bouger, le public le fera tout le reste de la soirée.
Les rythmes endiablés reprennent de plus belle avec "Dounya" et "Souko". Plus de 90 mn de musique. L’envie de faire plaisir était visiblement là. Il ne manquait peut-être une voix féminine dans les chœurs. A défaut de cela, on s’est consolé avec "Guido", une chanson d’amour. Histoire de terminer en beauté !
Pour un tour de chauffe, ça a l’air d’avoir plu. Le public d’ailleurs est reparti avec quelque chose à se mettre sous la dent. Parmi les admirateurs de "Walfadjiri", il y avait Sow Mamadou. Il suit ce groupe depuis 3 ans.
"Ils ont fait un chemin incroyable malgré les difficultés. Aujourd’hui, je pense que c’est un couronnement. J’espère que ça va leur ouvrir d’autres portes…Ils ont souffert. Quelqu’un qui a été dans la salle peut en conclure qu’ils ont vraiment fait de la recherche. Ils ont cherché dans la culture peulh, dans la culture mauritanienne et africaine.
Ils ont mélangé avec de la musique occidentale. Ils ont vraiment trouvé un équilibre parfait. Je suis sûr et certain qu’ils iront très loin. Tout ce que je demande, c’est que le Ministère de la Culture ne fasse pas ce qu’il a l’habitude de faire. Il faut qu’il soutienne les artistes. Celui qui est venu assister à leur concert saura que c’est des professionnels. Je pense qu’ils peuvent porter très haut le flambeau de la Mauritanie à travers le monde".
"C’est la première fois que je découvre ce groupe. C’était magnifique. Ce que j’ai vu aujourd’hui n’est pas à raconter. Je ne regrette pas d’être venu. Mieux vaut voir une seule fois que d’entendre mille fois. Je ne suis pas un mélomane mais je sais qu’il y a eu un travail sérieux qui a été fait. J’ai été surpris par l’harmonie de leur musique et le plaisir que le public ressentait", témoigne Moussa Ngaïdé dit Bouba.
Après la sortie de cet album, les opportunités de bouger et de tenir des concerts à l’intérieur du pays comme à l’extérieur commencent à se dessiner. L’album "Séhil" est à n’en pas douter une consécration d’un parcours qui a commencé en 1995.
La conquête internationale est désormais lancée. "Notre rêve, ce n’est pas seulement de rester en Mauritanie, confie Seydou Sow à la fin du spectacle. Sillonner le monde, c’est notre souhait le plus profond et de nous faire connaître". A part ça, que faut-il souhaiter au groupe Walfadjiri ?"Que nous aillons plus loin et que nous soyons soudés", répond le lead vocal, Seydou Sow.
Babacar Baye Ndiaye