L’Authentique : comment avez-vous embrassé le métier ?
Amal Dria : C’est vrai que j’ai eu des cours d’art plastique au Maroc mais j’ai évolué dans la peinture à la maison des artistes peintres mauritaniens. J’ai grandi à coté de Mokhis, Mamadou Anne, Abass, des grands ténors de la peinture mauritanienne et après il y a l’arrivé de Aicha Fall, Amy Sow et autres. C’était une nouvelle ambiance à l’époque ; maintenant des artistes se sont un tout petit séparés. Il y avait des petits groupes qui s’étaient constitués par ci et par là, et en plus de cela, la maison d’artiste n’existe plus. Il n’y a plus un esprit de groupe pour construire quelque chose. On ne se voit presque plus. Pour se voir, c’est à l’IFM.
L’Authentique : par rapport à votre formation au Maroc, comment voyez-vous la peinture mauritanienne ?
Amal Dria : on ne peut pas situer la peinture dans des normes d’éducation, d’apprentissage parce qu’être peintre c’est avant tout être sincère. Ça se passe dans le moment exact quand la personne sent ce qui se passe à l’intérieur d’elle et qu’elle se projette sur le tableau. Si on parle du figuratif, il y a des normes à suivre et personnellement c’est une sorte d’art qui est jolie, bien, très nette que la photo. Par contre, l’abstrait fait sortir l’intérieur de la personne. Il y a aussi plusieurs formes d’art plastique comme le cubisme ou autres. Là c’est un instant de vérité imprimée sur la toile.
L’Authentique : quel doit être le rôle du peintre dans sa société, notamment en Mauritanie ?
Amal Dria : pour moi c’est quelqu’un qui se pose des questions, fait de petites remarques chatoyantes qui peuvent attirer le public vers une idée, un problème ou éclaircir quelques ambigüités. C’est ça l’art. Créer une opinion nationale. Personnellement, j’essaye toujours d’être engagé. Ce qui m’intéresse c’est l’homme en général quelque soit sa nationalité. Nous sommes tous des êtres humains parce que si je te gifle ou t’insulte, tu va avoir mal certainement et tu va me répondre. Selon ta réponse il y aura conflit, le conflit mène à la méchanceté, la méchanceté à la finesse et la finesse mène à tout.
L’Authentique: la jeunesse perçoit-elle les messages des artistes ?
Amal Dria : bon parfois ça passe, parfois c’est le contraire. Ça dépend de la façon par laquelle on mène notre démarche parce parc que nous cherchons à être écouté donc il faut faire beaucoup d’effort pour être écouter ce qui n’est pas facile dans ce monde. L’art ne peut se passer que dans les écoles. Si on nous voulons construire une jeunesse ou les hommes de demain dotés d’une intelligence, qui se posent des questions, qui cherchent à résoudre quelque chose, je pense la peinture est parmi les moyens pour former ces hommes de demain. Parce que si nous voulons traiter un thème sur un support quelconque, nous sommes appeler à réfléchir, à résoudre l’équation. Si demain nos enfants ont eu une bonne éducation, ils peuvent être des guerriers qui vont construire cette société.
L’Authentique : arrivez-vous à vivre l’art ?
Amal Dria : en Mauritanie c’est pas facile mieux qu’avant parce que il fut temps les gens considéraient les dessins comme quelque chose de " haram ".il y avait une question de " halal " et de "haram " de ce qu’on fait et on était un peut rejeté de la société jusqu’à présent parce que si quelqu’un te demande qu’est ce que tu fais tu le dis que tu peint, il te prend comme un fou mais heureusement avec le système français il existe un enseignement d’art et l’histoire d’art. J’aimerai bien que le système arabe prenne la même initiative parce que ça va créer des emplois pour les artistes, ça va résoudre des problèmes. C’est important.
L’Authentique : avec la crise beaucoup de gens meurent de faim, est ce que les artistes arrivent-ils à vendre leurs produits ?
Amal Dria : ce qui est bizarre c’est que l’art vie dans la souffrance, il ne vit pas dans le confort. Pour moi l’art plastique c’est comme des fleurs qui ont besoin d’un sol très dur pour se forger et pour se nourrir de sa souffrance et être là pour exister. En tant prof d’art plastique, j’ai des élèves qui ont des moyens et d’autres qui n’en ont pas et ces derniers ont une inspiration incroyable. Ils ont le besoin de s’exprimer, de dire quelque chose. Ils aiment raconter des histoires avec toute l’attention, avec tout intérêt pour continuer leur œuvre et de leur coté les enfants tout ce qu’ils veulent si tu le donne tu l’emmerde parce qu’ils aiment jouer à autre chose que de s’exprimer.
Propos recueillis par Cheikh Oumar N’Diaye (L'Authentique)
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