Malgré l’âge, il continue à exercer toujours sa passion : la peinture sur verre. Lui, c’est Jamel Hosni, un tunisien d’origine. Pour la première fois, il expose en Mauritanie, à l’Equinoxe Center. Cette exposition qui a commencé le 28 mai s’étendra jusqu’au 18 juin prochain.
Jamal Hosni, la soixantaine, réside à Nouakchott depuis cinq ans. Il gère actuellement une usine de peinture. Parallèlement à cette activité, il fait de la peinture pour le plaisir et non pour l’argent. "Je suis mosaïste. Je suis dans l’art depuis pas mal d’années", dit-il.
Jamal Hosni traîne avec lui une longue expérience dans le domaine de la peinture. A son compteur, il a participé à de nombreuses manifestations artistiques internationales. En Tunisie, son bled, c’est une icône de la peinture sur verre. "Je me suis spécialisé dans l’artisanat maghrébin aussi bien dans l’artisanat berbère que la normalisation et le caractère de l’Afrique du nord en général", explique-t-il.
Dans les évènements artistiques où il a eu à participer, ces œuvres ont toujours porté sur l’artisanat. "La Tunisie est pays touristique. L’artisanat, un produit artistique", tente-t-il d’expliquer. Sa première exposition de peinture sur verre à Nouakchott était une occasion pour lui d’explorer l’art plastique. "J’ai donné à cette exposition un autre aspect : c’est reproduire l’art plastique sur la peinture sur verre", dit-il.
Au total, 27 tableaux qui rappellent l’artisanat maghrébin, l’Afrique du nord. Avec quelques retouches apportées ça et là dans quelques œuvres, Jamel Hosni a voulu jouer aussi sur les motifs et les couleurs. "Ce n’est pas moi qui ai créé la peinture sur verre. C’est un art qui existe depuis des siècles, précise-t-il. Il a ses normes et ses caractères. On est au 21ième siècle. On est plus libéral. On a plus de liberté pour donner de l’expansion à la peinture afin qu’elle soit représentée dans l’art plastique comme je l’ai appliqué dans l’art tunisien".
La peinture sur verre, comme tout art, est un art qui exige beaucoup de finesse et de dextérité. D’ailleurs, à travers ses tableaux, on sent une certaine recherche de l’imaginaire que procure la peinture sur verre, un art encore inconnu du public mauritanien. "J’ai profité de la beauté de la peinture sur verre pour rendre mes tableaux moins académiques pour qu’ils soient à la portée de toutes les classes et de toutes les bourses", rappelle-t-il.
Entre œuvres artistiques et articles décorateurs, le visiteur aura certainement l’embarras du choix devant les 27 tableaux qui seront exposés jusqu’au 18 juin prochain. Les prix de ces tableaux varient entre 18.000 UM et 60.000 UM.
Cette belle collection de Jamel Hosni qui a grandi avec l’esprit de devenir un jour un grand peintre replonge le visiteur dans les viscères de la tradition artistique tunisienne avec des messages bien définis pour attirer l’attention sur la nécessité de sauvegarder notre artisanat, le patrimoine commun à toutes les civilisations.
La belle histoire de Jamel Hosni avec la Mauritanie qu’il a découvert récemment continue. Son exposition de peinture sur verre est née de l’angoisse et de la solitude qui l’accompagnent souvent à des heures creuses. Il révèle : "Le peu de temps que j’aie eu, en dehors de mon travail, j’en ai profité pour donner le maximum de moi-même pour créer cette collection qui parle de tout à partir de l’artisanat".
Certains sujets d’actualité comme les changements climatiques et de plus prés chez nous l’avancée du désert sont évoqués dans les tableaux. En plus de cela, il est aussi des tableaux qui rappellent le printemps, une manière pour l’artiste de montrer qu’en Afrique du nord, ce n’est pas uniquement le vaste désert qu’on peut découvrir ou contempler.
Une part belle a été aussi réservée à la calligraphie notamment arabe. "La calligraphie arabe est très riche. Elle exprime notre civilisation et notre religion", exulte-t-il. La religion est quasi omniprésente dans la collection de peinture sur verre de Jamal Hosni. Dans deux ses tableaux, il exalte les noms sacrés d’Allah en deux types de calligraphie différente. C’est d’ailleurs, ces deux tableaux qui ont ravi la vedette au reste de la collection.
Cette collection de 27 œuvres fait aussi un clin d’œil au rapprochement et au dialogue des cultures entre les peuples de l’Afrique du nord. "Le dialogue social existe. Le dialogue politique existe. Le dialogue économique existe. Maintenant, c’est le dialogue culturel qu’il faut véhiculer. Pour moi, c’est un départ pour ce dialogue et j’espère que dans le futur, il y aura également d’autres expositions sur d’autres thèmes qui touchent notre terre, notre patrie, notre civilisation…", dit-il.
Outre les questions temporelles qu’il évoque dans ses tableaux, il est aussi question de spiritualité. C’est aussi cela le charme des tableaux de Jamel Hosni. Une chose : allez-y faire un tour à l’Equinoxe Center pour le plaisir des yeux. Vous ne serez pas déçu !
Babacar Baye Ndiaye