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18 décembre 2009 5 18 /12 /décembre /2009 19:57

Après avoir connu le succès en France et joué à l’ouverture du festival international de la Francophonie à Limousin, le créateur du musée Bombana de Kokologo Athanase Kabré semble vivre sur des nuages. Ce spectacle de jeu d’acteurs et de manipulation a été joué au centre culturel français Antoine de Saint-Exupéry de Nouakchott où il a fait escale, ce 6 novembre, dans le cadre d’une tournée africaine.

Le musée Bombana de Kokologo est un musée hors pair. Mais, vous êtes d’ores et déjà prévenu : il n’a rien à voir avec les grandes bâtisses transformées en musée. Celui-ci est un spectacle de théâtre à la fois insolite et qui fait pouffer de rire même les plus difficiles à faire apercevoir leur rictus.


Le guide de ce musée itinérant est M. Bakary interprété par Athanase Kabré, le directeur artistique de la Compagnie du fil basée à Ouagadougou au Burkina Faso. Il est tombé dans la marmite de l’art en 1987 en effectuant ses débuts dans une compagnie théâtrale dénommée le «Théâtre de la fraternité » dirigée présentement par le professeur Jean-Pierre Guingané en tant que comédien.


En 1992, il part en Istanbul en Turquie pour exercer le métier de marionnettiste, après une formation dans ce domaine à Rouen en France. De retour au pays en 1998, il crée la Compagnie du fil qui, depuis dix ans, travaille de manière spécifique sur l’art de la marionnette. En 2008, la France le découvre, dans le cadre  d’une tournée, avec son fameux musée Bombana de Kokologo. Le succès est immédiat. Depuis Athanase Kabré semble avoir trouvé sa voie. Aujourd’hui, il part à la conquête du public africain.


Le musée Bombana de Kokologo est, ce qui le rend drôle, un spectacle de rue qui se présente sous forme de musée avec un conservateur qui fait le guide en la personne de M. Bakary. C’est un spectacle qui n’a rien à voir avec la visite classique dans les musées. Dans le musée Bombana de Kokologo, on retrouve des objets divers (douche portative, pilon, couteau suisse, des postes de transistor…) qui rappellent et qui s’inspirent du quotidien de la vie des africains par le biais d’une scénographie. Des objets à partir desquels, Athanase Kabré, déguisé en guide, vêtit des histoires très cocasses.

                Photo-koko6.jpg
Du coup, le spectateur est immédiatement accroché par ce petit musée fictif, créé de toutes pièces, qui possède une panoplie d’objets uniques. A partir d’une situation ou d’une réalité, Athanase Kabré en arrive à les habiller d’une histoire pittoresque et loufoque. «On part réellement de ce que vivent les populations. On fait un délire dessus. On écrit un texte dessus pour lui donner son caractère théâtral qui fait qu’il y a un peu de dérision et de comique », explique Athanase Kabré.


Et, cela semble marcher puisque les spectateurs, venus regarder ce spectacle, ont bien apprécié. Même si parfois, certaines histoires qu’il raconte sont loin d’être des réalités de chez nous mais nous permettent néanmoins d’avoir une idée de son pays.


«Au Burkina Faso, on joue beaucoup au PMU. On mise sur des chevaux qui courent en France. Si les burkinabé sont intéressés par la course des chevaux, nous, nous leur proposons un jeu fabriqué à Kokologo. Et, là, ils pourront jouer et voir concrètement les chevaux, au lieu de miser sur des chevaux qu’ils ne voient pas», dit-il.


Mettre en dérision n’est pas uniquement le propre du théâtre. Athanase Kabré propose des alternatives à certains problèmes récurrents qui engorgent les africains mais qui peuvent marcher. Comme par exemple la douche portative que les mauritaniens pouvaient bien adopter. «Quand il y a les coupures d’eau par exemple, quelqu’un pourrait avoir l’idée de se promener avec tout le système qu’on a fabriqué et de proposer aux gens de prendre une douche», ironise-t-il.


Kokologo n’est pas un mythe. Mais  bien le nom d’un village situé à 45 km de Ouagadougou sur la RN1 sur l’axe Ouagadougou-Bobodioulasso. «C’est un village tranquille. C’est un nom que j’ai pris comme ça parce que c’est mon village, parce qu’aussi, je voulais créer des choses bizarres, un musée fictif et à travers le récit, faire en sorte qu’on imagine ce qui se passe à Kokologo», raconte Athanase Kabré.


Le musée Bombana de Kokologo est tout sauf un spectacle complaisant avec ceux qui ont la mainmise sur l’économie africaine, avec ces gens-là qui sont très carrés et qui veulent que tout le monde fasse comme eux, mais surtout un clin d’œil aux coopérants qui, parfois, croient bien faire mais ratent le coche parce qu’ils ne connaissent pas l’esprit du village.


En tout cas, ce spectacle nous a vraiment donnés l’envie d’aller visiter le village de Kokologo.

Et un conseil d’Athanase Kabré avant d’aller fouetter d’autres chats dans d’autres pays du continent: «Il ne faut pas être artiste pour être artiste. On est artiste parce qu’on a des choses à dire. Et, ces choses-là à dire, si elles n’intéressent pas le public, je ne crois pas qu’on soit en droit de s’exprimer. Et, pour que le public soit intéressé, il faut qu’on lui parle de ce qu’il veut entendre, de ce qu’il vit, qu’on lui parle de ce qui peut l’intéresser sans lui donner forcément des solutions. Mais qu’il sache que tel problème posé de telle manière peut engendrer ceci ou cela».

 

Babacar Baye NDIAYE

 

 

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