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10 octobre 2010 7 10 /10 /octobre /2010 20:46

OUSMANE GANGUEJusqu’à l’extinction du soleil, Ousmane Gangué croit, en toute sincérité, qu’après presque deux années d’absence sur la scène musicale, que les mauritaniens, du moins ses fans, le portent toujours dans leurs cœurs. Retourné en France pour revenir d'ici, un mois, en Mauritanie, en vue de préparer son départ à Dakar, dans le cadre de la troisième édition du "Fesman", Ousmane Gangué a la certitude d'avoir remonté la pente après son grand retour dans son pays. 

 

Tout compte fait, on n'a pas manqué, toutefois, de qualifier son grand retour de non évènement. Mais, lui, ne s'en offusque guère. "Dans la vie, il y'aura toujours des mécontents, des gens stressés. Personne ne peut satisfaire ces gens-là que je considère comme des virus", se moque Ousmane Gangué.

 

"Certains mauritaniens ont l'esprit constipé. Ils ne supportent pas des artistes comme moi. Ils ne savent pas apprécier les artistes à leur juste valeur. Il y'a des gens qui ne m'aiment pas, qui ne pensent qu'à me nuire, qui me détestent parce que leurs femmes m'apprécient. Ce n'est pas une raison de me vouer aux gémonies", poursuit-il. Dans l’entretien suivant, il dégage également en bloc tout soutien à Mâaouiya Ould Sid’Ahmed pendant qu’il était Président de la République.

 

Cridem : On dit de vous que vous êtes un artiste à l'état pur. Mais, lorsqu'on se penche sur votre carrière musicale, on reste sur sa faim. Qu'est-ce qui manque, aujourd'hui, à Ousmane Gangué pour être à l'image d'un Baba Maal, Koffi Olomidé, Salif Keita, Tiken Jah Fakoly, Youssou Ndour...?

 

Ousmane Gangué : Il me manque juste le soutien du public mauritanien. Sans cela, il me serait très difficile de prétendre au même statut que ces artistes-là dont vous faites allusion. Les artistes mauritaniens sont de plus en plus démotivés à cause de cette absence de soutien de la part des mauritaniens qui préfèrent se gargariser des chansons venues d'ailleurs.

 

Il ne faut pas perdre de vue non plus que Baba Maal, Koffi Olomidé, Salif Keita, Tiken Jah Fakoly, Youssou Ndour...ont commencé à faire de la musique depuis plus d'un quart de siècle. Au-delà de ma personne, tous les artistes mauritaniens ont besoin d'être encouragés notamment par les pouvoirs publics. Les Mauritaniens, croyez-moi, sont un peuple qui n’essaye pas de susciter l'excitation chez ses artistes.

 

Cridem : Aujourd'hui, on entend de plus en plus que vous êtes devenu l'ombre de vous-même après votre départ en France. Est-il vrai que vous n'avez plus rien à prouver aux Mauritaniens?

 

Ousmane Gangué : C'est leur point de vue. Cependant, il ne faudrait pas qu'ils omettent non plus que je vienne d'amorcer ma carrière musicale. Je le rappelle encore à ceux qui ne le savent pas : j'ai débuté la musique à partir de 1996. Aujourd'hui, sans me jeter des fleurs, je suis un artiste de carrure internationale et je crois que je l'ai prouvé à Bercy ou dans des grands festivals.

 

Mais, néanmoins, j'ai toujours eu la tête sur les épaules. Je n'oublie pas que j'ai encore du chemin à faire pour s'imposer non pas en Mauritanie, car c'est déjà fait, mais sur le plan international. La notoriété et le succès que je traîne avec moi aujourd'hui est le résultat d'un travail sérieux fait d'abnégation et de conviction.

 

Et, modestie à part, je peux naturellement revendiquer le titre d'ambassadeur de la musique mauritanienne à l'étranger. Nous sommes dans un pays où il est très difficile de convaincre. Dans d'autres pays, mon talent est attesté et reconnu. Ce qui est loin d'être le cas dans mon propre pays où je suis sans cesse cloué au pilori.

 

Cridem : Vous aviez, à l'époque, soutenu Mâaouiya Ould Sid'Ahmed dans une de ses campagnes électorales. Ce que votre propre communauté ne vous a pas pardonné du fait des souffrances et exactions qu'il lui a fait subir durant son règne. Avec le recul, regrettez-vous de l'avoir fait?

 

Ousmane Gangué: Je ne me dérobe pas derrière mes choix et orientations. Si, c'était à refaire, je le répéterai. Sans remords. Car, je l'ai fait sur invitation du Président de la République qui incarne l'institution la plus importante dans le pays. Ceci est également valable pour Mohamed Ould Abdel Aziz. Donc, de ce point de vue-là, je crois que je n'ai rien à regretter d'avoir chanté pour Mâaouiya Ould Sid'Ahmed Taya.

 

Je vous rappelle, au passage, que je n'étais pas le seul artiste que l'équipe de campagne de Mâaouiya Ould Sid'Ahmed Taya avait sollicité. Elles sont nombreuses ces personnes qui ont bénéficié des largesses de son pouvoir à commencer par les hommes politiques. Cela dit, je ne l'ai jamais soutenu. J'ai toujours soutenu ma poche, ma famille. Je n'ai jamais eu un tête-à-tête avec lui. C'est l'équipe de sa campagne électorale qui m'avait sollicité pour chanter. Point. S'il revenait au pouvoir, à titre d'exemple, beaucoup de mauritaniens se couvriraient de honte sauf moi.

 

Je suis un artiste qui gère un foyer, un groupe. Du coup, si, on me fait appel, je vais répondre favorablement en vue d'exploiter cette opportunité pour gagner de l'argent et gérer mon plan de carrière musicale. Je ne suis jamais allé sollicité quoique ce soit auprès de Mâaouiya Ould Sid'Ahmed Taya.

 

Cridem : Après votre départ de la Mauritanie, il y'a eu l'émergence de nouvelles voix de la chanson Poular dont Saidou Nourou Gaye qu'on dit qu'il est en train de vous supplanter. On soutient même qu'il est devenu votre égal. Cela vous gêne-t-il?

 

Ousmane Gangué : Je suis un artiste qui a déjà prouvé son talent, qui continue à promouvoir la musique mauritanienne en dehors de nos frontières. C'est une évidence. Je n'ai pas forcé pour que les mauritaniens m'admirent. Bien au contraire, j'ai prouvé avant qu'ils ne s'identifient en moi.

 

A l'heure actuelle, je n'ai pas encore vu un artiste de ma trempe en Mauritanie qui peut me talonner. J'ai voyagé, participé à de nombreux festivals. J'ai fréquenté des artistes de renommée internationale. J'ai un carnet d'adresses bien fourni. Grâce à ce que j'ai fait dans la musique, j'ai une bonne image au Sénégal, en France, au Canada, aux Etats-Unis d'Amérique

 

Qu'à cela ne déplaît à certains, celui qui pourra me concurrencer n'est pas encore né. Comme le dit un adage populaire Poular, la chèvre, que cela lui plait ou pas, produit moins de lait que la vache. Certes, Saidou Nourou Gaye a du talent. Mais, je suis désolé de le dire, il ne m'arrive pas à la cheville. Malgré tout ce que les gens sont en train de raconter, il ne peut pas y avoir de rivalité entre nous. C'est un jeune que je respecte beaucoup comme je respecte Demba Ndiaye Ndilane, Ndèye Coumba Dia, Hamady Gawdel Bâ...

 

Cridem : Qu'est devenu Samba Pam qui était votre manager? Et pourquoi vous vous êtes séparés?

 

Ousmane Gangué : Samba Pam, c'est mon ami. Il n'a jamais été mon manager. Je l'ai toujours considéré comme un frère de sang. C'est son père qui me l'avait confié avant qu'il ne décède. Je l'ai considéré, par la suite, comme étant un membre à part entière de ma famille. Ceci dit, cela n'empêcherait pas que je me débarrasse de lui dans l'intérêt de notre relation.

 

Malgré qu'on se soit séparé, on garde toujours de bons rapports. Après l'amour, ce n'est pas la guerre. Pour moi, Samba Pam, c'est du passé. Maintenant, il est permis aux gens de gloser ou de dire ce qu'ils veulent. Entre Samba Pam et Ousmane Gangué, il n'y a rien. Je reconnais qu'il a beaucoup oeuvré pour la réussite de ma carrière musicale. Ce qu'il y'a entre nous deux, c'est quelque chose de très privé. Actuellement, il est en train de manager Saidou Nourou Gaye. Je lui souhaite bon vent!

 

Propos recueillis par Babacar Baye NDIAYE

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