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18 avril 2009 6 18 /04 /avril /2009 16:38

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C’est tout Nouakchott qui attendait sa venue. Il s’agit de Tunisiano, un des fondateurs du puissant groupe de Rap français Sniper. En Mauritanie, il y compte des milliers de fans. C’est sa première fois de mettre les pieds au pays des millions de poètes. Jusque là, il avait fait tous les pays du Maghreb excepté la Mauritanie. "Je suis très flatté du fait qu’on m’ait appelé. Je n’avais jamais fait la Mauritanie. Je vois que les gens sont super gentils et super accueillants. Je suis hyper content", déclare-t-il avant de monter sur la scène de "Assalamalekoum Hip Hop Festival".

 

Tunisiano a appartenu au groupe de Rap de l’Hexagone, Sniper. Depuis quelques temps, il évolue en solo. Sniper a été porté sur les fonds baptismaux en 1997 à Deuil-la-Barre à Paris. Tunisiano nous rafraîchit la mémoire. "La création de Sniper s’est fait naturellement. J’ai toujours aimé le son. Idem pour Blacko et Aketo. On habitait ensemble. On a grandi dans le même quartier. On s’est dit un jour pourquoi pas ne pas former un groupe. Dès qu’on l’a fait, on a décidé d’appeler le groupe Sniper. Et, après, ce qui s’est passé s’est passé".

 

Chacun par la suite a préféré voler de ses propres ailes. Ce groupe de rap est essentiellement composé de fils d’immigrés. Tunisiano est d’origine tunisienne. Aketo algérienne et Blacko réunionnaise. Ensemble, ils ont sorti 3 albums qui ont révolutionné le Rap français. Après le temps de la gloire et du succès, les voilà plongés dans leur méditation. La routine et la lassitude sont passées par là. Question aussi de souffler et de se lancer dans une carrière solo. Pour autant, ce n’est pas la séparation définitive. Tunisiano rassure : "On a déjà fait pas mal de trucs intéressants ensemble. On a demandé à ce que chacun d’entre nous fasse une carrière solo. Peut-être que ça pourrait nous faire du bien à chacun d’entre nous".

 

Pour autant, la vie continue et d’ailleurs ce n’est pas la fin du monde. Entre temps, Tunisiano a sorti son premier album solo, Le regard des gens qui vient s’ajouter à sa riche discographie qu’il a eu à faire avec le groupe Sniper : Du rire aux larmes (2001), Gravé dans la roche (2003) et Trait pour trait (2006). Toujours avec Sniper ? Là-dessus, Tunisiano tergiverse : "Là, pour le moment, chacun d’entre nous mène une carrière solo. Après, Incha Allah, on verra si on pourrait faire un album ensemble. Ce n’est pas encore sûr."

 

Sniper va-t-il continuer à exister ? "Concrètement, je ne peux pas dire ni oui ni non. Je dirai plutôt que Snipper est en stand by. Chacun d’entre nous a décidé de faire une carrière solo. On ne sait pas ce que cela va donner", avance Tunisiano, dubitatif. Au sujet de "Assalamalekoum Hip Hop Festival", il confie : "C’est une bonne expérience. Je suis très impressionné. Je ne m’attendais pas à voir autant de monde".

 

Tunisiano est un cogneur invétéré. Un rappeur qui décoiffe. Avec lui, c’est toujours des paroles qui égratignent. "Le Rap, à la base, c’est une musique engagée, une musique assez virulente. A partir du moment qu’on a des problèmes dans la vie de tous les jours, la musique la plus appropriée qui nous parle, c’est le Rap. On y revendique des tas de choses qu’on soit Arabes, Noirs, Chinois, Juifs, Musulmans, Chrétiens etc.", explique-t-il.

 

Pour lui, il n’y a pas de barrières dans le Rap. "Il n’y a pas de religion, de race, de culture. Le seul truc qui nous différencie, c’est la barrière de la langue parce que parfois on ne se comprend pas", dit-il. Il n’y a rien de mystique aussi et d’étonnant chez Tunisiano. "Je m’inspire dans un premier temps de ma vie, des choses qui me sont arrivées, des choses que j’ai pu voir et découvrir. Je regarde aussi beaucoup la télé. J’aime aussi les films. Tout ça me donne pas mal d’idées", confie-t-il.

 

Son champ de revendication est assez large. Dans l’album Trait pour trait dans le morceau Eldorado, on y dénonce les dérives de l’immigration et de cette obsession qui hante les candidats à la recherche d’une situation meilleure. "Que ce soit en Mauritanie, en Algérie, en Tunisie ou partout ailleurs, on a tous envie à un moment donné de traverser", soutient Tunisiano.

 

C’est cette envie-là qui l’a d’ailleurs amené jusqu’en Mauritanie. Il a mis le feu sur la scène de "Assalamalekoum Hip Hop Festival". Entre lui et le public, ce fut une véritable communion. A chaque morceau qu’il entonnait, le public répétait à son tour les refrains. Comme quoi, les mauritaniens savent bien apprécier les rappeurs français. Tunisiano est reparti convaincu que le public mauritanien le porte bien dans son cœur. Le public a semblé mordre aux skratchness du Disc jockey et du flow de Tunisiano. " Ça fait longtemps qu’on n’a pas vu un public aussi magnifique", lâche-t-il en fin de concert.

 

Babacar Baye Ndiaye

 

 

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