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1 juillet 2012 7 01 /07 /juillet /2012 01:42

Adiouza.JPG

Invitée du Festival Assalamalekoum 2012, la jeune chanteuse sénégalaise, Adji Kane Ouza Diallo, plus connue sous le sobriquet d’Adiouza, s’est produite, pour la première fois en Mauritanie, ce vendredi 29 juin, au stade de Ksar, à Nouakchott, en interprétant deux morceaux en l’occurrence "Madou Sarr" et "Samba Mbalax".  Une belle occasion d’aller à la rencontre de cette ethnomusicologue affirmée à l’antipode de l’exigence des canons de beauté occidentale.

Fille d’un artiste très réputé pour son engagement, Adiouza a très tôt baigné dans un environnement musical. Sous l’œil de son père, elle se met, très jeune à communiquer avec le micro. Comme toutes les grandes voix, elle a commencé à éclore sa passion musicale, à l’âge très précoce. Souvent, après les répétions de son père, elle et son frère, Cheikh Lô Ouza Diallo, improvisaient leur propre scène.

Faire une carrière musicale va véritablement s’imposer en elle plus tard, en classe de terminale. Elle s’essaie d’abord, sous l’encadrement de son frère, Cheikh Lô Ouza Diallo, au jazz et à la variété, se produit dans certains Clubs de Nuit de Dakar. Elle se présente, parallèlement, à un concours d’entrée à l’Ecole Nationale des Beaux-arts de Dakar où elle est recalée pour son niveau de français moyen. Ce fiasco est vécu comme une humiliation. Mais, elle a déjà une idée derrière la tête : aller en France. "J’ai remué ciel et terre pour y aller", explique-t-elle.

Dakar-Paris-Bahia

Auteur-compositeur, Adiouza est avant tout ethnomusicologue affirmée. Son passage au département de Musique de l’Université Paris-VIII lui permet de découvrir les musiques de tradition orale qu’elles soient de l’Amérique du Sud, de l’Afrique ou de l’Inde. Son premier Master portera, d’ailleurs, sur la musique Bassari, et le second, sur la musique du  Lamb ou lutte sénégalaise.  

Férue de découvertes et de rencontres, elle voyage au Mali, au pays du Wassalou où est originaire Oumou Sangaré. "Cette période m’a beaucoup enrichi et a fait de moi, ce que je suis devenue aujourd’hui", dit-elle.

Entre deux voyages, deux nuits, elle écrit, compose. En 2009, elle sort son premier album, Madou, fruit de son aventure et de ses recherches musicales. Dans cette production aux airs de revanche, on retrouve des morceaux à succès comme Nobel inspiré de Carmen de l’auteur-compositeur français du XIX siècle Alexandre-César-Léopold Bizet, dit Georges Bizet, Je M’Voyais déjà de Charles Aznavour. La sortie de cet album la propulse sur la scène musicale sénégalaise.

"Par cet album, j’ai voulu partager toute l’expérience que j’ai eue à travers d’autres musiques et d’autres pays aussi", explique Adiouza.

Cette envie de partager la mènera à Bahia, au Brésil plus tard pour les besoins de ses recherches musicales. Entre un aller-retour entre le Brésil et le Sénégal, elle compose et sort un single, Samba Mbalax, qui figurera aussi dans son second album lequel sortira dans moins de deux mois. Le morceau, Samba Mbalax, s’inscrit aussi dans une démarche d’ouverture musicale.

Refus d’être "éternelle esclave aliénée"

Aujourd’hui, Adiouza semble avoir redécouvert son africanité. Désormais, elle refuse d’être cette "éternelle esclave aliénée" qui suit aveuglément "le diktat de la suprématie des canons de beauté occidentale". Très adéquate avec sa pensée, Adiouza, portée par une revendication identitaire, adopte un look afro, se gausse des nouvelles techniques de beauté.

"A un moment donné, je n’en pouvais plus parce que je dépensais beaucoup de sous juste pour mes cheveux naturels. Pour la dépigmentation, cela demande beaucoup de sous. C’est bon là, me suis-je dit à un moment! On ne peut pas continuer à ressembler à quelqu’un qui n’a jamais cherché à vous ressembler", affirme-t-elle. 

Un bel avant-goût du prochain album sur lequel elle a déjà bossé et où "l’on retrouvera plusieurs sonorités", précise-t-elle. Depuis la sortie de son premier album, Madou, sa carrière musicale a pris l’envol. Et, désormais, vivant entre Paris et Dakar, Adiouza porte sur sa tête la couronne d’artiste consciente, en phase avec les réalités sociales de son environnement, pour servir d’orientation à ses sœurs. "J’ai beaucoup voyagé et je sais comment les autres nous perçoivent, ce qu’ils pensent de nous", dit-elle. Suffisant pour elle de se montrer rebelle. "Nous devons  montrer notre africanité et être fiers de ce que nous sommes", lâche-t-elle avec beaucoup de solennité.

Ses amis Dobet Gnahoré, Mokobé, Fatimata Diawara sont aujourd’hui connus sur les scènes d’Europe et des Etats-Unis d’Amérique. A leur image, elle compte se lancer dans une carrière internationale. "J’ai envie de défendre mon pays, de partager ma musique, tout ce que je fais avec d’autres cultures et prendre aussi ce que les autres cultures peuvent m’apporter".

Babacar Baye Ndiaye

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