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Qui aurait pensé que nos rappeurs avaient perdu leur réputation : celle de dénoncer. Détrompez-vous ! Après "Ewlad Leblad" qui vient de chanter un morceau contre le coup d’Etat du 6 août, c’est au tour de Couly Man, par ailleurs médiateur du groupe de rap «La Rue Publik» de monter au créneau, en exigeant de Mohamed Ould Abdel Aziz de quitter le pouvoir.
S’exprimant sur la situation actuelle du pays qui se trouve divisé en pro-Sidi et pro-Aziz, il n’a pas caché ses craintes de voir la Mauritanie basculer dans une situation sociale et politique dramatique. D’où son appel à toutes les parties afin de trouver les solutions à cette crise. Toutefois, il a fait savoir son ras-le-bol de la permanence des coups d’Etat en Mauritanie.
Et, pour lui, celui que vient de se faire, contre toute attente, après une transition démocratique citée en exemple à travers le monde notamment arabe et africain, Mohamed Ould Abdel Aziz doit sonner le glas d’une époque révolue. "On en a marre que les militaires prennent les destinées de notre pays", s’insurge-t-il.
Pour lui, au nom de la démocratie, les militaires n’ont pas le droit de s’ingérer dans la vie politique du pays, a fortiori prétendre diriger la Mauritanie. Cette tâche, rappelle-t-il, incombe aux hommes politiques.
Il estime que le coup d’Etat du 6 août 2008 n’est pas la manière appropriée de sanctionner un Président de la République qui a été élu démocratiquement par la majorité du peuple mauritanien. Il y a des voies légales par lesquelles on doit passer pour ce faire, a-t-il rappelé.
Il est temps, a-t-il laissé entendre, qu’on cesse de plonger la Mauritanie dans des situations pareilles qui inquiètent plus qu’elles ne rassurent. Et, sur le plan médiatique, il a fustigé l’attitude des médias publics qu’il considère comme étant un excès de zèle. "A l’échelle internationale, la Mauritanie n’est plus considérée ! C’est comme si on était rayé de la carte", se désole-t-il.
Partant de ce constat consécutif au coup d’Etat du 6 août 2008, Couly Man a appelé le général Mohamed Ould Abdel Aziz à remettre le pouvoir à Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi afin qu’il termine son mandat de 5 ans et surtout afin d’épargner à la Mauritanie les foudres de la Communauté Internationale.
Pour autant, cet appel, selon lui, ne signifie pas un soutien à Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi qu’il n’a pas ménagé non plus dans ses critiques. Mais, pour lui, l’essentiel est qu’on sauve la Mauritanie de l’impasse et qu’on en finisse avec les coups d’Etat.
Il a plaidé, dans sa sortie, pour plus de liberté d’expression et de presse. Dans son réquisitoire, il n’a pas raté les parlementaires ayant soutenu le coup d’Etat du 6 août 2008. "C’est honteux", trouve-t-il. Occasion pour lui d’appeler le peuple mauritanien à les sanctionner aux prochaines élections législatives.
Déçu par l’attitude des parlementaires ayant soutenu Abdel Aziz qui a refusé de se plier à la décision de l’institution présidentielle, Couly Man n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. Pour lui, ce n’est plus le temps d’accepter de laisser les militaires mener le pays comme ils l’entendent. "Quiconque n’est pas là pour le peuple, celui-ci ne sera pas là pour lui non plus", rappelle-t-il.
A l’avis de Couly Man, Aziz n’a aucune expérience pour diriger la Mauritanie. Son rôle, dit-il, c’est de rester dans les casernes et d’exécuter les ordres du Président de la République qui est par ailleurs chef des armées. Autant de raisons qui doivent le pousser à rendre le tablier.
Et, comme la majorité des mauritaniens, il se pose la question suivante : quand est-ce qu’Aziz va quitter le pouvoir ou organiser des élections présidentielles ?
Par Babacar Baye Ndiaye