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Au revoir l’édition 2009 de la fête de la musique. On a vite fait de ranger nos cliques et nos claques. On se prépare pour l’an 2010, espérons-le au moins, avec une programmation cette fois-ci beaucoup plus alléchante que celle de 2009. Des critiques par-ci et des remontrances par-là, on aura tout ou presque entendu au sujet de l’organisation de la fête de la musique qui en était à sa 28ième célébration à travers le monde.
Malgré les imperfections, on a quand même célébré notre fête de la musique à notre manière et comme toujours avec le concours du Centre Culturel Français de Nouakchott Antoine de Saint-Exupéry comme à l’égard des autres pays de la communauté internationale. Ç’aurait été beaucoup plus ridicule si on ne l’avait pas organisé.
Et, comme le dit l’adage, si on n’a pas ce que l’on cherche on se contente de ce que l’on a. Encore et pour la énième fois, le Ministère de la Culture s’est fait remarquer par son absence agaçante. Allons ! On ne va pas quand même continuer à se lamenter ou s’apitoyer sur notre sort. Pour autant, on ne va manquer de vous replonger dans l’atmosphère chaleureuse de la journée du 21 juin.
A 19h30, le public venu de partout et composé essentiellement de jeunes est déjà là. Le décor est planté. L’animation est assurée par Soya Watt et Ali Ould Mhaïmid. Xuman, Noura Mint Seymali, Ousmane Hamady Diop, Cheikh Ould Lebiadh…On ne pouvait pas mieux espérer en ces temps de crise financière. Le plateau était plutôt alléchant. Le spectacle sera ouvert par Ousmane Hamady Diop, originaire de Kaédi.
Celui-là, on l’avait presque oublié ainsi que son mythique "wiw-wiw". On pensait même qu’il a été englouti par les affres de la musique. Mais, rien de tout cela. Pour cette fête de la musique, il était venu avec la rage de chauffer le public et pour démontrer qu’il pétillait toujours de forme et de vivacité sur scène. De chansons en chansons, sur un mbalax percutant, il nous a fait découvrir une autre facette de sa personnalité comme on aimerait le voir.
Décidément, le Sénégal où il évolue sur le plan musical semble bien lui avoir redonné goût et perspicacité. Perles et cliquetis autour des reins, ses danseuses ont montré qu’elles en avaient pleins les mollets et le ventre.
Elles ont presque émoustillé le public avec leurs danses lascives et leur déchaînement très provocateur. De son côté, Ousmane Hamady Diop, malgré ses 53 ans, a été tout simplement virevoltant et impressionnant. Il s’est permis d’esquisser des pas de danses inouïes. Tenez-vous bien avec beaucoup de classe et de tchatche ! Il avait bien raison de se dire : "Allimoulana zéine khaate".
Après la prestation de Katü, une chanteuse espagnole de reggae dance-hall, c’était au tour de Xuman le "wakhkatou ndiaxum" de boucler la boucle sous une poussière ocre et maquillant. Il a été tout simplement décevant pendant toute la soirée malgré qu’il ait joué des tubes célèbres comme "Bal Poussière" ou "Kill di Dance". Ses groupies lieront cette piètre prestation aux mauvaises conditions climatiques. En effet, chose anodine, la poussière s’est invitée à la fête de manière inouïe et a finalement gâchée la soirée qui était partie pour être inoubliable, obligeant ainsi beaucoup de personnes à rentrer, avant le début de son concert.
"On attendait avec beaucoup d’impatience sa venue à Nouakchott, assure Mohamed Samba Diop, 21 ans et un fan invétéré de Xuman, son rappeur préféré qu’il écoute depuis tout p’tit et venu spécialement de Basra pour le voir chanter sur scène. Il faut l’avouer : il n’a pas été vraiment à la hauteur des attentes du public mauritanien. J’espère qu’il se rachètera prochainement".
Dans le but d’associer les populations de Nouakchott à la fête de la musique, le Ccf a organisé des concerts décentralisés pour permettre à certains quartiers comme Socogim Ps, Teyarett, Toujounine et le VIième arrondissement de profiter de cette grande fête internationale. Ces scènes ouvertes ont été assurées par de grands noms ou groupes de musiques de la place comme Dioba, Néfertiti, Mohamed Ould Seyïd, Baguiss et Alemiya Mint Seyïd.
Pour la deuxième fois d’affilée, Noura Mint Seymali a été sélectionnée à la fête de la musique. D’ailleurs, certaines langues déliées n’ont pas manqué de dire qu’il s’agissait là tout bonnement d’une faveur de la part du Ccf à son égard. Pour autant, elle n’a pas été dans son assiette. Elle a été peu convaincante dans sa prestation.
Ses morceaux phares de son répertoire comme "Mauritanie", "Waw Waw", "Tizani", "Hiya Mine Hiya", "Vasslimvik" n’ont pas réussi à la tirer d’affaire encore moins la rescousse du Président 2 la rue Publik, Monza et de son médiateur, Coulyman. Après sa prestation, c’était la grise mine.
Quant à Cheikh Ould Lebiadh, ce grand bourreau des cœurs hors pair, il nous a entraîné dans sa nouvelle fabrique de musique : l’acoustique. Il fait partie de ces artistes-là qu’on aime entendre souvent. Sa musique très séduisante est un cocktail de sensations, de vibrations et de mélodies qu’on aimerait déguster au bord de la plage au milieu de la nuit.
Le Rap, vive le Rap !
Dans la programmation de la fête de la musique, le Rap s’est taillé la part du lion comme à l’accoutumée confirmant la vitalité de ce mouvement dans le cœur de la jeunesse mauritanienne. Ils n’ont pas démenti encore une fois leur réputation qui semble bien leur coller la peau de grands cogneurs sur les dérives de la société et notamment d’insupportables vénéneux.
"Je rêve d’un pays où la loi n’est pas une arme pour opprimer les faibles/Un pays où la loi punit tout/Ce qui n’est pas en règle/Un bled de justice/Un bled d’équité/Un bled de tolérance et de liberté/Celle de voter/Celle de penser/Celle de boycotter ou de manifester…", martèle Minen Tèye qui vient de sortir son premier album "Moro-itanie" qui est une véritable invitation pour un changement de comportement.
On avait cru que le Rap mauritanien s’était dévié de sa trajectoire et surtout qu’il avait cessé d’être revendicatif et engagé. Mais, heureusement, qu’il y a des rappeurs qui sont là pour secouer l’arbre des incongruités comme à l’image de N’Guenndi Men.
"On rappe parce que notre société est blessée et vexée. Les populations vivent parfois des conditions de vie dramatiques", s’écrie Kraydeur, membre de N’Guenndi Men qui n’a pas manqué de reprocher au Ccf de ne pas sortir la grande artillerie pour offrir au public une bonne sonorisation.
Les nerfs de certains de nos rappeurs se sont même chauffés. Des mécontents, il y en avait du côté du groupe de Rap "Consensus". On a braillé, râlé, tempêté. Ce groupe a mal digéré le quart d’heure qu’on lui a accordé pour se faire apprécier. A la fin de leur prestation, l’un d’entre eux, à bout des nerfs, s’empare subitement du microphone et lance à l’endroit du public avant de se faire éconduire : "Ce n’est pas normal que des étrangers organisent à notre place la fête de la musique". Le message est bien passé !
Par Babacar Baye Ndiaye