Papa Fall alias P.A est un monstre sacré du rap mauritanien. Eloquent, verbe facile, impressionnant tant dans ses textes que dans sa musique, Papa Fall est l’auteur et le compositeur d’Au Secours, l’un de ces textes les plus populaires du rap mauritanien. Cette chanson, qui est un cri de révolte et de frustration, a donné son titre au premier album du collectif de rap, Military Underground.
C’est grâce au succès du premier album de ce groupe, Au Secours sorti en 2008, à Nouakchott, que Papa Fall s’est vu propulser au rang de grand rappeur, au vrai sens du terme, un cogneur invétéré sur les dérives de la société mauritanienne en perte de repères, sur les balbutiements de nos choix politiques et sociaux, sur les errances d’une jeunesse en perpétuelle contradiction.
Né le 24 novembre 1982 à Nouakchott, Papa Fall a découvert les voies sinueuses et insondables du rap en écoutant Das Fex ou MOP. Son apparition en 2008 sur la scène musicale avait complètement bouleversé les vieilles recettes du rap mauritanien, en proposant une nouvelle méthode de rimer, de faire du rap. Ce qui fera de lui un rappeur incontesté et respecté par ses pairs.
Douze ans plus tôt pourtant, Papa Fall n'était encore qu'un des nombreux juniors de Possee Sans Complexe (PSC) qu'il quittera en 1999. "Au fur et à mesure, je me sentais pousser des ailes. J'ai senti que je commençais à développer des reflexes de leader d'opinion. Alors, à ce moment précis, j'ai décidé de prendre les choses en main et de faire carrière dans le rap", explique-t-il.
Il forme alors Military Underground avec F. Diou et Coulyman qui quittera plus tard ce collectif pour rejoindre Monza et créer "La Rue Publik". Au sein de Military Underground, il va imposer sa voix, son style et sa personnalité. D'autant, après la sortie de leur premier album, on ne parlait pratiquement que de lui. Petit à petit, il va affirmer sa puissance, son autorité et devient le cerveau de Military Underground.
Au sommet de la gloire, Papa Fall décide de s'installer en France. À Nouakchott, la nouvelle se répand très vite comme une traînée de poudre et les langues se délient.
Au pays de Victor Hugo, il continue à pondre, dans le silence, des textes où il développe ses idées, pleines de vérité, sur l'ouverture d'esprit, la paix, la vie, le train-train quotidien des hommes. Et où il y claironne également les cris du peuple mauritanien et creuse ses racines.
Des thèmes que l'on retrouve dans son premier album solo, Plan B, qui sortira d'ici la fin de l'année 2011 à Nouakchott. Papa Fall a su s'entourer pour cet album enregistré entre Paris et Le Havre et on y entend Big Hems, Military Family, BOS, CTD, Skorpa, Foutanké, Bakhan, Hey D, Monza, Ewa qui vient d'Haiti.
"J'ai réussi à gagner une certaine maturité, avoue-t-il. Dans cet album, je me pose des questions du genre: existe-t-il quelque part dans le monde où la paix se chante en hymne?"
Cet album de rap dur et pur dont la préparation a duré 3 ans s'inscrit dans le sillage d'Au Secours. Plan B a pris forme dans les crispations du peuple mauritanien. Papa Fall y dresse un constat sur l'éducation, conscientise le peuple, tout en accablant la classe dirigeante. "Ce n'est plus le moment de croire en ceux qui nous gouvernent. Ils resteront sourds et vont continuer à tourner les mots dans le sens qui les arrange", tempête-t-il.
Plan B va certainement établir cet ancien étudiant d'Oasis Book et GEU Académie, qui s'est marié entre temps en France, comme un artiste incontournable sur la scène de rap en Mauritanie. En attendant, Papa Fall dont la vie est rythmée par la musique et le travail rêve de faire flotter le drapeau de la Mauritanie partout dans le monde et de suivre les traces d'Akon. "Le peuple a besoin de guide, explique-t-il. La jeunesse a besoin de repères".
Babacar Baye Ndiaye dit leducdejoal
Pour Cridem