Le mauritanien Taleb Ould Sid’Ahmed a défendu, mercredi matin, lors de sa présentation de son livre intitulé "L’Afrique face à ses retards, quelle place pour les NTIC?", à la librairie 15/21, à Nouakchott, l’autonomie de l’usager des moyens d’information et de communication qui sont devenus des moyens de contournement des pesanteurs sociales et politiques dans les pays africains.
Cette situation est parfaitement illustrée par l’émergence des réseaux sociaux modernes comme Facebook, Twitter, les blogs qui montrent qu’on ne peut plus contrôler l’opinion et/ou les usagers de l’Internet ainsi que la manière dont ils sont utilisés dans l’espace public dans la plupart des revendications populaires dans certains pays.
"L’expression populaire se déroule, aujourd’hui, sous nos yeux à travers des médias que le pouvoir politique et étatique ne contrôle plus. Cela signifie que l’usager des moyens d’information et de communication affirme de plus en plus son autonomie", explique Taleb Ould Sid’Ahmed.
Qui affirme que tout acteur social muni de son bagage culturel, psychologique et religieux peut lui-même structurer un espace public et recourir à une variété de moyens de communication pour véhiculer son opinion.
Son livre s’appesantit sur la place qu’occupent, de nos jours, les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication dans les stratégies de développement en Afrique et notamment en Mauritanie où le discours officiel a toujours présenté Internet comme un outil de développement, de lutte contre la pauvreté. Une hypothèse que récuse l’auteur de "L’Afrique face à ses retards, quelle place pour les NTIC?"
"Comment nos concepteurs de stratégies de développement peuvent-ils affirmer, dans un pays comme le nôtre où les niveaux d’analphabétisme sont encore élevés et où l’Internet est inaccessible à une majorité des citoyens, de manière dogmatique que l’outil d’Internet va gommer les inégalités sociales?", s’interroge Taleb Ould Sid’Ahmed.
De son avis, la majorité des usagers d’Internet utilise cet outil à d’autres fins que ce que le discours officiel a longtemps présenté comme outil de développement.
"J’ai été frappé par la contradiction qu’il y’avait entre le discours officiel et les pratiques réelles. Toutes les enquêtes que j’ai menées sur le terrain ont prouvé que l’usager mauritanien, comme les usagers africains et du monde arabe, détourne cette technologie", a indiqué Taleb Ould Sid’Ahmed.
Taleb Ould Sid’Ahmed est docteur en Sciences de l’Information et de la Communication de l’Université Stendhal de Grenoble (France) et diplômé de l’IPSI en Tunisie. Il a été rédacteur en chef à la Télévision de Mauritanie. Il est actuellement chargé de communication au bureau de la Banque Mondiale à Abidjan en Côte d’Ivoire.
Babacar Baye Ndiaye pour Cridem