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Une vie de sébile, de Bios Diallo

bios dialloUne vie de sébile est un roman qui aspire à la réconciliation et à l’unité nationale en Mauritanie. En toile de fond, les événements de 1989.

L’auteur Bios, Moussa Diallo de son vrai nom, y relate une vie difficile et conflictuelle entre deux jeunes amoureux mauritaniens : Bayel, (fille Peule) et Haamé (métissé Peul et Maure). Malgré qu’ils soient liés par un pacte d’amour, ils se sépareront en raison du deuil qui frappe la famille de Bayel. Un deuil dont les oncles et tantes de Haame sont présumés complices.

L’histoire commence à Kidye, une ville imaginée par l’auteur, et qui se situerait quelque part dans le sud mauritanien. Ici Gon, «le petit dieu» sous les ordres de Coumba, perquisitionne les maisons.

Sa mission est « d’envoyer les démons (les noirs) au diable, vers l’autre rive du fleuve Sénégal.

Gon, et sa bande appelés «les Fanta», sèment la terreur. Partout où ils passent, on dénote « des morts et des blessés ». Parmi ces morts, il y a la fillette de Tegge, oncle de Bayel, que le drame poussera à la folie. Et pour s’échapper à la mort, Kesnido, la mère de Bayel, fait ses valises. Entre temps, elle aussi devient folle et «lâche ses habits dans la rue.»

Nimsa, le père de Haame, est du côté des Fan ennemis des Fanta. Par ce fait, n’a plus confiance en sa femme, Meté, soupçonnée d’appartenir aux Fanta, en raisons de ses liens de sang avec eux. Mete ne cesse, pourtant, de clamer son innocence et même d’essayer de détourner Coumba de son projet, par l’entremise de la femme Tevragh, jugée neutre.

Bayel, ne supporterant plus «le deuil et la déchirure», martèle : «Qu’on arrête de blesser la mémoire de ce peuple…Mon père, mes frères et sœurs sont tous enterrés dans ce pays. À cause de leur seule couleur de peau ». Puis, elle précise que ce conflit avec le Sénégal ne justifie en rien ce qui se passe. « C’est une bataille interne d’exclusion», dit-elle. Pour elle, il ne reste plus qu’à «prendre les arme» et de combattre, à partir de «l’autre rive, les lâches qui ont mis le couteau sous la gorge» de ses grands parents.

Mais Bayel ne réussira pas à convaincre Haame sur ce choix. Et pour cause : «les armes n’ont jamais rien résolu ». Il prône une solution par le dialogue. Bayel refuse, le traite d’indécis et d’être partagé entre les Fanta, sa lignée maternelle, et les Fan, le clan paternel. Il nie : «Tu te trompes ! Je ne cautionne rien. J’observe, impuissant (…) Je reste persuadé, aussi que tous mes oncles ne satisfont pas le dessin de Coumba

Bayel, malgré les conseils, quitte la ville, parce qu’elle «se refuse à être le témoin d’une terre où l’aurore brime la rosée». Et elle avoue son cœur plein de remords : «Haame, cette ville de Kidye n’est plus mienne». Elle s’en ira mais demeure attachée à la Mauritanie dont elle résume l’histoire : « Pour moi, dit-elle, l’histoire de ce pays, est celle de ma présence (…) La Mauritanie appartient à ceux qui l’habitent, aiment son drapeau».

Plus tard, dans les camps des réfugiés, à Dar Salam, sur l’autre rive, au Sénégal, Bayel mobilisera les réfugiés pour la résistance. Et quelque temps après, Haame la rejoint pour la convaincre à retourner au pays. «Bayel, c’est toi que je suis venu chercher. Je ne voudrai pas retourner sans toi». Sur le coup, elle ne le suit pas, mais par amour finira par le rejoindre à Seeno ( une ville facilement identifiable à Nouakchott. Pas pour longtemps.

Car, devant le refus de Haame à céder à la violence, Bayel se braque. Elle exhibe les morts pour faire la lumière sur se qui s’était passé. Catégorique, Haame lui dit : « On ne peut pas construire un pays en exhibant ses os». Bayel s’exile en France, en lui abandonnant « son lit et ses espoirs». En France, «terre des droits de l’homme», elle milite pour les droits de son peuple et se rend partout pour faire entendre sa voix. Ceci, jusqu’au jour où elle sera surprise de revoir Haame, venu en France, dans un sex shop.

Après cette bavure, Haamé renoue avec l’action militante et quitte Chabi, sa petite amie, qu’il croyait pourtant être «attachée à l’Afrique et aux africains». Puis il aura la curieuse révélation : «Tu sais, enfin, qui je suis, une perdue». Une perdue qui sera à l’origine de l’assassinat de Bayel. Les enquêteurs réécouteront ses appels téléphoniques avec Haame : « Cette écervelée de Bayel je l’aurai. Tu as intérêt à la mettre dehors …surtout de cesser de la soutenir dans ses actions».
Bayel, morte, ne sera pas enterrée, comme elle le souhaitait, chez elle à Kidye. Car pour «les autorités mauritaniennes» elle est « une traîtresse». Il n’empêche que des pèlerins viendront se prosterner devant son cercueil, lui rendre hommage à Juuga, à la frontière. Et c’est de là-bas que Haamé vient lui annoncer la bonne nouvelle : «une Mauritanie nouvelle est née. Une Mauritanie où tous les citoyens sont égaux». Une vie de sébile, un roman d’espoir, et pour la réconciliation.

Mohamed Diop

 

source: Nouakchott INFO

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