Le rappeur Coulyman a demandé à la classe politique de rompre avec l’achat des consciences en cette période électorale susceptible de fausser le jeu démocratique et d’inhiber, à ses yeux, l’émergence d’une nouvelle culture démocratique, politique et citoyenne en Mauritanie.
Sans attendre véritablement le début de la campagne électorale pour l’élection présidentielle du 18 juillet 2009, certains de nos rappeurs commencent déjà à donner de la voix pour se faire entendre. Leaders d’opinion, ils ne veulent pas être en marge des débats qui agitent la Mauritanie en cette période de campagne électorale.
Loin d’être du reste, ils suivent avec beaucoup d’intérêt et d’engouement, eux aussi, le déroulement de la campagne électorale dont le coup d’envoi a été officiellement lancé ce vendredi 3 juillet à minuit. Ils n’hésitent pas à mettre les pieds dans le plat pour rappeler leur rôle d’avant-gardiste.
Comme nos candidats à l’élection présidentielle, ils veulent être à la une des journaux. Du moins pour ceux qui osent dire leurs quatre vérités. C’est le cas du rappeur Coulyman qui est le médiateur du collectif de Rap "La Rue Publik". Pour ce rappeur longiligne à la verve étincelante, il est temps que le peuple mauritanien opère une véritable rupture au niveau des choix de ceux qui le gouvernent.
Coulyman veut du nouveau dans la classe politique. Autrement dit, l’émergence d’une nouvelle élite politique en phase avec les aspirations du peuple mauritanien qu’il a appelé à prendre conscience de sa liberté de choisir librement, sous aucune contrainte, son candidat.
"Depuis 1960 à nos jours, c’est toujours les mêmes personnes qui nous dirigent", s’indigne-t-il. Pour lui, la Mauritanie a encore du chemin à parcourir pour pouvoir parler véritablement de démocratie en Mauritanie. Dans son réquisitoire, il n’a pas été complaisant à l’égard de nos hommes politiques sur qui il a porté les infortunes du peuple mauritanien.
Il a fustigé aussi le comportement de ceux qui nous gouvernement qui passent le plus clair de leur temps à duper les populations notamment celles de l’intérieur qui traînent sous le poids de l’ignorance et de la maturité politique. Il n’a pas non plus épargné ceux qui retournent leur veston en cette période de campagne électorale.
La preuve, dit-il, beaucoup d’entre eux ont rejoint les prairies des candidats les plus offrants entre les deux élections du 6 juin qui a été finalement reportée à la suite de l’accord cadre de Dakar du 4 juin 2009 et celle du 18 juillet 2009. Il est de coutume que le cœur des électeurs batte souvent pour les candidats qui ont déployé le plus de moyens.
Il n’a pas dissimulé ses craintes de voir cette élection présidentielle travestie par l’achat des consciences. Il a aussi fustigé ceux qui manquent de conviction politique dénonçant au passage les pratiques d’influence et l’achat des consciences. "Beaucoup de mauritaniens ignorent complètement le contenu des programmes politiques des différents candidats", fait-il remarquer. "On vote souvent parce qu’un tel candidat est de ma tribu, un tel candidat est Noir, un tel candidat a de l’argent…", fustige-t-il.
Il a aussi rappelé que son cœur ne bat pour aucun de ces dix candidats en lice à l’élection présidentielle du 18 juillet 2009. Pour lui, la politique et le Rap ne peuvent pas faire bon ménage. Et, il n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour récriminer certains rappeurs qui s’acoquinent avec la classe politique.
"Il est intolérable pour un rappeur de dire : voter pour un tel ou tel candidat. On n’interdit personne de prendre le micro. Ce qui est intolérable, c’est de faire les louanges d’un tel candidat. D’autant plus qu’il n’y a jamais eu quelqu’un qui a fait de grandes choses", explique-t-il.
Aujourd’hui, il trouve anormal que certains de nos rappeurs se permettent de jouer aux donneurs de consignes. Pour lui, il est incompréhensible que nos rappeurs, vu leur statut, monnayent leur honnêteté au prix de vaines récompenses. "Ils doivent plutôt se battre pour l’avenir du pays et de son développement", dit-il.
Babacar Baye Ndiaye