A Kaédi, d’où les membres du groupe, Vieux Diallo et Abderrahmane Dioum, sont originaires, ils ont fini par s’imposer sur les scènes de rap. Créé en 1997, Black Fouta veut aujourd’hui faire entendre sa voix sur toutes les scènes de rap, notamment à Nouakchott où ils veulent essaimer leur rap. Vieux Diallo, à 33 ans, est le leader de Black Fouta.
Le groupe a connu des moments très difficiles avec la disparition d’un de ses membres et plusieurs défections. Mais, Vieux Diallo, comme un vieux commandant, est toujours resté à bord de l’embarcation Black Fouta. Aujourd’hui, on retrouve à ses côtés, Abderrahmane Dioum qui a intégré Black Fouta, à partir de 2005. Depuis, Vieux Diallo et Abderrahmane Dioum, qui accompagnait souvent le groupe dans ses périples, dans le Fouta, forment un collectif inséparable.
Depuis 2011, ils ont décidé d’élargir leurs horizons jusqu’à Nouakchott en prenant leurs quartiers à Arafat. "Beaucoup de choses se passent ici, à Nouakchott. Pour être connu, il faut passer par Nouakchott. C’est à partir d’ici qu’on peut avoir tout ce que l’on veut", explique Abderrahmane Dioum.
Leur choix de s’appeler Black Fouta en dit long sur leur crédo qui est celui de porter les aspirations d’une culture, d’une aire géographique, d’un héritage historique et civilisationnel. Unis par le rap et les liens du sang, les membres de Black Fouta surfent sur des thématiques tissées à la laine de l’underground et du hardcore.
Dans leurs chansons, coule une source celle du rassemblement, de l’unité, de la fraternité. Une manière pour le duo de Black Fouta de s’inscrire dans le rapprochement des différentes communautés du pays, la mise en exergue de leurs traits d’union et du respect réciproque de leurs différences culturelles.
Aussi, leurs textes recollent les multiples morceaux de l’histoire de la Mauritanie des années 80-90 marquée par des drames, des chocs, des fissures qu’ils tentent de dépassionner à coups de messages de décrispation.
Joignant la parole à l’acte, ils se sont déjà mis à montrer la voie à suivre. Leur textes, qui tournent souvent autour de l’unité, sont une invite solennelle aux mauritaniens à tourner la page, à se serrer les mains, pour aller de l’avant. "C’est à nous, les jeunes, de ne pas tomber sur les chemins de travers", raisonne Abderrahmane Dioum, 24 ans.
Alors, pour diversifier leurs messages, ils chantent dans toutes les langues du pays. Sur toutes les scènes où ils se produisent, munis de leur unique voix, ils crient pour montrer qu’ils n’apprécient guère les promoteurs culturels, qu’ils sont allergiques aux discours pompeux. Ils n’ont pas encore fait du chemin. Mais, d’ores et déjà, ils captivent.
Depuis leur qualification pour la finale d’Assalamalekoum Découvertes, les choses semblent avoir changé pour eux. "Les gens nous appellent sans cesse de partout. Ils nous font part de leur émotion, de leur enthousiasme et de leurs encouragements tout en nous souhaitant de remporter le trophée", exulte Vieux Diallo, 33 ans.
Etre la fierté de toute une ville donne déjà des ailes à Black Fouta qui promet de remporter haut la main le trophée d’Assalamalekoum Découvertes 2012.
Babacar Baye NDIAYE
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