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Si vous avez envie d’entendre du vrai Rap, écoutez Laam Toro. Si vous avez aussi envie de vous plonger dans l’histoire et le temps, vous n’avez qu’à tendre l’oreille attentivement. Grâce à "Assalamalekoum Hip Hop Festival", on découvrait, pour la première fois, ce groupe de Rap, Laam Toro. Ce nom est tout chargé de symbole. On a emprunté ce nom au célèbre chef aristocratique Laam Toro Sidiki Sall. Celui-ci régna, entre le 16ième et le 17ième siècle, sur la partie Sud de la Mauritanie et le Nord du Sénégal. D’ailleurs, Baaba Maal l’a chanté dans un de ces célèbres albums folks, Laam Toro.
Le groupe est composé de quatre membres. C’est seulement deux, Mama Samba et Big, qui ont été au rendez-vous de la deuxième édition de "Assalamalekoum Hip Hop Festival". Ce n’est donc pas par hasard si ces jeunes ont choisi Laam Toro comme nom de leur groupe. "On a pris ce nom pour son courage et son combat pour le développement du Fouta. C’est aussi parce que nous nous identifions à lui", explique Mama Samba, 23 ans, après leur prestation sur scène. Leurs messages portent sur la paix, l’unité des cœurs et le dépassement des indifférences.
Venus au Rap pour changer les choses, Mama Samba et Big éprouvent aujourd’hui un sentiment d’abandon. La raison : le manque d’attention dont souffrent les populations de la vallée de la part de l’administration centrale. Suffisant pour susciter un cri de révolte dans la douceur et la paix. "Si la vallée est aujourd’hui délaissée, c’est notre faute. La vallée appartient aux foutanké. Pour autant, nous ne devons pas renier nos racines", s’insurge Mama Samba.
Aujourd’hui, ces jeunes utilisent le micro et la scène pour exprimer tout leur mécontentement et pousser les pouvoirs publics à s’intéresser davantage au sort des populations qui vivent dans cette partie de la Mauritanie. "Laam Toro" est aussi là pour secouer certaines idées sur leur fratrie et rappeler que la vallée existe et existera pour toujours.
Ils se sont fixés comme ambition de répandre la légende de "Laam Toro". A ceux qui pensent qu’ils ne sont que des fripouilles et voudraient leur ôter le titre de ces dignes représentants, Mama Samba rétorque : "Le Rap est une culture et chaque culture avec ses valeurs".
"Laam Toro" existe depuis 2001. Les différents membres qui le composent cheminent ensemble depuis à bas âge. De ce long compagnonnage est née une complicité hors pair. Cela se fait ressentir sur scène et dans leur travail. "Chacun d’entre nous écrit. On s’échange des idées. S’il y a des choses à ajouter ou à retrancher dans nos compositions, on le fait et vice versa. Chacun de nous connaît l’autre", révèle Mama Samba, un fan de 2 Pac Shakur. "J’aime ce qu’il fait mais je ne m’identifie pas à lui", précise-t-il.
Venus s’imposer sur la scène de "Assalamalekoum Hip Hop Festival", Laam Toro est reparti à Kaédi en ayant à l’esprit d’avoir réussi quelque chose de grand dans leur prestation : se faire découvrir et avoir laissé une bonne impression au public de Nouakchott toujours friand de petits trucs.
A Kaédi, leur bled, ils sont déjà des stars. Malgré leur jeune âge, ils sont costauds en terme d’inspiration, de flow et ils ont montré qu’ils avaient quelque chose à vendre et à montrer dans leurs spectacles où ils chantent l’égalité, la pauvreté, l’éducation…
Du vrai Rap, Laam Toro vous le procure à votre grand plaisir. Partagé entre Nouakchott et Kaédi, ce group de Rap n’a rien à envier aux groupes de Rap de la capitale. Le talent est déjà là. Ils n’ont rien à craindre dans ce domaine. D’ailleurs, ils ont prouvé sur la scène de "Assalamalekoum Hip Hop Festival" qu’ils avaient quelque chose dans leur tête. "Les rappeurs de Nouakchott sont comme nous. Chacun fait ce qu’il peut faire. La seule différence, c’est au niveau de la méthode de travail", analyse Mama Samba.
Laam Toro, c’est tout sauf critiquer ou déraper. Pour Mama Samba, le Rap est une affaire de grand et de révolutionnaire. "Il faut que les gens se réveillent. J’ai l’impression qu’ils ne voient pas ce qui se passe en Mauritanie. Il faut que les gens le comprennent : s’ils se mobilisent, les choses vont changer dans notre pays", dit-il.
Malgré toutes les difficultés, Laam Toro ne baisse pas pour autant les bras. Au contraire, ils rêvent déjà d’une carrière musicale prometteuse. De ce fait, ils ont vite rangé toute gourmandise de côté. "Nous n’avons pas encore commencé à manger l’argent de ce que nous sommes en train de faire. On fait le Rap parce que nous l’aimons", confie Mama Samba.
Babacar Baye Ndiaye