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26 avril 2011 2 26 /04 /avril /2011 20:09

arts.jpgDes dizaines de jeunes artistes plastiques mauritaniens se sont rassemblés à Nouakchott pour échanger leurs connaissances et mettre en valeur le pouvoir constructif des arts.

 

La seconde édition de "Libr'art", qui se poursuivra jusqu'au 29 avril, vise à former des dizaines d'élèves des quartiers pauvres de la capitale, notamment dans les quartiers d'El Mina et de Ksar.

 

"Les objectifs de ce festival seront également la découverte de jeunes talents artistiques, il faut les développer, les diriger et les former, notamment dans certains quartiers de la capitale qui constituent un terreau fertile où les élèves peuvent abandonner leurs études et dévier vers des environnements inappropriés", a déclaré le militant Mansour Kebé lors de ce festival de neuf jours.

 

"Il est important de profiter du noble message de l'art en général pour l'orienter en direction des enfants et des jeunes adolescents, de manière à occuper leurs esprits par des choses utiles", a-t-il ajouté. Une exposition d'arts plastiques proposant des peintures d'élèves ayant bénéficié d'une formation a ouvert ce festival. Elle "a été organisée pour couronner ces efforts livrés. Grâce aux peintures de ces enfants, nous apprenons à connaître leurs talents artistiques", a expliqué le jeune plasticien Hamady Diallo.

 

"Il faut souligner que l'absence des arts plastiques dans les programmes scolaires a conduit à l'absence d'une vision symétrique pour les citoyens mauritaniens", a déclaré l'artiste Samba Abdelalhi. "Cela a aussi conduit au chaos que nous connaissons actuellement dans tous les aspects de la vie, dans la rue, à la maison, à l'école et au bureau."  "Nous nous attachons à former des enfants âgés de 6 à 15 ans", a indiqué Diallo à Magharebia. "Nous les formons à la peinture et à la photo pour leur permettre d'exprimer leurs idées. Nous créons ainsi un espace de liberté qui leur permet de penser et de profiter de leurs loisirs."

 

Et d'ajouter : "il n'existe aucun endroit dans l'environnement social en Mauritanie susceptible d'attirer les adolescents, à l'exception de la rue, notamment dans les quartiers pauvres", ce qui "rend les jeunes susceptibles de tomber entre les mains de groupes extrémistes".

 

"De plus, l'analphabétisme est fréquent dans les familles des quartiers pauvres, qui ne savent pas comment élever correctement leurs enfants", a dit Diallo. "Cela nous a incités à organiser des cours de formation en dessin, qui se fondent sur le mélange des couleurs et la symbolisation des idées dans la peinture."

 

Une vision que partage l'artiste Ami Sow. "Ce qui nous pousse à nous focaliser sur certains quartiers de la capitale, c'est de venir en aide à ces quartiers où les jeunes sont souvent attirés par des groupes extrémistes qui veulent les faire rejoindre les camps d'entraînement d'al-Qaida, en raison de la pauvreté et du néant."

 

"Nous avons souhaité les intéresser à l'art, pour les prémunir contre de possibles déviations et les encourager à découvrir leurs propres talents artistiques, qui confortent l'esprit et la pensée, et leur enseigner la liberté de penser", a-t-elle ajouté.

Pour sa part, Khadija Mint Ismail a ajouté que "l'art est un message qui véhicule des valeurs de vertu, et c'est le meilleur moyen d'éduquer les enfants et de les rendre plus fins". Pour leur part, les enfants qui ont participé à ce festival ont tenté d'exprimer la signification des dessins qu'ils ont réalisés durant les semaines qui ont précédé ce festival des beaux arts.

 

"Dans mes peintures, j'ai voulu présenter une image d'harmonie sociale en Mauritanie entre les noirs et les blancs", a expliqué Haby Sow, 15 ans. "Cette question a suscité de nombreux débats et controverses par suite des différences de langues et de traditions. J'ai donc peint un visage en deux moitiés, blanche et noire."

 

Par Jemal Oumar pour Magharebia à Nouakchott

 

 

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21 avril 2011 4 21 /04 /avril /2011 16:56

0.jpgLe collectif des jeunes artistes plasticiens mauritaniens, M-Art, à l’origine du Festival d’Art Plastique, a restitué, ce mercredi 20 avril, les œuvres collectives réalisées durant la résidence d’arts plastiques au Musée National de Nouakchott.

 

La restitution de cette création collective a été suivie par un défilé de mode de Bana Corel qui présentait, pour la première fois, ses créations au public.

 

Dans le hall de l’Institut Français de Mauritanie, une curieuse architecture suscite une grande attraction : une embarcation, pleine à craquer comme un œuf, contenant des personnages fantasmagoriques, attire, de prime abord, le regard des visiteurs.  

 

A quelques pouces de là, des drapelets, surplombant la barque, flottent dans l’air, où l’on peut lire, à peine, des inscriptions en noir et rouge, du genre : dégage, vive la liberté, we want freedom, stop the killing, vive la révolution, go out, no more ware, non au nucléaire, stop à la guerre.

 

Puis, de loin, un autre spectacle, insolite, vous captive: celui des sculptures d’Oumar Ball, déboussolantes et feignant de dévoiler leur intimité. En s’approchant, ces frêles créatures, faites de boue, de tissus et de fil, arborent fièrement leur physique. On les croirait presque venues de nulle part et incapables de transparaître leur émotion.

 

Entre deux pas, on tombe entre les mains d’étranges créatures qui se dérobent derrière de drôles masques à gaz. Puis, on est vite happé par ce spectacle macabre au bord de la mer où l’on découvre des morts qui gisent, vomis par les vagues de l’océan.

 

Des personnages, faits à base de sacs récupérés, de fils de fer, du fer forgé, semblent vous dire : "Pitié, aidez-nous!". Le collectif des jeunes plasticiens mauritaniens y imaginent des ambiances qui poussent à réfléchir, qui émeuvent et renvoyant à l’actualité qu’ils réinventent : celle des révolutions dans les pays arabes, l’immigration clandestine, les catastrophes naturelles accompagnées d’images catastrophiques. Le spectacle, savamment pensé et bricolé, présente le monde d’aujourd’hui tel qu’il est.

 

Le collectif des jeunes artistes plasticiens mauritaniens, M-Art, nous invite, à travers une promenade sans perspectives, à se mettre à l’heure du bouleversement des incertitudes de l’Humanité, dans toute sa vulnérabilité.  

 

"Nous avons voulu tirer la sonnette d’alarme, conscientiser nos décideurs et nos politiques, en leur disant  qu’il est temps de s’arrêter, de regarder ce qui se passe et d’assumer leurs responsabilités. Parce que, nous sommes en train d’aller tout droit vers le chaos", explique Mansour Kébé, commissaire de l’exposition.

 

Au fond de la galerie, là, aussi, on tombe curieusement sur des personnages qui regardent la télévision, presqu’imperturbables. "Tout se passe maintenant à travers les médias. Tout le monde, aujourd’hui, veut savoir ce qui se passe à des milliers de kilomètres. Juste, pour dire, que nous vivons dans un monde planétaire", poursuit Mansour Kébé.

 

A leur tour, les visiteurs sont embarqués à leurs dépens. "Ils sont extraordinaires et vraiment très inspirés", s’émerveille l’un d’entre eux.

 

L’éblouissement des visiteurs va se prolonger jusque dans la soirée avec le défilé de mode, pour la première fois, de Bana Corel qui veut désormais se faire une solide réputation dans le stylisme. Les belles tenues de cette crème de la jeune création mauritanienne dans le domaine de la mode ont été dévorées, avec beaucoup de gloutonnerie, par le public.

 

La manifestation a tellement drainé du monde que les proximités du podium installé au K.fet de l’Institut Français de Mauritanie étaient devenues trop étroites. Les prestations de Dioba Guèye et de Papis Koné ont installé le public dans un paysage musical enchanteur.

 

Babacar Baye Ndiaye pour Cridem

 

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18 avril 2011 1 18 /04 /avril /2011 19:50

soyawatt1-1322.JPGLe collectif des jeunes plasticiens mauritaniens, M-art, a lancé, le 10 avril dernier, la deuxième édition du Festival d'Art Plastique. Ce festival dénommé également Festival Libr'Art a pour objectif de vulgariser les arts plastiques en Mauritanie.

 

En formant des dizaines d'enfants et de jeunes mauritaniens au dessin et à la peinture, dans les différents quartiers de Nouakchott, en ouvrant une résidence de création collective au Musée National et en promouvant les talents des membres fondateurs de M-Art, le Festival d'Art Plastique souhaite dynamiser et rendre accessible les arts plastiques en Mauritanie.

 

Il y'aura, au menu des activités de la deuxième édition du Festival d'Art Plastique, la réalisation d'ateliers d'art plastique dans les écoles d'Arafat 2 et 3, dans l'école 2 de Ksar, dans les écoles 10 et 15 d'El Mina. En plus de ces activités, des ateliers mobiles seront organisés dans certains quartiers de Nouakchott.

 

Pour la deuxième édition, le Festival Libr'Art fait fort en organisant, le 20 avril, un défilé de mode réalisé par Bana Korel qui présentera, à l'Institut Français de Nouakchott, ses créations pour la première fois au public. Avant ce défilé, M-Art présentera, dans un vernissage, à l'Institut Français de Mauritanie, tous les travaux réalisés lors des ateliers de dessin et de peinture.

 

Les artistes invités de cette deuxième édition du Festival Libr'Art sont Rayan des Etats-Unis d'Amérique, Mokhis de la Mauritanie, Isabel Fiadeiro du Portugal et Mansour Kébé du Sénégal.

 

La deuxième édition du Festival d'Art Plastique est soutenue par les ambassades du Royaume d'Espagne et des Etats-Unis d'Amérique en Mauritanie, par la coopération espagnole, la Maison des Cinéastes, le Musée National de Nouakchott, l'Institut Français de Mauritanie et l'opérateur téléphonique, Mattel.

 

Babacar Baye Ndiaye pour Cridem

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7 avril 2011 4 07 /04 /avril /2011 18:18

MAMADOU-ANNE_1.jpg"Spiritualité", tel est le thème de l’exposition d’art plastique de l’artiste peintre mauritanien Mamadou Anne, qu’on pourra visiter, au Centre Culturel Marocain de Nouakchott, jusqu’au 14 avril 2011. Au total, 42 œuvres qui racontent des souvenirs, des anecdotes, des sensations fortes et impressionnantes, des rencontres…

 

Dans des tableaux comme Séance de thé, Les tisseuses, Les voleurs et l’âne, Le périple de Penda, Mamadou Anne met en scène des personnages qu’il entraîne dans l’univers ténébreux des gauchissements de la vie.

 

Dans la salle de l’exposition du Centre Culturel Marocain de Nouakchott, à droite de la première rangée, le regard du visiteur est vite ensorcelé par une toile, Le péché originel, qui décrit l’état dégradé de l’Humanité depuis la désobéissance d’Adam et Eve, premiers êtres créés par Dieu. Au fur et à mesure que l’on promène son regard sur les peintures qui suivent comme La porte du bonheur, Le secours dans le péril, Les piliers du Trône, Vaincre Satan, notre fascination se resserre.

 

Des toiles, composites, à toile et à l’huile, qui libèrent, royalement, toute la spiritualité et le mysticisme de l’artiste peintre Mamadou Anne, ses deux thèmes de prédilection. Pour autant, le thème de l’eau, de la transmission du savoir, de l’icône du vieux visage africain transmettant à la génération future son savoir se trouve propulsé dans l’exposition que présente Mamadou Anne.

 

Une peinture figurative à la fois symbolique et narrative. Une technique qui le place à mi-chemin de la tradition orale ancestrale et de l’expression plastique contemporaine. L’originalité de Mamadou Anne tient dans sa façon de chanter ses toiles et de les peindre. Il se complait dans ses créations et s’y identifie. Mamadou Anne, connu sous la signature de Mah, est dans le sérail depuis 1977.  

 

Cet homme, qui porte toujours un couvre-chef à l’envers, a, dans son actif, plusieurs expositions à Nouakchott, notamment au Musée National, à l’Institut Français de Mauritanie, au Centre Culturel Marocain, à la Galerie Sina. Mamadou Anne s’est fait, également, connaitre à l’étranger, notamment à Pizza Noveré en Italie, Hammamet en Tunisie et à Saint-Louis au Sénégal.

 

Mamadou Anne se mêle de tout, ouvre les yeux, tend les oreilles et s’invite, dans une démarche purement artistique, dans l’intimité des couples pour en dévoiler les distorsions, les réconciliations et les contradictions. 

 

D’une toile à l’autre, Mamadou Anne se refuse d’ignorer certaines réalités contemporaines, en usant d’une peinture violente, comme dans Immigration clandestine où il peint des scènes d’horreur, où il donne âme à la mer que l’on voit engloutir, inexorablement, des êtres frêles, pour marquer son opposition à ce périlleux voyage qu’est l’immigration clandestine. Des toiles sans vanité qui ne laissent pas indifférents les visiteurs notamment les amoureux d’art plastique.

 

 "Je trouve que les tableaux sont très beaux. Ils ont de l’harmonie. En plus de cela, les couleurs sont pétantes. J’aime beaucoup le tableau, Affranchissement. La couleur qu’il a mise, fluorescente, est très jolie. Les formes des toiles de Mamadou Anne sont bien devinées. On peut rêvasser devant elles", s’enthousiasme Rachida.

 

"On reconnait la Mauritanie déjà dans les tableaux. Mais, aussi, l’esprit de la Mauritanie. Il y’a le côté spirituel que l’on ressent dans différents tableaux", complète Marie Laure.

 

Babacar Baye Ndiaye pour Cridem 

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27 mars 2011 7 27 /03 /mars /2011 16:21

soyawatt1-0969.JPGJusqu’au 8 avril 2011, l’Institut Français de Mauritanie, à Nouakchott, présente l’exposition Amy Sow, peintures et sculptures.

 

En route vers le marché, visages de femmes, le marché, les travaux champêtres, femmes actives, danseuses de calebasses, femmes voilées…La collection de l’artiste Amy Sow rend hommage à la femme africaine qui donne mouvement à la vie, qui impulse le développement économique et social de son pays.

 

Comme toujours, la femme africaine continue à inspirer Amy Sow qui a tenu à défendre son attachement aux symboles traditionnels, à la vie traditionnelle. "C’est un peu dommage qu’aujourd’hui on oublie des pans de nos traditions. Il faut sauvegarder contre l’usure du temps et le souffle de la modernité nos coutumes et valeurs", affirme cette avant-gardiste de la préservation de notre patrimoine culturel et artistique.

 

En peintures comme en sculptures, Amy Sow se déchaîne. Au premier coup d'oeil, on tombe amoureux de ces petites créatures, sourdes et aveugles, sans gueule et pataudes. On nourrit une inlassable passion pour ses sculptures faites de bois, de calebasse, de cordes, de tissus, de l'herbe sèche, de fil de fer, de peinture à huile pour leur donner plus d'éclat.

 

On découvre une femme enceinte, une femme portant sur sa tête un fagot de bois mort, une femme en train de balayer, une femme portant une calebasse sans doute revenant d'une borne fontaine...Pour la première fois, Amy Sow sort de l'ordinaire, en offrant une collection où l'on découvre majestueusement la femme africaine dans toute sa splendeur comme on ne l'avait jamais vue en Mauritanie.

 

Dans ses sculptures, modernité et tradition s'y mêlent pour donner naissance à un art à cheval entre révolution sculpturale et fascination. Aussi, Amy Sow nous propulse dans l'univers d'un début de révolution artistique encore balbutiante.

 

Amy Sow, peintures et sculptures, Hall d’exposition du Centre Culturel Français de Nouakchott-Institut Français de Mauritanie, Tévragh-Zéina, Nouakchott. Tél. : 00 222 45 29 96 31. Jusqu’au 8 avril. Le CCF-IFM est ouvert du dimanche au vendredi de 9h00 à 12h30 et de 15h30 à 19h00. Entrée libre.

 

Notes du CCF-IFM : Inspirée des traditions du Fouta (région du fleuve Sénégal), Amy Sow, peint de puis son enfance. Pour Amy, créer, peindre, sculpter est le meilleur moyen d’exprimer son désir de liberté et de matérialiser le vécu des femmes africaines, particulièrement les femmes peulhs et aussi pour dénoncer les pratiques traditionnelles néfastes qu’elles subissent.

 

Amy Sow est la première des artistes de sa génération à avoir exposé. Elle est Vice-présidente du Collectif des jeunes plasticiens mauritaniens M-Art avec qui nous la retrouverons en avril lors du festival Libr’Art.

 

Babacar Baye Ndiaye pour Cridem

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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 15:44

Bechir-Maloum.JPGDu 7 février au 4 mars prochain, au Centre Culturel Français Antoine de Saint-Exupéry, à Nouakchott, trente trois œuvres photographiques de l’artiste plasticien mauritanien de la nouvelle génération Béchir Maloum seront exposées.

 

Cette fois-ci, Béchir Maloum dévoile sa face cachée de photographe, met la photographie à son service. Il y immortalise des visages anodins et sublimes, y décapite certaines expressions et surtout s’offre des moments de plaisir et d’intensité pour attirer et captiver, comme dans une cave, l’attention du visiteur. Ainsi, ses photographies témoignent d’un certain besoin de dérouler, sur le tapis de l’instantané, des impulsions dignes de louanges.

 

"Avant tout, je ne suis pas un photographe, prévient d’emblée cet artiste plasticien. Je n’ai que l’œil d’un photographe. Je suis artiste plasticien. La photographie me projette plus vers la réalité. C’est juste pour montrer un autre côté de moi, que je suis capable de montrer également, en tant qu’artiste, autre chose de moi."

 

Les trente trois œuvres photographiques de Béchir Maloum révèlent au public peu familier à ce genre d’expositions des visages de petits enfants dans les rues de Nouakchott pour faire triompher la réalité. Mais, explique Béchir Maloum, ce que cette exposition dévoile, c’est qu’il existe, en Mauritanie, une niche de talents.

 

Aujourd’hui, il semble s’épanouir dans la pratique de la photographie. "Je bouquine souvent sur la photographie. C’est mon passe-temps, si, je ne fais pas de la peinture", développe Béchir Maloum. Toutefois, l’artiste plasticien révèle que les trente trois œuvres photographiques ne sont pas monnayées contre monnaies sonnantes et trébuchantes. "Ce n’est pas des photographies à vendre", tient-il à préciser.

 

La plupart de ces photographies qui plongent dans l’intimité de divers visages ont été prises pendant la première édition du Festival "Libre Art" de juin-juillet 2010. Dans la chaleur des après-midi estivales, il traverse les rues de Nouakchott, muni de son appareil photo dont il ne se sépare que pour peindre, à bord d’une voiture ou à pieds, pour intercepter la vie tumultueuse et insolite de la banlieue, malade de sa précarité qu’il refuse de faire sentir.

 

"J’ai vu des expressions sur les visages des enfants que je voulais garder pour moi. Je ne me suis pas préoccupé à parler d’autres choses. Ce qui m’intéressait, c’était de prendre l’instant que je voyais", dit-il.

 

Il y’a cinq ans que Béchir Maloum s’est lancé dans la pratique de la photographie, devenu en quelque sorte son épanouissement. La sienne qui n’est pas encore consistante, luxuriante et étincelante propose un regard apaisant et moins critique sur la société. Dans ses photographies, il a préféré montrer des expressions de visages, les rues et la vie, à Nouakchott, que de s’appesantir et de découper la nudité, la pauvreté et la misère.

 

 

Béchir Maloum, Photographies, Hall d’exposition du Centre Culturel Français Antoine de Saint-Exupéry- Institut Français de Mauritanie, Tévragh-Zéina, Nouakchott. Tél. : 00 222 45 29 96 31. Jusqu’au 4 mars. Le CCF-IFM est ouvert du dimanche au vendredi de 9h00 à 12h30 et de 15h30 à 19h00.

 

Notes du CCF-IFM : quand Béchir Maloum parle de sa vocation d’artiste, il parle d’un artiste de rue qu’il croisait petit, sur le chemin de l’école, et qui le premier l’a incité à prendre ses crayons. Depuis Béchir a perfectionné ses techniques et il est maintenant un des plus talentueux artistes peintres mauritaniens.

 

Mais ce que l’on ignore est que depuis quelques années, un appareil photo accompagne ses crayons au cours de ses pérégrinations. Même s’il ne se déclare pas photographe, cette nouvelle appréhension de l’image l’intrigue, le fascine, lui permettant de capter un instantané de son quotidien, de sa Mauritanie.

 

On reconnaît dans ses clichés le regard d’un artiste, l’œil d’un peintre mis à l’épreuve, mais surtout, "malgré lui" l’œil d’un vrai photographe.

 

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2 février 2011 3 02 /02 /février /2011 17:22

isabel-fiadeiro-1.jpgDepuis sa dernière exposition du 4 juin dernier au Centre Culturel Français de Nouakchott, Isabelle Fiadeiro s’est beaucoup amélioré sur le plan artistique et créatif. Même son français. Et tant mieux pour elle !

 

Le Rénovateur Quotidien : Vous aimez les paysages du désert. Est-ce de l’amour, de l’enchantement ou purement et simplement une échappatoire ?

 

Isabelle Fiadeiro : C’est un refuge en réalité puisque j’aime beaucoup les paysages du désert, du Sahara. Je l’ai découvert, il y a 4 ans ! Je suis fascinée par le Sahara. De temps en temps, je pars en brousse. Je reste un mois dans un village, dans un petit endroit. Tu voyages, tu regardes, tu vois différentes choses. Après tu fais la sélection. Il y a d’autres choses que j’ai vues et que je n’ai pas encore reproduites. Le fleuve par exemple !

 

Le Rénovateur Quotidien : Mohamed, Sidi, Hassane, Husseine…sont des noms qui reviennent dans vos peintures ?

 

Isabelle Fiadeiro : Peut être parce que je passe beaucoup de temps dans le désert. C’est dans le désert que les trois religions divines sont descendues. Ce sont des noms de Prophètes. Il y a un moment que ces gens peut-être ont marché dans le même endroit. A partir de là, on comprend pourquoi les religions sont descendues dans le désert.

 

Le Rénovateur Quotidien : La peinture, est-ce une manière pour vous de restituer ce que vous voyez, entendez ou ressentez lorsque vous êtes dans la nature, le Sahara ?

 

Isabelle Fiadeiro : La peinture fait partie de ma vie. C’est une façon de remettre tout en place peut-être. Je me sens bien lorsque je suis dans le désert entre les populations. J’ai du temps pour dessiner, discuter et faire des choses. C’est très différent de la vie que je menais en Europe très rapide, toujours à courir. Ça te donne du temps pour réfléchir, pour résister.

 

Le Rénovateur Quotidien : Pourquoi ces paysages vous fascinent-ils ?

 

Isabelle Fiadeiro : Je pense que c’est l’immensité. On se rend compte qu’on est insignifiant, qu’on est de petits objets devant un vaste étendu de dunes et de sable.

 

Le Rénovateur Quotidien : Vous peignez grâce à votre imaginaire ou bien ce que vous peignez, c’est quelque chose que vous entendiez, viviez ou voyiez ?

 

Isabelle Fiadeiro : Tous les deux. La peinture a deux phases.  Une première phase où j’essaie de reproduire le réel ou l’autre phase où j’essaie de faire avec l’atmosphère. Les couleurs changent, elles ne sont pas réelles.

 

Le Rénovateur Quotidien : A quoi ressemble la vie sous la Khaima ?

 

Isabelle Fiadeiro : C’est tranquille, je pense. Lorsqu’on est dans un petit village sous un Khaima, il y a tous ces gestes qu’on répète quotidiennement, qu’on refait et qu’on écoute. Un de ses meilleurs souvenirs que je garde c’est le ver de thé à battre sur la table.

 

Le Rénovateur Quotidien : Contrairement à votre dernière exposition, vous vous êtes beaucoup amélioré, vos tableaux sont devenus plus expressifs, mieux relookés. Qu’est-ce qui a changé en vous ?

 

Isabelle Fiadeiro : Je suis dans une recherche permanente. Ce n’est pas encore fini. On continue à travailler pour s’améliorer. Je travaille seule, tous les jours. Mon mari aussi m’aide avec des accrochages par-ci et par-là (confie-t-elle avec un grand et doux sourire qui en dit long). Il me donne l’appui moral pour continuer. Je pense que les admirateurs peuvent voir tout le travail qui a beaucoup évolué.

 

Propos recueillis par Babacar Baye Ndiaye

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2 février 2011 3 02 /02 /février /2011 14:36

Mokhis[2]Qui mieux que Mohamed Ould Sidi Mohamed, plus connu sous le sobriquet de "Mokhis", pouvait démarrer la première exposition des figures historiques ayant amorcé la Mauritanie moderne ? Ce jeudi 24 janvier, au musée national de Nouakchott, cet artiste hors pair, déjà connu de tout le monde, a confirmé une fois de plus tout ce qu’on pense de lui : qu’il est un génie artistique !

 

"C’est l’histoire de la Mauritanie que la nouvelle génération ne connaît pas que j’ai immortalisé". Le dessein est là et cette phrase peut bien résumer succinctement la dévotion dans laquelle Mokhis a voulu entreprendre son vaste projet qui est celui de porter, à travers la peinture, ses "regards sur le passé", un projet qui lui a valu 6 mois de dure labeur, seul dans son atelier de création.

 

Le thème de l’exposition ("Regards sur le passé") dont la cérémonie officielle a été présidée par la secrétaire générale du ministère de la culture et de la communication en présence du secrétaire général de la fondation Khattou Bint Boukhary, de Marième Daddah, de Mamadou Hadiya Kane, directeur de l’office national des musées est à la fois symbolique, pédagogique et culturelle.

 

Culturelle, pédagogique et symbolique parce que cette exposition, la première du genre, a réussi à réunir les plus illustres personnages historiques ayant amorcé la Mauritanie moderne. Des émirs (Abderrahmane Ould Souéid Ahmed) aux hommes politiques( Moctar Ould Daddah) en passant par les marabouts(Baba Ould Cheikh Sidiya) sans oublier les grands chefs de tribus(Mohamed Ould Lab, de la tribu des Oulad Damane), rien n’a été laissé au hasard ni occulté pour trahir la mémoire collective.

 

18 tableaux au total ! 18 regards différents sur le passé ! Chaque tableau est une histoire, une histoire à nous, une histoire qui appartient désormais à la postérité, une histoire à préserver des vicissitudes du temps et de la vie pour rester inaltérable ! Chaque collection est un pan de notre patrimoine, de notre civilisation, de nos vestiges, d’une poignée de personnes qui ont fortement marqué l’histoire de la Mauritanie contemporaine sur le plan religieux, politique et social.

 

Les 18 tableaux n’ont laissé personne indifférente tellement c’est expressif et impressionnant par leur grandeur et leur stature. Tout le monde était là pour découvrir ce patrimoine : les amateurs d’art, les disciples, les autorités et surtout les amis.

 

"C’est joli ! C’est magnifique ! Le ministère (de la culture et de la communication, ndlr) doit acheter toutes les œuvres. Regards sur le passé : c’est un thème très important et très intéressant", confie, l’air ému et la voix étouffée, Khadijétou Mint Ismail, artiste peintre. "Je trouve que c’est vraiment extraordinaire ! C’est ça qui représente notre diversité culturelle, notre héritage, notre histoire et notre mémoire. C’est aussi ça qui fait notre unité nationale et notre richesse", témoigne Mohamed Yahya, cet autre artiste peintre mauritanien plein de fougue.

 

Mokhis n’a pas déçu ses invités et a prouvé qu’il est un artiste de grand talent pour paraphraser madame Marième Daddah qui avait dû mal à retenir son émotion.

 

"Le thème qu’il a choisi n’est pas banal, n’est pas anodin. C’est le thème de la mémoire. La mémoire, nous y sommes tous attachés et nous savons que sans mémoire nous ne construirons pas un avenir digne de ce nom. Tous ces personnages sont émouvants. C’est bien Mokhis d’avoir jeté un lumineux coup de projecteur sur le passé de ceux qui avec leurs faiblesses et leurs défauts d’être des humains ont su au fil des siècles et même des millénaires déposer les strates de l’histoire. C’est là une remarquable contribution aux efforts de tous ceux qui rêvent la Mauritanie de demain faite de mémoire et de créativité."

 

Cet événement artistique a ému plus d’un. Au premier des rangs, le directeur de l’office national des musées, Mamadou Hadiya Kane qui a souligné le génie artistique et l’importance de cette œuvre nationale et citoyenne du peintre.

 

"Au niveau historique, c’est fondamental parce que c’est des personnes qui ont marqué la vie politique de la Mauritanie dont la plupart d’entre eux n’étaient pas bien connus. Ça va être la première fois de voir ces personnes. Au niveau de l’art ou de l’histoire de l’art, c’est un travail extrêmement important parce que d’habitude, c’est des peintres spécialisés dans ce que l’on appelle la peinture historique ou bien spécialisés dans les portraits. Or, Mokhis a réussi la synthèse de tout cela. D’où l’importance. L’autre importance de cette exposition, c’est le mécénat parce que ça a été soutenu par la fondation de la première dame Khattou Bint Boukhary."

 

Cette œuvre monumentale, réalisée à partir de photos, n’est pas encore la propriété du musée national. Tout le monde a souhaité que cette merveille reste au musée national pour que l’ensemble des populations puisse en bénéficier.

 

"On voudrait que ces tableaux restent ensemble pour constituer une étape importante de notre histoire. C’est des tableaux destinés à la vente mais on ne voudrait pas qu’ils soient vendus séparément. Le musée n’a pas malheureusement les moyens de les acheter mais ce qu’on souhaiterait c’est d’avoir une personne, une fondation qui achèterait tous les tableaux et qu’ils restent ensemble", a souligné le directeur de l’Office national des musées.

 

Ayant compris que l’art peut bien jouer un rôle dans la réconciliation nationale, Mokhis vient de réaliser un chef d’œuvre historique en faisant d’une pierre deux coups : laisser un patrimoine aux générations à venir et réussir à réunir dans une exposition de  grandes figures historiques de la Mauritanie moderne.

 

Parallèlement à cette exposition de Mokhis, l’acquisition d’un tableau représentant la mosquée de Chinguity par le musée national a été inaugurée par la secrétaire générale du ministère de la culture et de la communication. Une œuvre de plus pour les collections de notre musée national !

 

Babacar Baye Ndiaye

 

 

 

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24 janvier 2011 1 24 /01 /janvier /2011 22:45

Ibrahima-Fall.JPGJusqu’au 31 janvier 2011, l’artiste plasticien mauritanien Ibrahima Fall exposera ses œuvres dont le vernissage a eu lieu lundi dernier au Centre Culturel Marocain de Nouakchott. Au nombre de 22, la collection des tableaux d’Ibrahima Fall est très célèbre pour ses perspectives plongeantes et cavalières.

 

Tout est coagulé dans ses toiles à tel point qu’on risque de ne pas voir les figures géométriques qui s’entremêlent et dévoilent des motifs complètement design-rythmiques. Sa peinture est toujours restée la même. Cela fait longtemps qu’Ibrahima Fall n’a pas exposé mais sa peinture n’a pas pris de rides ni perdu sa vivacité.

 

Cette fois-ci, dans son exposition, Ibrahima Fall, architecte à ses heures, nous invite dans le labyrinthe de ses tableaux qui portent les traces de ses cours de géométrie et qui permettent d’entrevoir la manière dont il représente les dimensionnements les plus incongrus.

 

Avec une prouesse remarquable, ce vieux zoo de la peinture mauritanienne né à Rosso en Mauritanie en 1960 et qui s’est imposé comme l’une des figures marquantes des arts plastiques promène son pinceau dans le quotidien des mauritaniens, déclenche un mouvement émotionnel, de l’envie.

 

Il se ballade pour apprécier et observer ce qui se déroule sous ses yeux tout en se laissant engloutir par les rayons et les flots de l’actualité dans un délice sur nature. Puis, subitement, Ibrahima Fall jette l’encre et se perd dans le naufrage de la vie et des lamentations.

 

Ibrahima Fall fait partie des premiers artistes qui ont lancé l’art en Mauritanie en compagnie d’autres comme Mokhis et Mamadou Anne. Et, aujourd’hui, il est très enchanté de voir des jeunes mauritaniens s’intéresser de plus en plus à l’art. Chez lui, les thèmes et les couleurs ont le même langage.

 

Certaines œuvres de sa dernière collection montre qu’il ne se contente pas seulement de peindre la vie, le monde, l’humanité à grands traits. La dégradation de l’environnement, l’immigration clandestine, l’esclavage…On voit bien avec quels regards Ibrahima Fall traite l’actualité, prend de vitesse ses contemporains, pousse de loin son sens de l’analyse, de l’observation et sa liberté d’évocation.

 

Ainsi, l’exposition d’Ibrahima Fall donne des idées. Après une longue absence, il veut revenir à ses premières amours et remplir pleinement sa vie d’artiste plasticien qu’il avait presque mis sous scellé. Ibrahima Fall a participé à la réalisation de plusieurs œuvres artistiques comme la fresque destinée à la Présidence de la République de Mauritanie intitulée "Bilad Chinguitt à l’horizon 2000".

 

Babacar Baye Ndiaye pour Cridem

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15 janvier 2011 6 15 /01 /janvier /2011 19:05

perles_rares.jpgIl la caresse du regard, la fait rouler dans sa paume, l’effleure du bout du doigt, puis la suspend dans les airs. « Elle est unique. C’est une daoud de Mauritanie. Elle a plus de 5 000 ans. Avec ses alvéoles et ses couleurs, elle est totalement psychédélique », s’extasie Patrick devant sa pièce préférée.

Intense moment de plaisir qu’il ne partage qu’en de très rares occasions. Ne méritent de poser les yeux sur ses perles que ceux à qui il accorde sa confiance. En général, des passionnés comme lui, qui ne voient pas en elles de simples objets pouvant rapporter de l’argent.

Troc et ornements

Cet après-midi de décembre, c’est sur la petite plage rocailleuse de l’ancienne prison de Gorée – il a grandi et vit depuis toujours sur l’île située au large de Dakar – qu’il reçoit Jeune Afrique. Et expose quelques-unes de ses pièces les plus rares. Ambre, amazonite, turquoise, agate, jaspe bleu… et même des ornements en argent ou en or massif dénichés en Afrique de l’Ouest.

En Mauritanie et au Mali surtout. Mais pas question de photographier « sa daoud ». « Elle est précieuse. Je ne suis pas prêt à la montrer », explique le collectionneur « sénégalais d’origine française » né à Dakar en 1962 de parents français et dont le père a également vu le jour au pays de la Teranga.

Cette pièce de la taille d’une mandarine, Patrick Fievet – ou « Patrick de Gorée » – l’a achetée il y a quelques années auprès d’un de ses amis haoussa. Combien l’a-t-il payée ? « Le prix n’est pas une référence. Il n’y a aucun critère. Tout se passe entre le vendeur et l’acheteur. Et, pour moi, le plus important n’est pas la valeur marchande d’une perle, mais ce qu’elle me raconte. Chacune a une histoire et témoigne de l’évolution de l’humanité. »

Il dit d’ailleurs avoir acquis il y a une quinzaine d’années de l’ambre verte pressée à 30 francs français (4,50 euros) l’unité et en avoir refusé 10 000 francs suisses (7 800 euros) dix ans plus tard car il ne se sépare jamais d’une perle s’il n’en a pas plusieurs exemplaires. Et son plus grand regret reste d’avoir laissé filer il y a vingt ans un jeu de 73 kifas de Mauritanie proposé à 15 000 F CFA (23 euros). De nos jours, la pièce vaut 60 euros !

Encore peu connues il y a une trentaine d’années, les perles et pierres que l’on trouve en Afrique subsaharienne, autrefois utilisées pour le troc et comme ornements, ont en effet pris de la valeur. Car elles sont aussi devenues plus difficiles à trouver. La publication de plusieurs ouvrages spécialisés aurait suscité l’intérêt de nouveaux collectionneurs, qui se retrouvent désormais dans des ventes aux enchères en Europe, aux États-Unis et en Asie.

« Chercheur autodidacte »

Patrick de Gorée, lui, les cherche le plus souvent sur le terrain, mais il n’en dit pas beaucoup sur ses « fournisseurs », qui sont parfois de simples compagnons de route arborant de jolies parures. Deux ou trois fois par an, il parcourt les marchés de la sous-région à bord de taxis-brousse. Sa collection compte, selon lui, des millions de pièces trouvées, achetées ou troquées depuis son adolescence.

L’on y trouve des pièces qui servaient de contrepoids pour maintenir perruques et autres coiffes. Mais aussi des millefiori (perles de Venise) qui ont été offertes à certains chefs africains en échange d’esclaves lors de la traite. Ces perles, façonnées dans de la pâte de verre et produites en grande quantité en Italie à partir du XVe siècle, étaient déjà connues des Égyptiens.

Celui qui fut à ses débuts créateur de bijoux se définit comme un « chercheur autodidacte ». Aujourd’hui, son plus grand rêve est d’ouvrir à Gorée un musée des perles pour « montrer de façon exhaustive tout ce qui a pu exister en Afrique de l’Ouest, qu’il s’agisse de pièces faites sur place ou venues d’ailleurs ». Un projet qu’il mûrit depuis vingt-cinq ans, mais qui, selon lui a du mal à voir le jour en raison de difficultés familiales qui l’ont laissé sur le carreau… En attendant, il continue de cacher ses « merveilles ».

Par Cécile Sow, à Gorée
Source: Jeune Afrique

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